Le pinkwashing (« lavage en rose ») est une stratégie politique utilisée entre autre par l’État d’Israël.
Il a pour but de mettre en avant son traitement soit disant exemplaire des LGBTI afin de se faire passer pour tolérant et progressiste, tout en passant sous silence la guerre et les atteintes aux droits humains.
Par cette stratégie, Israël cherche à détourner l’attention sur la domination coloniale des Palestinen-ne-s et le régime d’apartheid (attaques récurrentes des territoires palestiniens, Gaza sous embargo, continuité de la colonisation, bombardements des populations, emprisonnements massifs, atteintes aux droits élémentaires, …).
Israël se veut un pays gayfriendly pour les gays riches occidentaux. Mais la promotion d’un « paradis gay » est en décalage avec les réalités des minorités sexuelles en Israël où, en dehors de « la bulle Tel-Aviv », l’homophobie (notamment religieuse) persiste.
L’armée de Tsahal, une des armées les plus puissantes du monde, se revendique gayfriendly, veganfriendly, … voulant nous faire oublier qu’elle massacre des gens chaque jour.
Il y a deux semaines, le lundi 14 mai, des soldats israéliens ont assassiné 60 manifestant-e-s de la bande de Gaza et en ont blessé plus de 2700 qui protestaient contre l’inauguration de l’ambassade états-unienne à Jérusalem.
Contrairement à ce qu’Israël proclame, l’État refuse d’accorder la protection internationale et des permis de séjours aux LGBTI palestinien-ne-s qui viennent demander l’asile.
Les LGBTI palestinien-ne-s sont des cibles de choix pour les services secrets israéliens, pour les faire chanter et en faire des informateur-ice-s.
Israël enseigne à ses soldats comment exploiter les cas d’homosexualité ou de bisexualité.
« Nous ne pouvons pas exiger des droits des homosexuelslà où les droits fondamentaux des individus sont absents »Georges AZZI, membre de Helem, association LGBT Libanaise dénonçant le pinkwashing.
Nous luttons contre le régime colonial d’Israël et contre le soutien des pays occidentaux (notamment la fRance) à ce régime.
Nous refusons que nos luttes, nos identités et nos vies soient utilisées pour justifier des guerres et la domination d’autres personnes. En fRance (et en europe), pendant que l’État s’affiche comme défenseur des droits des personnes LGBTI ou des femmes, il diffuse une propagande islamophobe, refuse les droits de base aux personnes exilées et mène des politiques migratoires meurtrières et racistes.
Pas de guerre en notre nom !
Contre le pinkwashing
et en solidarité avec le peuple palestinien !
Le 26 mai 2018, au début de la marche des fiertés, un char commercial appartenant au bar le Vocalise (1 rue Pierre Arthaud, Grenoble) diffusait sur écran géant et en boucle des vidéos promotionnelles d’un festival à Tel Aviv.
Des camarades sont allé-e-s discuter avec les personnes du char pour leur parler du pinkwashing, de la propagande d’Israël, et du fait que passer ce genre de vidéos n’est pas anodin. Ce à quoi à été répondu que : « C’est trop bien Tel Aviv », « J’ai passé les meilleures vacances de ma vie et je fais pas de politique »,….
Les vidéos ont continué d’être diffusées tout au long de la marche.
À la fin de la marche, des camarades sont allé-e-s éteindre l’écran pour en finir avec cette propagande.
Les vigiles du bar puis ceux de la marche et le staff sont arrivés en nombre pour « protéger » le char et ont rapidement commencé à taper tout le monde. Dans le même temps, on a pu entendre « Vive Tel Aviv » parmi l’équipe du Vocalise.
Ils ont vite appelé les flics à la rescousse qui ont immédiatement gazé, cogné, traîné par les cheveux, étranglé, et matraqué des personnes. Une camarade a été arrêtée et menottée au milieu de la foule sur dénonciation des organisateur-ice-s.
Elle a été emmenée en garde-à-vue 20 heures pour « dégradation et violence en réunion » et est sortie le lendemain avec un rappel à la loi.
Pendant tout ce temps, beaucoup de gens continuaient à faire la fête comme si de rien n’était.
Comme beaucoup de gens n’avaient pas compris ou pas vu les actions qui venaient d’avoir lieu, des personnes ont pris la parole pour expliquer la situation. Il a été difficile d’y parvenir et quand enfin cela a pu être possible, un char commercial n’a pas hésité à monter le volume de la musique, tentant d’empêcher la prise de parole publique, et engageant la fête à continuer dans la plus grande indifférence.
Les vigiles et le staff ont joué le rôle des flics du début à la fin, avec une nervosité et une toute puissance digne des services d’ordre et des milices privées. De tout évidence, ces organisations sont là pour défendre avant tout les intérêts de bars capitalistes et non l’intégrité des personnes présentes dans la marche.
Rien d’étonnant, ça fait longtemps qu’a été oublié d’où venaient les prides.
Pour rappel historique : en juin 1969, ce sont les émeutes de Stonewall Inn qui sont à l’origine des marches des fiertés. Elles ont été déclenchées par une énième descente de flics dans ce bar new-yorkais. S’en sont suivies plusieurs nuits d’émeutes où des putes, des trans’, des dragqueens, des gouines et des pédés se sont battu-e-s contre les flics.
Alors : flics, fachos, hors de nos prides !
Nos luttes ne s’arrêtent pas à nos identités.
Nous continuerons à être des « troubles-fête » tant que les prides continueront à se vouloir apolitiques.
Tant que l’émancipation des LGBTI occidentaux continuera à se mesurer en nombre de chars commerciaux présents aux marches des fiertés.
Tant que la propagande coloniale continuera à y être exhibée.
Transpédégouines contre le pinkwashing,
en soutien à la Palestine.