La compagnie israélienne Mekorot fournit de l’eau à la population israélienne ainsi qu’aux colonies établies en Cisjordanie.
Le groupe est accusé dans les médias néerlandais d’établir une discrimination vis-à-vis des Palestiniens dans l’accès à l’eau.
Photo: AFP
La Haye
Le géant néerlandais de l’eau potable Vitens a arrêté sa collaboration avec la compagnie israélienne de distribution d’eau Mekorot en raison du «contexte politique», a-t-on appris mercredi auprès de Vitens.
Israël a critiqué la décision du groupe néerlandais, motivée selon lui par les activités de Mekorot en Cisjordanie occupée, notamment dans la vallée du Jourdain.
« Vitens a informé Mekorot de sa décision de mettre fin à leur collaboration », a indiqué Vitens dans un communiqué, expliquant être arrivé à « la conclusion qu’il était extrêmement difficile de travailler ensemble sur de futurs projets car ils ne peuvent être perçus séparément du contexte politique ». « Vitens attache beaucoup d’importance à l’intégrité et adhère aux lois et réglementations nationales et internationales », a ajouté la société, se retenant toutefois d’en dire plus sur ce « contexte politique ».
Mekorot fournit de l’eau à la population israélienne ainsi qu’aux colonies établies en Cisjordanie. Le groupe avait été récemment accusé dans les médias néerlandais d’établir une discrimination vis-à-vis des Palestiniens dans l’accès à l’eau. Selon la Banque mondiale, un tiers des localités palestiniennes ne sont pas reliées au réseau et Israël prélèverait jusqu’à 1,8 fois la part d’eau qui lui revient selon les accords d’Oslo II, en 1995.
En Israël, le vice-ministre des Affaires étrangères, Zeev Elkin, a assuré avoir été « pris de court » par la décision de Vitens. « D’autres sociétés européennes ont pris des décisions semblables ces derniers mois » de mettre fin à leur coopération avec des entreprises ayant des activités en Cisjordanie, a-t-il souligné sur la radio militaire israélienne.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor a qualifié de « totalement absurde » la décision de Vitens. « Ce groupe néerlandais boycotte Mekorot au moment où la Banque mondiale a décidé d’associer cette compagnie israélienne à un projet de coopération régionale avec les Palestiniens et les Jordaniens », a-t-il souligné.
Un accord a été signé lundi au siège de la Banque mondiale à Washington entre représentants d’Israël, de Jordanie et de l’Autorité palestinienne pour améliorer la répartition des ressources en eau. Il prévoit notamment qu’Israël vende à l’Autorité palestinienne «20 à 30 millions de mètres cubes» supplémentaires d’eau dessalée par an fournie par Mekorot.
Selon M. Palmor, la campagne de boycottage des produits des colonies israélienne n’est « le fait que de quelques organisations pro-palestiniennes alors que tous les gouvernements européens rejettent ce genre d’appel ».
Le représentant de l’Union européenne (UE) pour le processus de paix Andreas Reinicke avait au contraire indiqué le 3 décembre que la campagne pour un étiquetage distinctif des produits des colonies était désormais soutenue par la majorité des 27, contre seulement deux il y a deux ans, prévenant qu’elle continuerait à gagner du terrain en cas d’échec des négociations de paix. L’UE a adopté en juillet des «lignes directrices» qui entreront en vigueur au 1er janvier excluant de sa coopération les institutions et entreprises israéliennes ayant des activités dans les territoires occupés palestiniens et syrien.
Le groupe néerlandais, qui emploie plus de 1.400 personnes, a assuré que sa décision avait été prise en consultation avec « les parties concernées », dont le ministère néerlandais des Affaires étrangères.
Une visite de la ministre néerlandaise du Commerce et de la Coopération étrangère Lilianne Ploumen aux bureaux de Mekorot avait été annulée à la dernière minute le week-end dernier lors d’une visite officielle en Israël du Premier ministre Mark Rutte, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement. Lors de cette visite, un vif différend avait éclaté entre Israël et les Pays-Bas à propos de l’installation d’un scanner néerlandais à la frontière avec la bande de Gaza.