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16/10/11

Occuper Wall Street, pas la Palestine !

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 du Secrétariat du Comité national palestinien du BDS
le 14 octobre 2011

Nous, Palestiniens, faisons partie des 99 % du monde qui aspirent à la liberté, à la justice et à l’égalité des droits !

« Lorsqu’un jour le peuple veut vivre,
Force est pour le destin de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper,
Force est pour les chaînes de se briser. »
poème La Volonté de vivre
Abou-Al-Kacem El-Chebbi (Tunisie)

 

Le Comité national palestinien (BNC) de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), la plus importante coalition de la société civile palestinienne luttant pour les droits palestiniens, est fier de se tenir solidaire avec le mouvement qui lutte pour un monde nouveau fondé sur la démocratie, les droits humains et la justice économique. De New York à Athènes, de Madrid à Santiago, de Bahreïn à Rome, ces immenses mobilisations nous rappellent de façon ô combien utile ce que les Palestiniens ont toujours su : que cet autre monde, monde respectueux de la dignité, est possible et que les simples citoyens peuvent le créer.

Nos aspirations se recouvrent ; nos luttes convergent. Nos oppresseurs, qu’il s’agisse des sociétés avides ou des occupations militaires, s’entendent pour profiter des guerres, du pillage, de la destruction de l’environnement, de la répression et de l’appauvrissement. Nous devons nous rassembler dans notre quête commune de libertés, d’égalité des droits, de justice sociale et économique, d’équilibre environnemental, et d’une paix mondiale. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être fragmentés et divisés ; nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer les obligations qui sont les nôtres de nous tenir la main dans notre combat contre les guerres et l’exploitation des entreprises, pour une communauté mondiale humaine et fraternelle, pas pour une jungle qui maximalise les profits.

Le mouvement Occuper Wall Street et ses équivalents dans tous les États-Unis, l’Europe, l’Amérique latine et ailleurs sont – au moins en partie – inspirés par le Printemps arabe pour la démocratie et la justice sociale. Les leaders des révoltes populaires arabes nous disent à tour de rôle avoir été largement inspirés par notre propre combat de plusieurs décennies contre l’occupation de notre terre par Israël, contre son système de discrimination qui entre dans la définition que donnent les Nations-Unies de l’apartheid, et contre son déni du droit des réfugiés palestiniens à revenir chez eux. 

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Le mouvement montant pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre Israël jusqu’à ce que cet État se conforme au droit international est un élément clé et efficace de la lutte palestinienne. Ancré dans les principes universels des droits humains et luttant pour la liberté, la justice et l’égalité, le mouvement BDS, créé en 2005, est profondément enraciné dans des décennies de résistance pacifique palestinienne à l’oppression coloniale, et s’est inspiré des luttes contre l’apartheid en Afrique du Sud et du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis. Il est adopté par un quasi-consensus des Palestiniens où qu’ils se trouvent dans le monde, avec tous les principaux partis politiques, syndicats, associations professionnelles, unions pour les femmes, organisations d’étudiants, réseaux d’ONG et réseaux de soutien aux réfugiés, lesquels sont représentés au BNC qui est la référence pour ce mouvement grandissant visant à mettre fin à l’impunité israélienne.

 De l’argent pour l’emploi, la santé et l’enseignement, pas pour l’oppression raciste et l’occupation !

Le mouvement BDS sous l’égide palestinienne est un effort mondial commun d’organisations, de l’Afrique du Sud à la Grande-Bretagne, du Canada à l’Inde, et même de l’intérieur d’Israël, tous engagés pour mettre un terme au déni par Israël des droits fondamentaux des Palestiniens. Le mouvement est approuvé par des personnalités morales marquantes du calibre de l’archevêque Desmond Tutu et du survivant de l’Holocauste et co-auteur de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, Stéphane Hessel. Il est soutenu par des figures culturelles et intellectuelles renommées, tels qu’Alice Walker, Naomi Klein, Roger Waters, Judith Butler, Sarah Schulman, John Berger, Ken Loach, John Greyson, et Adrienne Rich. Des confédérations syndicales de masse comme COSATU (Afrique du Sud), CUT (Brésil), TUC (Royaume-Uni), ICTU (Irlande), et parmi bien d’autres, ont déjà adopté BDS.

Le mouvement a engrangé ces deux dernières années des succès spectaculaires quand des artistes et des groupes musicaux de renom international ont pris en compte le boycott culturel d’Israël et ont refusé de se produire, ou ont annulé les représentations programmées. Parmi eux, les Pixies, Elvis Costello, Snooop Dogg, Meg Ryan, Vanessa Paradis, Gil Scott-Heron, et bien d’autres encore. Les fonds de pension de l’État de Norvège, entre autres, des grandes banques européennes et certaines sociétés ont été convaincus de se retirer des affaires impliquées dans les violations israéliennes du droit international. De plus en plus, BDS est reconnu comme un mouvement civique capable de mettre fin à l’impunité israélienne et, ce qui est décisif, comme contribuant à la lutte mondiale contre les va-t-en-guerre, contre l’agenda raciste dans lequel Israël a constamment joué un rôle clé.

Donc, alors que vous brisez vos propres chaînes et construisez votre propre résistance agissante contre la tyrannie des sociétés, nous vous demandons d’exiger une paix juste pour tous les peuples du Moyen-Orient, une paix basée sur le droit international et l’égalité des droits humains. Les Palestiniens, aussi, font partie des 99 % du monde qui souffrent aux mains du 1 % dont l’avidité et la recherche impitoyable d’hégémonie ont conduit à une souffrance indicible et à une guerre sans fin. Le pouvoir des entreprises n’a pas seulement profité de notre souffrance, mais il a collaboré au maintien de l’occupation et de l’apartheid israéliens pour perpétuer un ordre injuste qui profite aux grands groupes pétroliers et militaires et aux institutions financières multinationales.

Nous appelons tous les mouvements sociaux de par le monde à réfléchir de façon critique sur leur attitude envers les manifestations en Israël « pour la justice sociale » qui ont presque complètement fait fi de la question clé au cœur de tous les problèmes auxquels sont confrontés tous les Palestiniens, et même les Israéliens : le système dispendieux de l’occupation, du colonialisme et de l’apartheid d’Israël contre le peuple palestinien. Sans mettre un terme au système de l’oppression israélienne à tous ses niveaux, notre région tout entière ne pourra jamais jouir d’une paix globale et durable, une paix fondée sur la justice et les droits humains.

Rien de cela n’est nulle part ailleurs plus important qu’aux États-Unis. Malgré le déni persistant d’Israël des droits palestiniens, les USA ont fourni à Israël un appui politique et militaire inconditionnel qui participe directement à ce déni des droits palestiniens, mais aussi au problème posés aux simples citoyens des États-Unis. Les 24 milliards de dollars d’aides militaires fournies à Israël entre 2000 et 2009 n’auraient-ils pas été mieux utilisés en étant dépensés pour les écoles, la santé et tous les autres services essentiels ? Israël n’a-t-il pas joué un rôle majeur en poussant les États-Unis à s’engager et à poursuivre leurs guerres en Iraq et en Afghanistan, avec un coût humain et matériel énorme, principalement supporté par les plus pauvres de ces pays ?

Mais nous devons nous rappeler, tout le temps, que cette lutte, notre lutte, ne sera jamais facile, et qu’atteindre nos objectifs n’est jamais inéluctable. Comme Martin Luther King l’a dit autrefois :
« Le changement n’avance pas sur les roues de la fatalité, mais il vient par une lutte continue. Et ainsi il nous faut redresser l’échine et travailler à notre liberté. Un homme ne peut vous dominer à moins que vous n’ayez courbé l’échine ».

Les scènes rafraîchissantes de ces manifestations pacifiques déterminées pour la justice à travers le monde nous disent que nous, les 99 % du monde, sommes dans un processus où nous redressons l’échine, collectivement, avec un courage inébranlable et un espoir sans bornes.

Diffusé par Omar Barghouti dans sa lettre du 14 octobre 2011 – omar.barghouti@gmail.com
Omar Barghouti est un militant des droits humains, membre fondateur du mouvement de boycott mondial contre Israël à direction palestinienne, et auteur de Boycott, désinvestissement, sanctions. (BDS) contre l’apartheid et l’occupation de la Palestine (Éditions La Fabrique).

14 octobre 2011 – Palestine occupée – BDS – traduction : JPP
http://www.bdsmovement.net/2011/occupy-wall-street-not-palestine-8163#.Tpk0R5skDjw

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