Nous avons participé ce samedi 29 juin à la marche des fiertés au sein du « cortège radical » pour affirmer que l‘égalité ne se discute et ne se divise pas, mais aussi pour insister sur la nécessité de s’opposer aux agressions fascistes comme aux tentatives de récupérations racistes des luttes féministes et/ou LGBT.
Notre appel affirmait notamment que « Parce que trans, biEs, pédés, gouines, travailleurs/ses du sexe, immigréEs, enfants d’immigréEs, indigènes, musulmanEs, juifs/ves, militantEs progressistes, nous sommes touTEs viséEs par la haine, la violence et la mort portées par l’extrême-droite, c’est touTEs ensemble qu’il faut riposter. »
Face à des participantEs à la marche des fiertés qui portaient l’étendard de « notre » République patriarcale et coloniale, nous avons entonné plusieurs fois « L’homonationalisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève ! » ou encore « Nos fiertés ne sont pas nationales, ni capitalisables, ni gouvernables ! ».
De la même manière, nous avons été fortement choquéEs lorsqu’à la fin de la marche, sur le podium de l’Inter LGBT, le groupe TYP qui assurait la soirée a été présenté comme « venant spécialement d’Israël » et « ayant mis le feu à la dernière gay pride de Tel Aviv ». Et nous sommes tout aussi choquéEs de savoir que la soirée officielle de l’Europride qui se tiendra ce samedi 13 juillet à Marseille et réunira plusieurs groupes et DJ s’intitule « Forever Tel Aviv ».
Ce qui nous choque est que soit tenu sur le podium de l’inter LGBT un discours cherchant à promouvoir une image gay friendly d’un Etat coupable de crimes contre l’humanité, et visé – comme l’a été l’Afrique du sud du temps de l’apartheid – par une campagne appellant entre autres à sanctionner économiquement l’occupation par la fin du tourisme, fût-il un tourisme estampillé LGBT …
Que l’ambiance de « la dernière gay pride de Tel Aviv » soit mentionnée sur le podium de l’inter LGBT comme ce dont sont sensés rêver tous les transbiEspédésgouines n’est pas anodin, et il convient de rappeller que le pink washing en tant que stratégie visant à donner une image « ouverte » et « démocratique » du régime de Tel Aviv en dépit de l’oppression des PalestinienNEs a été clairement élaborée par les institutions israéliennes. En 2009, The Israel Project, ONG dont l’objet est de « travailler sans relâche à la protection d’Israël en améliorant son image » a publié un dictionnaire des « mots qui marchent » appelant à insister sur l’idée que «la démocratie israélienne » respecterait les droits des femmes. L’année suivante, l’Office de tourisme de Tel Aviv investissait 90 millions de dollars en publicité à destination des LGBT. Plus récemment, les deux premiers bénéficiaires du mariage pour touTEs en France ont été invités à la dernière gay pride de Tel Aviv par la société Tel-Aviv Global and tourism de la mairie, et hébergés dans la résidence de l’ambassade de France …
Face à ces stratégies, les queers palestinienNEs (Al-Qaws for Sexual & Gender Diversity in Palestinian Society, Aswat – Palestinian Gay Women, Palestinian Queers for BDS) refusent toute normalisation avec l’occupant israélien, et organisent leurs propres évènements en refusant de se joindre à la gay pride de Tel Aviv. Les organisations queers israéliennes, ainsi que les anticolonialistes israélienNEs du collectif Boycott from Whitin les soutiennent dans cette démarche.
Parce que nous luttons pour notre autodétermination en tant que trans, biEs, pédés, gouines, putes, freaks ou queers, nous ne pouvons que soutenir le combat des PalestinienNEs pour la réalisation de leur droit à l’autodétermination.
Nous réaffirmons notre opposition à toute forme d’homonationalisme ou de colonialisme, et nous mettons en garde l’inter LGBT et LGP Marseille (association organisatrice de l’Europride de Marseille) contre toute politique qui permettrait que nos luttes soient récupérées à des fins coloniales ou racistes.
Le P!nkBloc Paris
*Bien sûr, la campagne BDS (Boycott Désinvestissements et Sanctions à l’égard d’Israël) lancée par une coalition de 172 organisations palestiniennes ne vise pas le boycott ou le rejet des individus ou des groupes d’individus en fonction de leur nationalité ou de leurs origines