L’été dernier, la compagnie de glaces Ben & Jerry’s a annoncé sa décision de mettre fin au commerce avec les colonies dans le territoire palestinien occupé par Israël, en harmonie avec les valeurs progressistes de la compagnie. Les Palestiniens et le mouvement de solidarité avec la Palestine aux Etats-Unis ont salué cette annonce et ils ont défendu la décision de principe de Ben & Jerry’s contre la féroce contre-attaque juridique et politique menée par l’Israël de l’apartheid et ses groupes de pression aux Etats-Unis contre la compagnie et sa maison mère, Unilever.
Les colonies d’Israël en territoire palestinien occupé – et sur les Hauteurs du Golan en Syrie occupée – sont considérées un crime de guerre selon le droit international. L’Israël de l’apartheid conçoit et utilise ces colonies pour voler les terres palestiniennes les plus fertiles et les meilleurs aquifères en territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, étranglant des millions de Palestiniens dans des enclaves sans cesse rétrécies et les privant de leurs droits humains de base. Des familles palestiniens vivent dans la peur de la violence quotidienne tant des forces d’occupation d’Israël que des colons, comme l’a montré la principale organisation des droits humains d’Israël, B’Tselem :
« La violence des colons contre les Palestiniens fait partie de la stratégie employée par le régime d’apartheid d’Israël, qui cherche à s’emparer de plus en plus de territoire en Cisjordanie. L’Etat soutient pleinement et aide ces actes de violence, et ses agents y participent parfois directement. »
Aucune entreprise ne devrait soutenir cette oppression raciste, ni en tirer profit. Nous saluons la décision du Conseil de direction de Ben & Jerry’s de prendre ses distances et d’appeler Unilever à respecter cette décision, au lieu de s’incliner devant la pression et les menaces d’Israël.
Au lieu de cela, le PDG d’Unilever a affirmé que Ben & Jerry’s explore « un nouvel arrangement » pour vendre de la glace en Israël, sans offrir aucune preuve d’un tel arrangement. Le Conseil indépendant de Ben & Jerry’s n’a pas non plus exprimé l’intention d’en adopter un. Le PDG a aussi dit : « Sur des sujets sur lesquels les marques d’Unilever n’ont ni expertise, ni crédibilité, nous pensons qu’il est préférable qu’elles restent en dehors du débat », impliquant que la légalité de faire des affaires avec les colonies illégales d’Israël est d’une certaine manière sujet à débat et réprimandant de fait le Conseil indépendant de Ben & Jerry’s pour oser se mettre du côté du droit international des principes basiques des droits humains. Unilever essaie donc d’intimider le Conseil indépendant de Ben & Jerry’s pour qu’ils maintiennent leur « business as usual » avec Israël, qui par nécessité inclut la vente aux colonies illégales, selon la licence israélienne de la compagnie.
Ce n’est pas une coïncidence si cette dernière tentative d’Unilever pour apaiser l’Etat d’apartheid est faite juste après un nouveau rapport révolutionnaire d’Amnesty International, documentant en détail et méticuleusement le régime d’apartheid d’Israël contre les Palestiniens et appelant à des efforts mondiaux pour le démanteler. L’apartheid est universellement reconnu comme un crime contre l’humanité. Amnesty a spécifiquement appelé les compagnies à cesser leur commerce avec Israël lorsque ce commerce « contribue au système d’apartheid ou en tire profit ».
Le rapport d’Amnesty, qui révèle comment Israël traite tous les Palestiniens comme un « groupe racial inférieur », a provoqué la panique d’Israël et l’a poussé à essayer de l’étouffer avant publication. Il suit des rapports similaires d’Human Rights Watch et de B’Tselem, rappelant de façon cumulative à Israël et aux compagnies complices de son système d’oppression le sort de l’apartheid en Afrique du Sud.
Lorsque les campagnes de boycott anti-apartheid et de désinvestissement sont devenues plus effectives dans les années 1980, de grandes compagnies ont abandonné l’Afrique du Sud de l’apartheid. Le gouvernement d’extrême-droite d’Israël, dirigé par un ancien chef fanatique de colons, s’inquiète maintenant de ce que la décision éthiquement louable de Ben & Jerry’s n’incite d’autres compagnies à suivre son exemple.
De plus en plus de gens croient qu’il est important que les entreprises qu’ils soutiennent partagent leurs valeurs et mettent leurs valeurs en pratique dans leurs commerces. Malgré les menaces et les diffamations d’Israël et de ses défenseurs anti-palestiniens aux Etats-Unis, les ventes et les profits de Ben & Jerry’s ont augmenté depuis sa décision courageuse et digne de louanges de renoncer à faire des affaires dans les colonies illégales d’Israël. C’était la marque leader pour la glace aux Etats-Unis en 2021.
Comme nous l’avons appris de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, il n’est pas tenable de faire des affaires avec un Etat d’apartheid sans contribuer à maintenir le régime d’apartheid et à en bénéficier. Toute tentative d’Unilever pour renverser la décision de Ben & Jerry’s serait donc immorale et illégale. Elle déclencherait probablement aussi un boycott de masse dans le monde entier contre Unilever et ses nombreuses marques. Unilever a une chance de faire ce qui est bien et d’être du bon côté de l’histoire : contre l’oppression raciale et avec la liberté, la justice et l’égalité.
Signataires :
- Jewish Voice for Peace
- Movement for Black Lives (M4BL)
- Israel/Palestine Mission Network of the Presbyterian Church (USA)
- United Methodists for Kairos Response (UMKR)
- Unitarian Universalists for Justice in the Middle East
- Friends of Sabeel North America (FOSNA)
- US Campaign for Palestinian Rights (USCPR)
- Palestine Legal
- National Students for Justice in Palestine (NSJP)
- Adalah Justice Project
- Vermonters for Justice in Palestine
- Jewish Voice for Peace VT-NH (Vermont-New Hampshire)
- Episcopal Peace Fellowship-Palestine Israel Network (EPF PIN)
- American Friends Service Committee (AFSC)
- BDS Movement