Pas en notre nom : appel d’artistes, de responsables de structures culturelles, de spectateurs, solidaires du peuple palestinien
A l’occasion de « Marseille capitale européenne de la culture 2013 », le Consulat d’Israël à Marseille a organisé la venue de nombreux artistes pour une quarantaine de rendez-vous appelés « Israël en scène 2013 ». Il ne s’agit pas de simples événements artistiques et culturels, mais d’une véritable opération de propagande destinée à « changer l’image d’Israël » dans l’opinion française, directement organisée par le gouvernement israélien. Les artistes ainsi instrumentalisés ne peuvent l’ignorer.
Israël n’est pas un « état comme les autres ». Il viole quotidiennement le droit international par l’occupation et la colonisation de territoires, il maintient un blocus illégal sur Gaza, privant ainsi toute une population de vivres et de matériel médical, il continue chaque jour à expulser, emprisonner, à détruire des maisons de familles palestiniennes. Depuis la récente reconnaissance de la Palestine comme État observateur à l’ONU, le gouvernement israélien a riposté en engageant la construction de plus de 2 600 logements illégaux supplémentaires dans les colonies de Jérusalem-Est. En Cisjordanie, plus de 600 check-points privent les Palestiniens de leur liberté de circulation, rendant leur accès à l’eau, à l’éducation, à la santé ou au travail dépendant de l’arbitraire militaire. Il s’obstine à refuser le retour des familles des 750 000 Palestiniens expulsés de leur pays en 1948 et maintient en prison des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants en violation totale du droit international.
Nous appelons tous les artistes participant à Marseille 2013 à ne pas cautionner cette opération. Nous appelons tous les visiteurs de Marseille capitale européenne de la culture à boycotter les événements et artistes labellisés « Israël en scène 2013 ». Nous dénonçons la collaboration de Marseille-Provence 2013 avec l’État d’Israël. Nous refusons de cautionner des événements culturels sponsorisés par l’État d’Israël, comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid!
De nombreuses personnalités artistiques ont déjà choisi de ne pas se produire en Israël tant que cet État ne changera pas sa politique. Récemment les groupes Portico Quartet et Tuba Skinny, les pianistes Jason Moran et Eddie Palmieri, ont annulé leur participation au festival de jazz d’Eilat. Parmi les autres artistes qui ont annulé leurs prestations artistiques dans différentes villes israéliennes, on compte également Cassandra Wilson, Natacha Atlas, Cat Power, Jello Biafra, Lhasa, Gilles Vigneault, Roger Waters, Elvis Costello, Carlos Santana, Annie Lennox, Vanessa Paradis, Gil Scott-Heron, Les Pixies ou Massive Attack. Ken Loach a déclaré qu’il refuserait « n’importe quelle invitation au festival de films de Haïfa ou à d’autres occasions identiques ». Comme lui nous soutenons « l’appel lancé par les réalisateurs de film, les artistes palestiniens et d’autres pour boycotter les événements culturels israéliens financés par l’État et inviter d’autres artistes à se joindre à leur campagne. »
L’art c’est la vie. A ceux qui disent « Ne mélangeons pas la culture et la politique », nous répondons que la culture du politique – et la politique de la culture – ne doivent pas servir à « blanchir » la colonisation et son cortège d’exactions.
Marseille le 4 mars 2013
Premiers signataires:
Bénédicte Adessi, artiste plasticienne, Marseille; Alain Castan, responsable éditions, Marseille ; Laurent Cauwet, responsable éditorial, Marseille ; Martine Derain, artiste, Marseille ; Claude Hirsh, réalisateur, Marseille ; Dalila Mahdjoub, artiste plasticienne, Marseille ; Naïk M’Sili, direc trice culturelle, Marseille ; Marc Mercier, critique et directeur artistique, Marseille ; Muriel Modr, artiste plasticienne, Marseille ; Paul-Emmanuel Odin, critique et programmateur artistique, Marseille…
http://fra.babelmed.net/cultura-e-societa/102-francia/13266-pas-en-notre-nom.html