Son annonce répond aux nouvelles preuves obtenues par Corporate Watch selon lesquelles EDOM Royaume-Uni, société israélienne (malgré son nom trompeur), conditionne les tomates cerises dans la colonie israélienne de Beit Ha’arava, dans la vallée du Jourdain occupée.
Les produits EDOM sont vendus dans les magasins de la chaîne Sainsburys au Royaum-Uni.
Dès 2010, Corporate Watch a exhorté Russo à se défaire de ses actions. Nous écrivions :
« Conserver des actions dans EDOM, c’est ne pas prendre en compte la souffrance de ceux qui ont vécu toute leur vie sous l’apartheid et l’occupation israéliens. La seule façon de rester éthique dans ce contexte est de se retirer. »
Russo, qui est également directeur de la société britannique Valley Grown Salads (VGS), a pris les « engagements » suivants le 7 février 2013 :
1 – « Je vais confirmer que je démissionnerai de la présidence de la société (EDOM) avec effet immédiat, car je ne veux pas que mon entreprise VGS subisse ce harcèlement permanent chaque année et soit impliquée dans des situations politiques qui sont totalement hors de mon contrôle.
2 – « Je vais chercher activement à vendre mes 20 % d’actions dans la société, car si l’on a plus d’ennuis sans avoir de satisfaction, ça ne vaut pas la peine de poursuivre. »
Russo confirme que VGS ne s’approvisionnera pas en Cisjordanie à l’avenir, mais il dit que la société continuera à se fournir auprès d’EDOM et des autres sociétés israéliennes.
Russo a également promis de répondre aux questions posées à VGS par Corporate Watch et d’autres médias.
Corporate Watch a contacté EDOM mais il n’y a pas eu de réaction.
Le 4 février 2013, les enquêteurs de Corporate Watch se sont rendus à Beit Ha’arava et sont entrés dans la station fruitière où les tomates cerises étaient conditionnées. La plus grande partie de la station fruitière était occupée par des emballages de tomates EDOM Royaume-Uni. Les tomates étaient étiquetées « Produits frais de qualité : Israël », alors que Beit Ha’arava est une colonie en Cisjordanie.
Corporate Watch a contacté Jimmy Russo le 7 février et lui a demandé, « Est-ce que EDOM/VGS s’approvisionne en produits venant des colonies israéliennes dans la vallée du Jourdain ? », et a souligné que la société avait promis en 2010 de ne plus traiter avec les colonies.
Russo a répondu :
« S’agissant des produits de la vallée du Jourdain et conformément aux directives de l’Union européenne, la société EDOM se fournit de produits venant de la vallée du Jourdain. J’estime que 2 % des produits EDOM proviennent de cette région, principalement des tomates cerises. Je peux CONFIRMER que VGS ne prend aucune tomate d’Edom ou d’Israël. »
« Je peux aussi confirmer que VGS détient 20 % du capital de la société (EDOM) qui a été fondée en 2003 comme intermédiaire pour fournir les produits d’Israël à un moment où l’industrie connaissait des problèmes chimiques en Espagne. La société a connu un grand succès avec la majorité de ses produits entrant en Russie ».
Corporate Watch a ensuite interrogé Russo sur les mesures que prend la société pour s’assurer que les produits sont étiquetés correctement. Russo a répondu :
« En ce qui concerne l’étiquetage des produits venant de Cisjordanie, j’estime que ceci rentre dans le cadre de la directive DEFRA/UE, et parce que le produit s’en va en Russie, cela ne relève pas de la compétence du DEFRA/EU. » (Département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales ou DEFRA est un département exécutif du gouvernement britannique en charge de la environnement et de l’agriculture).
« S’agissant du statut professionnel des produits d’Israël relevant de l’accord d’association (sic) UE/Israël, je ne suis au courant d’aucun avantage que ce soit. Pour information, le directeur général m’a assuré que tous les produits venant de cette zone étaient soumis à une étiquetage conforme aux directives données ».
C’est le travail du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions de s’assurer que Russo et VGS respectent fidèlement leurs engagements à se désinvestir d’EDOM.
En exportant depuis la vallée du Jourdain occupée, EDOM tire profit de l’exploitation d’une main-d’œuvre captive vivant sous occupation, et d’une expansion des colonies qui est facilité par la démolition de maisons et le nettoyage ethnique des communautés palestiniennes.
En outre, il est impératif que le mouvement continue de cibler EDOM et ses autres investisseurs. Russo a confirmé que ceux-ci étaient : Magnolia UK Holdings pour 30 %, Chosen Agricultural Products pour 30 %, et Glinwell pour 20 % (fournisseurs de Tesco).
Enfin, il est important de maintenir la pression sur VGS pour faire cesser son approvisionnement auprès des sociétés israéliennes comme EDOM qui prennent leurs produits dans les colonies illégales. Tout approvisionnement de marchandises auprès d’EDOM, que ce soit des produits d’Israël de 1948 ou de Cisjordanie, vient soutenir les colonies, comme celles de Tomer et Beit Ha’arava où la société continue de fonctionner. Ces colonies tirent des profits du travail fourni par une main-d’œuvre palestinienne captive, qui vit sous occupation.
8 février 2013 – Corporate Watch – traduction : JPP