LE PLUS. Ils sont 110 dessinateurs à avoir cosigné une lettre demandant au directeur de Festival d’Angoulême de rompre les liens de l’événement avec la société israélienne Sodastream. En raison de l’implantation d’une usine en territoire occupé, ils réclament que le FIBD ne participe pas « à la politique de l’État israélien ». Pour le comité des dessinateurs, Ethan Heitner (New-York) et Dror (Paris) réagissent.
Édité par Henri Rouillier
Des visiteurs du 41e Festival international de la BD à Angoulême, le 3 mars 2014 (J.-M. NOSSANT/SIPA).
Alors que le 42e Festival international de bande dessinée débute à Angoulême, la lettre ouverte que nous avons adressée à son directeur pour demander l’abandon de tous liens avec la société israélienne Sodastream a recueilli plus de 110 signatures, dont celles de 14 dessinateurs ayant reçu des prix à Angoulême et 7 titulaires du Grand Prix (liste régulièrement mise à jour ici).
Les signatures continuent d’affluer, de dessinateurs outrés du mépris que Franck Bondoux affiche à leur égard. En effet, plusieurs d’entre eux n’avaient pas jugé utile de signer cette lettre, pensant que celle de l’an dernier tiendrait lieu d’avertissement, alors que Monsieur Bondoux pouvait encore jouer la naïveté.
Sodastream est toujours sponsor du FIBD
Cette année, ils ne peuvent pas accepter que la bande dessinée soit utilisée en toute connaissance de cause pour blanchir des crimes de colonisation et la complicité de crimes de guerre, ni à Angoulême, ni ailleurs.
L’an dernier Franck Bondoux avait mis en doute la véracité de nos informations, affirmant que l’usine de Sodastream ne se trouvait pas dans les territoires occupés militairement par Israël depuis 1967. Cette année, toute honte bue, il affirme dans le journal « Sud Ouest » (le 23 janvier 2015) que « la société Sodastream a annoncé courant 2014 que l’usine incriminée serait déplacée. Ce qui posait problème est en passe de se résoudre ».
En premier lieu, l’usine n’a pas encore été déplacée, et Sodastream est toujours sponsor du FIBD. En deuxième lieu, le « problème » n’est pas en passe de se résoudre puisque cela fait 67 ans que les Palestiniens attendent une solution. Enfin, les dessinateurs ne sauraient accepter que la bande dessinée soit utilisée par une entreprise qui, par ailleurs, profite de l’expulsion des bédouins palestiniens pour installer sa nouvelle usine, et participe ainsi à la politique de nettoyage ethnique entreprise par l’Etat israélien.
L’entreprise n’a pas sa place au festival
Franck Bondoux ajoute que « dans le temps de l’actualité où nous sommes, [il n’est] pas certain que ces propos aussi poussés soient les bienvenus ». Nous lui suggérons d’en parler à Willem, rescapé de « Charlie Hebdo », président du Jury d’Angoulême l’an dernier, Grand Prix l’année d’avant, et signataire de la lettre.
Nous lui suggérons par ailleurs, et c’est la moindre des choses, qu’il en parle également aux artistes à qui son propre festival a décerné des prix, et en particulier le Grand Prix (Baru, Jean-Claude Mézières, José Muñoz, François Schuiten, Tardi, Lewis Trondheim, Willem…). Ce sont eux, plus que Franck Bondoux, qui font ce festival. Ils doivent être entendus, et l’entreprise Sodastream doit être chassée du FIBD d’Angoulême.
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