L’Université de Johanesburg (l’UJ) a rompu ses liens avec l’Université israélienne Ben Gourion (l’UBG).
Cette décision historique mérite un petit commentaire pour ceux qui ne mesurent pas son importance:
D’abord, parce que l’UJ est la première université au monde à entrer dans BDS, c’est à dire à rompre ses liens avec toute institution israélienne (l’UBG étant la seule université israélienne en relation avec l’UJ).
Mais aussi parce que ce résultat qui devrait servir d’exemple est celui d’un long et patient processus entrepris par nos collègues sudafricains et palestiniens. Ce processus est, lui aussi, une leçon pour tous les militants BDS de par le monde (http://www.ujpetition.com/):
1) Une première motion avait été mise au vote en septembre 2010, accompagnée de la mobilisation de nombreuses personalités sudafricaines et internationales. Cette première motion, comme celle d’aujourd’hui, n’appelait qu’à rompre ses relations avec l’UBG.
2) Alors que cette motion n’était pas passée, les discussions avaient néanmoins permis aux mentalités d’évoluer et de passer une motion intermédiaire qui exigeait que certaines conditions soient remplies par l’UBG pour que ces relations perdurent, et que ces conditions seraient vérifiées 6 mois plus tard, pour remettre en jeu la rupture des liens entre les deux universités.
Ces conditions avaient été choisies de telle sorte qu’elles soient évidentes en regard des droits et des usages internationaux en terme de relations universitaires, mais il était néanmoins clair que l’UBG refuserait de s’y plier:
-Une première condition était de couper les relations de type militaires.
-Une deuxième condition était la suivante: les relations bi-partites entre l’UJ et l’UBG devaient devenir des relations tri-partites entre l’UJ, l’UBG et une université palestinienne. Attention, cela ne veut pas dire qu’il suffisait de deux relations bi-partites, entre l’UJ et l’UBG d’une part, et entre l’UJ et une université palestinienne d’autre part, mais une véritable relation tri-partite, y compris donc entre l’UBG et une université palestinienne. La différence est subtile mais importante car PACBI et le BNC refusent, bien entendu, qu’une relation bi-partite « humanitaire » serve de cache sexe à une relation bi-partite scandaleusement illégale au regard du droit international.
3) Un tel partenariat entre l’UBG et une université palestinienne n’a pas pu être trouvé, et pour cause. Comme le disent et le répètent les tenant du boycott universitaire des institutions israéliennes: les universités israéliennes, comme toutes les institutions officielles israéliennes sont en état de guerre coloniale et ne considèrent pas les universités palestiniennes comme des partenaires mais comme des vassales. Ceci n’est pas vrai des professeurs qui ne sont d’ailleurs pas visés par le boycott, mais de l’université en tant qu’institution.
4) La motion a été revotée 6 mois plus tard (cette semaine, donc), toujours avec le soutien de nombreuses personnalités sudafricaines et internationales. La deuxième condition n’étant pas respectée, cette fois ci la motion est passée.
5) l’UJ, en rompant ses relations avec l’UBG, pour la simple raison qu’aucune université palestinienne accepte de collaborer avec l’UBG et réciproquement, entre de fait dans BDS, et c’est la première université au monde à le faire.
Un exemple et une tactique à suivre…
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L’Université de Johannesburg fait l’Histoire : le Sénat de l’UJ décide de rompre les liens avec l’apartheid israélien
PACBI
Ramallah occupé, 23 mars 2011
http://pacbi.org/etemplate.php?id=1526
La campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), représentant un large spectre dans les universités palestiniennes, salue nos collègues Sud-Africains de l’université de Johannesburg (UJ) pour leur soutien motivé à la cause de la justice en Palestine, en confirmant la décision du 29 septembre 2010 du Sénat de l’UJ de rompre ses liens avec l’université Ben Gourion (BGU) [1]. Le communiqué de presse de l’UJ note que :
« Lors d’un débat vif et prolongé, le Sénat de l’université de Johannesburg (UJ) a voté aujourd’hui pour autoriser l’expiration de sa relation formelle avec l’université Ben Gourion (BGU) d’Israël au 1er avril 2011 » [2].
La décision du Sénat est un pas louable dans la direction de la fin des relations avec les institutions israéliennes impliquées dans la politique d’apartheid et dans le soutien à l’occupation. Cette décision résonnera certainement autour du monde ! La vraie victoire réside aussi dans la mobilisation intense et le travail de conscientisation des militants et des universitaires de premier plan en Afrique du Sud qui ont montré au-delà de tout doute possible l’ampleur de la mobilisation de soutien aux droits des Palestiniens dans le pays et qui ont joué un rôle clé dans le vote du Sénat de l’UJ.
Remarquablement, une pétition pressant l’UJ à rompre ses liens avec BGU a réuni plus de 400 signatures d’universitaires de toutes les institutions universitaires d’Afrique du Sud, incluant neuf vice-recteurs et vice-recteurs adjoints. La pétition était aussi soutenue par les principaux syndicats du pays, dont la COSATU et la NEHAWU [3]. De plus, il y eut une attention sans précédent des principaux médias, en Afrique du Sud et internationalement, sur les actes de complicité de BGU et sur la lourde responsabilité morale placée sur les épaules des institutions sud-africaines, en particulier, pour mettre fin à toute forme de coopération avec toute institution israélienne pratiquant l’apartheid. À la fin, les points de vue favorables à la justice et soutenant la loi internationale ont été largement divulgués et ont triomphé.
PACBI salue chaleureusement tous ceux qui ont travaillé sur et soutenu la campagne pour couper les liens avec BGU. Cette initiative qui crée un précédent, avalisée par des leaders de premier plan comme l’archevêque Desmond Tutu, Breyten Breytenbach, John Dugard, Antjie Krog, Barney Pityana, et Kader Asmal, n’a pas mâché ses mots en appelant à rompre les liens avec BGU ; de plus elle implique une terminaison de collaboration avec toutes les institutions israéliennes complices de violation du droit international.
L’archevêque Tutu a défendu l’appel à rompre les liens avec les institutions israéliennes complices en disant : « Cela ne peut jamais être ‘business as usual’. Les universités israéliennes font intimement partie du régime israélien, par choix délibéré ». [4] Renouvelant son soutien sans faille pour la campagne mondiale à direction palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) contre Israël, il ajoute éloquemment :
«Avec les peuples avides de paix sur cette terre, je condamne toute forme de violence – mais certainement, ne devons-nous pas reconnaître que les peuples enfermés, affamés et dépouillés de leurs droits essentiels matériels et politiques doivent résister à leurs pharaons ? Certainement la résistance nous rend t’elle aussi humain ? Les Palestiniens ont choisi, comme nous l’avons fait, les moyens non-violents du boycott, du désinvestissement et des sanctions [5].
Cette décision ne peut être vue que comme un triomphe de la logique du boycott universitaire contre les universités complices d’Israël, comme le reflètent régulièrement les positions de la Fédération palestinienne des syndicats de professeurs et d’employés universitaires (PFUUPE), ainsi que le PACBI et ses partenaires dans le monde, dont l’Afrique du Sud. C’est effectivement un pas significatif dans la direction de rendre les institutions israéliennes responsables pour leur collusion dans le maintien de l’occupation, de la colonisation et du régime d’apartheid de l’État contre le peuple palestinien. Comme l’a écrit l’ancien ministre sud-africain et leader de l’ANC Ronnie Kasrils dans le Guardian : « Les universités israéliennes ne sont pas visées par le boycott à cause de leur identité ethnique ou religieuse, mais à cause de leur complicité dans le système israélien d’apartheid » [6].
BGU est une institution coupable de complicité dans l’occupation israélienne et les politiques d’apartheid comme toute autre institution universitaire en Israël ; rien ne peut rendre moralement acceptable un projet « environnemental » ou « purement scientifique » conduit avec l’UJ jusqu’à ce qu’elle mette fin à cette complicité complètement et de manière vérifiable. Quand la science est utilisée comme couverture à de graves violations des droits de l’homme et du droit international, elle ruine toute prétention à un « caractère sacré » et perd sa raison morale d’être. La culpabilité de l’institution entière dans les violations du droit international et des droits de l’homme ne peut pas être balayée en réduisant la réflexion ou en détournant l’attention sur les seuls détails du projet avec UJ.
Comme l’a dit l’archevêque Tutu :
« Ces dernières années, nous avons observé avec plaisir la transformation d’UJ depuis la Rand Afrikaans University, avec toutes ses réalisations scientifiques mais aussi ses affreux engagements idéologiques. Nous suivons avec intérêt une transformation en cours des principes.» [7]
Une université sud-africaine post-apartheid qui est en cours de se transformer en une vraie institution démocratique a prouvé qu’elle ne peut pas compléter cette nécessaire transformation tout en maintenant un partenariat avec une institution d’apartheid ailleurs. Nous saluons sincèrement l’UJ pour avoir rompu complètement ses liens institutionnels avec BGU et nous nous tournons vers les autres universités autour du monde pour qu’elles s’inspirent de ce précédent historique en mettant fin à leurs propres liens avec les institutions universitaires israéliennes complices de la violation du droit international et de tous les principes élémentaires des droits humains. Nous appelons aussi toutes les personnes de conscience dans les universités autour du monde à suivre la voie de l’UJ, à adopter le BDS comme un moyen global pour mettre fin au crime contre le peuple palestinien, et à appeler leurs institutions à rompre les liens institutionnels avec les universités israéliennes.
PACBI
www.pacbi.org
pacbi@pacbi.org
[1] http://www.ujpetition.com/2010/10/uj-senate-resolution-29-september-2010.html
[2] http://www.uj.ac.za/EN/Newsroom/News/Pages/UJSenatevotesonBenGurionpartnership.aspx
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Le Sénat de l’UJ vote sur le partenariat avec Ben Gourion
Lors d’un débat vif et prolongé, le Sénat de l’université de Johannesburg (UJ) a voté aujourd’hui pour autoriser l’expiration de sa relation formelle avec l’université Ben Gourion (BGU) en Israël au 1er avril 2011.
C’était une des deux options soumises au vote du Sénat, la seconde étant de permettre aux relations formelles avec BGU de se poursuivre et de développer les relations bilatérales à la fois avec BGU et avec des universités palestiniennes.
60 % du Sénat (72 membres présents) ont voté pour permettre au Protocole d’accord avec BGU d’expirer, tandis que 40 % (45 membres présents) ont voté pour des accords bilatéraux.
Le vote du Sénat confirme effectivement une résolution antérieure qui mettait des conditions à la poursuite de ses relations avec BGU, dont l’inclusion de partenaires universitaires palestiniens.
Le vote du Sénat aujourd’hui n’exclut pas les collaborations individuelles des universitaires d’UJ, de BGU ou de toute université palestinienne. Le vote du Sénat encourage les universitaires d’UJ, de BGU et les universités palestiniennes à poursuivre des projets de recherche sans accords institutionnels formels.
[3] http://www.ujpetition.com/
[4] http://www.timeslive.co.za/world/article675369.ece/Israeli-ties–a-chance-to-do-the-right-thing
[5] Ibid.
[6] http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/sep/29/south-africa-boycott-israel
[7] http://www.timeslive.co.za/world/article675369.ece/Israeli-ties–a-chance-to-do-the-right-thing