L’amphi 120 de la fac de lettres de Clermont-Fd était presque plein (environ 100 personnes) le 12 février 2019 pour accueillir Michel Warschawski, dans le cadre de sa tournée en France, organisée par l’UJFP.
L’étape de Clermont-Fd était à l’appel de l’AFPS, BDSF, Amis Temps Des Cerises, Amis de l’Huma, Amis du Diplo, LDH, UD CGT, Solidaires, ATTAC, FSU.
A partir de son livre « Israël, chronique d’une catastrophe annoncée… et peut-être évitable » (Syllepse, 2018), Michel Warschawski a fait un exposé précis et détaillé de la situation en Israël, qui a beaucoup intéressé l’amphi, où régnait un grand silence. Il a expliqué qu’Israël se définit comme un « Etat nation du peuple juif », ouvert à tous les Juifs du monde, alors que les Palestiniens autochtones restants sont discriminés, sans droits fondamentaux et que le droit au retour des réfugiés est nié.
Netanyahou et l’extrême droite israélienne s’allient avec les gouvernements fascisants, racistes et souvent antisémites d’Europe de l’Est et d’Amérique, dans une perspective « judéo-chrétienne » islamophobe, sous couvert de lutte contre le « péril islamique » et contre l’Iran. Tout en tentant des alliances avec les gouvernements arabes les plus réactionnaires. L’Etat d’Israël, colonial, est en train de devenir fasciste, sur les plans constitutionnel, législatif et moral (analyses d’Avraham Burg, et Zeev Sternell). Pour avancer en ce sens il lui faut affaiblir le garde-fou de la Cour Suprême de Justice, et celui des médias qui ne sont pas aux ordres. Adalah recense 80 lois discriminatoires pour les Palestiniens citoyens d’Israël, et parmi les plus récentes l’interdiction de célébrer la Nakba, et du droit à la réunification familiale. Par ailleurs, de nombreux jeunes Israéliens s’exilent à Berlin (aidés par le gouvernement allemand) pour fuir cette société, où l’on observe aussi d’immenses inégalités sociales.
Comme l’a exprimé Jean Ziegler dans la préface du livre de Michel Warschawski: « Malgré toute la haine raciste et coloniale et le cynisme des dirigeants israéliens, malgré le malheur qui frappe les Palestiniens -et grâce à leur formidable capacité de résistance-, malgré sa propre hantise de l’abîme, Michel Warschawski respire l’espérance. Il croit que l’histoire a un sens et que ce sont les peuples qui la font. »
Michel Warschawski a rappelé, dans un contexte où le mouvement de la paix israélien n’existe quasiment plus, et d’impunité sur le plan international, l’importance fondamentale de soutenir la campagne BDS, économique, culturelle, académique, sportive. C’est un acte de justice, aux succès rapides depuis 2005, seul outil capable de répondre aux aspirations palestiniennes et de contraindre Israël à abandonner l’apartheid. C’est pourquoi elle est combattue prioritairement par le ministère israélien des affaires stratégiques.
La conférence a été enregistrée par les Amis du Temps des Cerises.
Le débat fut riche et dense, sur la résistance, le sumud et l’espoir palestiniens, la laborieuse décolonisation des esprits, l’impunité qui repose sur l’alliance avec les « Blancs (post)coloniaux européens », l’efficacité du Hezbollah, le « suicide » du mouvement de la paix en août 2000 (suite aux calomnies d’Ehud Barak contre Yasser Arafat), les crimes contre l’humanité à Gaza (qui devraient conduite certains dirigeants israéliens devant la cour de justice internationale si les gouvernements européens avaient un minimum de dignité), le débat permanent et stérile en France sur une solution à un ou deux Etats (qui empêche d’avancer sur les campagnes prioritaires, pour les prisonniers politiques, pour Gaza, pour BDS, …).
Une partie de l’assemblée s’est ensuite réunie au pied de l’estrade, devant notre décor auvergnat pour le boycott de l’Eurovision 2019 en Israël, pour une belle photo collective à mettre sur notre album facebook.
La librairie des Volcans avait commandé des livres pour vente-dédicace aux participant-e-s à la conférence : 40 exemplaires ont été vendus. Et sur la table de presse AFPS-BDSF, 50 signatures de la pétition contre l’accord d’association UE-Israël ont été recueillies.
La soirée se termina par un repas partagé avec 6 militant-e-s afps et bdsf, et un jeune Palestinien de Clermont-Fd. Et le lendemain matin, une visite d’une exploitation viticole bio dont l’exploitant avait rendu visite à Michel à Jérusalem en 2017, qui nous a expliqué comment ce voyage avait enrichi sa vision des choses. Nous n’aurons qu’un regret à l’issue de ce passage très enrichissant de Michel : que la grippe ait empêché certain-e-s de venir l’écouter, et notamment une partie de l’équipe de FR3 Auvergne qui devait venir le filmer sur l’exploitation viticole !