Compte-rendu du festival pour la Palestine, 2ème édition, organisé à Metz les 18, 19 et 20 octobre 2018 dans le cadre « Le Temps de la Palestine »
Comme convenu il y a deux ans à la suite du premier festival Palestine programmé en octobre 2016 à Metz, le Collectif BDS 57 associé à ses partenaires avait pris la décision de renouveler cette expérience bisannuelle après la réussite de la première édition. Un programme se déroulant sur trois jours fut proposé alternant projection de film, diaporamas, exposition, conférences-débats, action de rue, sans oublier la restauration en soirée.
Nos partenaires pour cette année comprenaient l’Union Juive Française pour la Paix, la CGT Educ’action 57, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, la Confédération Nationale du Travail, le Nouveau Parti Anticapitaliste, Artisans du Monde, les Amis du Monde Diplomatique, le Mouvement pour une Alternative Non-violente.
D’emblée, si nous pouvons être déçu car le festival a peu mobilisé côté public (une trentaine de personnes environ à chaque événement…) et ce malgré l’implication des militant-e-s dans la mobilisation, la qualité des interventions et documents proposés ainsi que l’originalité d’une déambul’action encore jamais tentée dans les rues de Metz ont apporté les satisfactions attendues, soit trois jours de riches échanges, denses et variés, en solidarité avec la Palestine.
Comme d’habitude le relais médiatique local a peu réagi à notre demande d’intervention pour populariser le festival, à l’exception d’une intervention radiophonique à Radio Jéricho où nous avons été invités à présenter la manifestation, mais uniquement sous l’angle culturel.
La première soirée de ce festival s’est ouverte par la projection au cinéma Marlymages de My Land, documentaire réalisé par Nabil Ayouch. Le documentaire repose sur une démarche originale confrontant des témoignages de réfugiés palestiniens ayant vécu avant l’expulsion sur les lieux mêmes où sont installés des Israéliens qui ont consenti à se livrer dans leur cadre idyllique, ignorant pour la plupart le passé arabe de leurs propriétés. L’intérêt principal réside dans le moment où ils vont réagir après avoir entendu les propos durs et désespérés d’expulsés palestiniens ayant vécu sur les mêmes lieux. Les images sont très belles, les choix musicaux judicieux, et la projection fut prolongée par l’intervention érudite de Thomas Vescovi qui dit avoir été marqué par ce documentaire à l’origine de son travail universitaire autour de La mémoire de la Nakba en Israël (L’Harmattan).
Le lendemain nous avons accueilli Imen Habib et Patrice Bouveret, l’une pour présenter la campagne BDS France, le second intervenant sur la question de l’embargo militaire contre Israël.
Animatrice nationale, Imen s’est livrée au jeu de l’interview, répondant aux questions de notre camarade Dounia inventoriant l’ensemble des objections qu’on oppose souvent à la campagne de boycott d’Israël, soit rétablir certaines vérités qui dérangent et confirment le caractère légitime et non violent de la campagne.
En soirée, la conférence animée par Patrice Bouveret, journaliste, co-fondateur et actuel directeur de l’Observatoire des armements, centre crée en 1984 à Lyon, fut très précise et le débat qui suivit animé. Interpeller les parlementaires sur cette question devient urgent.
Samedi après-midi, nous avions appelé à une déambul’action dans les rues de Metz et ciblé sur le parcours des lieux symboliques renvoyant aux différents axes de la campagne BDS France. Autorisée par la préfecture, cette action de rue était une première à Metz. Avec notre banderole, nos tee-shirts, nous nous sommes adressés aux passants par tracts et prises de paroles alternées, faisant une pose devant les lieux suivants : la BNP pour dénoncer l’implication des banques françaises dans la politique de colonisation israélienne, la luxueuse boutique Orange pour souligner le succès d’une campagne de désinvestissement qui a fini par porter ses fruits, le Palais de Justice pour dire notre inquiétude face aux atteintes à la liberté d’expression et le non respect par Israël du droit international, la Gare (monument impérial) pour évoquer le très discriminant tramway de Jérusalem, enfin le Centre Pompidou Metz pour justifier la légitimité du boycott culturel et universitaire de l’état d’Israël.
Une belle brochette de photos disponibles sur le site Facebook de l’association révèle que cette initiative n’est pas passée inaperçue, mais qu’elle aurait eu davantage d’impact si la presse locale l’avait relayée, comme à Grenoble à l’occasion de l’université d’été du CRID.
De retour à l’Espace Clovis qui nous accueillait, nos amis proches ayant séjourné récemment en Palestine ont présenté leurs récents carnets de voyage, principalement Grégory Kotoy, ce dernier au nom de l’Afps Thionville : il projeta et commenta un diaporama très complet sur la situation récente en Cisjordanie occupée.
En soirée et pour conclure ce festival, nous avions invité Jean-Pierre Bouché, militant BDS venu de Toulouse, pour animer un débat autour de son ouvrage très pédagogique abordant l’Histoire abrégée de la colonisation, du nettoyage ethnique et de l’apartheid : Palestine, plus d’un siècle de dépossession (Scribest & Récit présent, 2017). Au cours de son exposé, Jean-Pierre s’est attaché à montrer que l’idée de déplacer les Juifs en Palestine était née bien avant le génocide nazi et la création de l’état d’Israël. La diffusion de ce petit livre indispensable est d’ors et déjà un réel succès.
Merci à toutes et tous : organisateurs, participants, intervenants et animateurs, sans oublier les « petites mains » bénévoles qui ont préparé de bons petits plats.
Pour le Collectif BDS 57, Richard Srogosz.