La motion qui suit a été adoptée lors de la réunion du 8 octobre 2022 du Conseil national du National Tertiary Education Union (NTEU), en Australie, qui est le syndicat de tou.tes les employé.es universitaires (26.000 membres), académiques et administratif.ves.
Le NTEU reconnaît et s’appuie sur l’histoire de la solidarité des Autochtones australiens et des insulaires du détroit de Torres ainsi que des Palestiniens dans leurs luttes contre la violence coloniale.
Cet esprit de solidarité est un pilier central du syndicalisme. De même que les institutions académiques ont causé du tort aux populations aborigènes et insulaires du détroit de Torres, elles nuisent également au peuple palestinien.
Le NTEU s’oppose à la violence coloniale et au vol de terres en Australie, en Palestine et partout ailleurs.
Ces dernières années, plusieurs grandes organisations internationales de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission internationale des juristes, ont confirmé ce que les universitaires et les organisations palestiniennes disent depuis des décennies : Israël commet le crime contre l’humanité de l’apartheid, tel que défini par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Cette conclusion est reprise par la Clinique internationale des droits de l’homme de la faculté de droit de Harvard, par les organisations de défense des droits de l’homme basées en Israël, B’Tselem et Yesh Din, ainsi que par le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens.
Le NTEU reconnaît l’urgence de la solidarité internationale pour mettre fin au système d’apartheid et au contrôle colonial auquel Israël soumet les Palestiniens depuis plus de sept décennies.
Les institutions universitaires israéliennes sont complices de la violation des droits des Palestiniens par le biais (mais pas uniquement) de liens financiers et de collaboration avec l’armée israélienne et les fabricants d’armes.
D’autre part, l’accès des Palestiniens à l’éducation, à la liberté d’expression et à la participation universitaire est sévèrement limité par l’apartheid, le colonialisme et la violence permanente contre les étudiants, les universitaires et les institutions palestiniennes.
En mars de cette année, l’université de Birzeit a lancé un appel à l’action contre la politique israélienne qui impose des conditions étouffantes aux professeurs et étudiants internationaux des universités palestiniennes.
Israël limite l’embauche et l’admission de professeurs et d’étudiants internationaux dans les universités palestiniennes à 100 membres du personnel et 150 étudiants par an. Israël limite également l’emploi des professeurs internationaux à cinq années non consécutives, refusant ainsi l’embauche et la promotion durables des professeurs.
De plus, Israël établit des restrictions arbitraires sur les disciplines qui peuvent être enseignées et étudiées par des professeurs et des étudiants internationaux, et exige que les candidats internationaux subissent un interrogatoire dans une mission diplomatique israélienne dans leur pays d’origine.
Il s’agit d’une attaque flagrante contre la liberté académique que le NTEU condamne sans équivoque.
Afin de contrer ces graves violations des droits de l’homme et la privation de la liberté académique, les Palestiniens ont appelé à une action de solidarité mondiale non violente sous la forme d’un boycott, d’un désinvestissement et de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël, jusqu’à ce qu’il reconnaisse les droits du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme pleinement au droit international.
Le NTEU note qu’en 2005, 173 organisations de la société civile palestinienne, dont nos collègues et camarades de la Fédération générale palestinienne des syndicats, de la Fédération des syndicats des professeurs et employés des universités palestiniennes, de l’Union générale des femmes palestiniennes et de l’Union générale des enseignants palestiniens, ont lancé un appel aux universitaires du monde entier pour qu’ils boycottent les universités israéliennes jusqu’à ce que ces conditions préalables à la justice soient remplies.
Le NTEU est également préoccupé par le fait que les universitaires, les étudiants et le personnel universitaire qui s’engagent dans une étude critique d’Israël, ou qui expriment leur soutien à la justice palestinienne, soient soumis à la censure, au déclassement et à des mesures disciplinaires.
Le NTEU estime qu’il faut s’opposer à l’adoption de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA dans les universités australiennes, car elle entraverait la liberté d’expression, limiterait la liberté académique et restreindrait l’expression politique pacifique.
Le NTEU est d’accord avec les préoccupations exprimées par plus de 40 organisations juives et de nombreux universitaires en Australie et dans le monde, selon lesquelles cette définition est formulée d’une manière qui confond la critique légitime d’Israël avec l’antisémitisme.
Le NTEU s’oppose à l’antisémitisme et à tous les préjugés dans les termes les plus forts, et consultera les universitaires et les organisations communautaires juives pour déterminer comment aborder et contrer l’antisémitisme dans les universités.
Le NTEU est solidaire du peuple de Palestine dans sa lutte permanente contre le nettoyage ethnique et l’apartheid. En tant que syndicalistes et personnes de conscience, nous devons exercer notre pouvoir pour peser sur les structures qui permettent cette oppression.
Le NTEU s’engage à :
- Chercher à renforcer les liens avec les syndicats palestiniens, y compris la Fédération palestinienne des syndicats de professeurs et employés d’université.
- Interdire aux représentants élus ou au personnel du NTEU d’accepter des voyages en Israël, tous frais payés, parrainés par l’État israélien ou par des organisations de lobbying pro-israéliennes.
- S’opposer à l’adoption de politiques qui interdisent la critique d’Israël par toute institution universitaire australienne, y compris la définition de l’antisémitisme de l’IHRA.
- Soutenir le droit des membres du NTEU à s’engager dans des actions de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) qui visent à mettre fin à l’occupation de la Palestine.
- Contribuer à hauteur de 2 000 $ à l’organisation de la prochaine Black-Palestinian Solidarity Conference, qui se tiendra à la fin de 2023.
- Appeler les membres à participer à la solidarité active avec les Palestiniens.