Les universités occidentales, les ministères de l’Éducation, les organismes d’enseignement supérieur, les programmes de financement, les académies des sciences et les éditeurs ont réagi rapidement à l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie. Appliquant un système de deux poids, deux mesures, les établissements d’enseignement supérieur n’ont pas mis fin à leur complicité avec l’apartheid israélien.
En réponse à l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, un nombre important d’universités, de ministères de l’Éducation, d’organismes d’enseignement supérieur, de programmes de financement, d’académies des sciences et d’éditeurs ont pris des mesures rapides et de grande envergure pour veiller à ce que leurs institutions ne soient pas complices des violations du droit international par la Russie.
Le système de deux poids, deux mesures était tristement évident pour les Palestiniens et pour les universitaires du monde entier soutenant les droits des Palestiniens, qui demandent depuis longtemps aux institutions académiques de mettre fin aux liens avec les universités israéliennes complices du régime israélien d’occupation militaire, de colonialisme de peuplement et d’apartheid en vigueur depuis des décennies.
Malgré le nombre croissant de sociétés académiques et départements universitaires, de syndicats d’enseignants, de personnalités universitaires, soutenant l’appel palestinien au boycott universitaire d’Israël, les établissements d’enseignement supérieur n’ont pas mis fin à leur complicité avec l’apartheid israélien. Pire encore, certains ont cédé à la pression extérieure de groupes agissant en faveur d’Israël, prenant des mesures disciplinaires contre des universitaires défendant les droits des Palestiniens définis par le droit international ou annulant des propositions d’emploi qui leur étaient faites.
Dans de nombreux cas, le langage de ces actes de boycott universitaire correspondait tout à fait aux appels de la société civile palestinienne concernant le boycott universitaire d’Israël. Cependant, quelques-uns ont franchi une limite en imposant des restrictions à des universitaires et étudiants en fonction de leur identité et de leurs opinions.
L’appel palestinien au boycott universitaire est de nature strictement institutionnelle. Il se fonde sur la complicité, et non sur l’identité.
Nous exhortons les universitaires à faire le nécessaire pour que les gouvernements, les institutions et les associations universitaires énumérés ci-dessous appliquent les mêmes principes éthiques et mettent fin aux liens avec les institutions universitaires israéliennes complices.
Allemagne
De façon assez surprenante, l’Allemagne, où sévissent le racisme anti-palestinien et la répression anti-démocratique de la défense des droits des Palestiniens et des discours en leur faveur, a été parmi les premiers pays à prendre des mesures académiques contre la Russie en solidarité avec le peuple ukrainien.
Un jour seulement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Alliance des organisations scientifiques, principal organisme de financement de la recherche en Allemagne, a recommandé « que la coopération universitaire avec les institutions publiques et les entreprises commerciales en Russie soit gelée avec effet immédiat jusqu’à nouvel ordre, que les fonds de recherche allemands ne profitent plus à la Russie, et qu’aucune manifestation conjointe à caractère académique ou liée à la politique de recherche ne se déroule. De nouveaux projets de coopération ne devraient pas être lancés à l’heure actuelle. »
Le Service allemand d’échanges universitaires (DAAD) a restreint les programmes d’échanges germano-russes et a enjoint aux « universités allemandes de suspendre toutes les activités de projet financées par le DAAD avec des institutions partenaires en Russie et en Biélorussie», déclarant : «Il ne peut y avoir de relations normales avec un État qui mène une guerre d’agression contre un pays voisin ».
La Technische Universität (TU) et la Freie Universität (FU) de Berlin ont suspendu leurs programmes de coopération ou d’obtention de diplômes avec des institutions russes. Le président de la TU Berlin a fait la déclaration suivante : « L’utilisation exclusivement civile de nos recherches est une priorité pour nous et n’est pas négociable. Partout où la recherche est liée au régime russe actuel, cela ne peut plus être garanti. » Le président de la FU a expliqué que l’université rompait avec sa tradition de faire « une distinction entre les interactions politiques et universitaires » en réponse à la « violation flagrante du droit international » par la Russie.
L‘Institut Max Planck de physique extraterrestre a mis en arrêt son télescope à rayons X eROSITA embarqué sur un satellite russe.
Liberté académique
Le réseau Scholars at Risk (SAR, Chercheurs en danger) a exprimé son soutien aux mesures prises par les gouvernements et les institutions pour rompre les liens avec les institutions russes, affirmant que ces mesures étaient « justifiées pour permettre des évaluations visant à garantir que les activités ne constituent pas un soutien à des actes d’agression ». SAR, cependant, a fortement mis en garde contre « la suspension ou l’élimination excessive ou aveugle des contacts et des activités universitaires, mesures pouvant inutilement porter atteinte à la liberté académique ou au bien-être des universitaires en Russie ou venant de Russie, qui pourraient eux-mêmes faire face à des représailles pour leur opposition à l’agression ou leur soutien aux collègues ukrainiens, et qui peuvent être des alliés vitaux de la liberté académique à plus long terme ».
Atteignant un sommet d’absurdité, l’Université de Milan-Bicocca a annoncé qu’elle reporterait un cycle de cours sur l’œuvre de l’auteur russe Fiodor Dostoïevski, décédé en 1881. L’université a fait marche arrière presque immédiatement, à la suite de très vives réactions.
Gouvernements et organismes d’enseignement supérieur
La Commission européenne a suspendu la coopération avec des entités russes de recherche, annonçant qu’elle ne conclurait aucun nouveau contrat ou accord dans le cadre du programme Horizon Europe et qu’elle suspendrait les paiements au titre des contrats existants pour Horizon Europe et Horizon 2020. Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive pour une Europe adaptée à l’ère du numérique, a indiqué : « La coopération de l’UE en matière de recherche repose sur le respect des libertés et des droits qui sous-tendent l’excellence et l’innovation. L’odieuse agression militaire de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine est une attaque contre ces mêmes valeurs. Il est donc temps de mettre un terme à notre coopération scientifique avec la Russie.»
Plus d’un millier d’universitaires ont demandé à la Commission européenne d’exclure des programmes de financement Horizon les institutions et entreprises israéliennes complices.
L’Association des universités européennes (EUA), qui représente plus de 850 universités et conférences nationales de recteurs dans 48 pays européens, a annoncé qu’elle « cesserait tout contact et toute collaboration avec toute agence gouvernementale centrale de la Fédération de Russie ou tout autre pays qui soutient activement l’invasion russe » de l’Ukraine. L’EUA a appelé ses membres à « vérifier et à s’assurer qu’ils ne s’engagent dans de nouvelles collaborations avec des organisations russes que lorsque celles-ci sont clairement basées sur des valeurs européennes partagées ».
La Fédération européenne des académies des sciences et des sciences humaines (ALLEA) a suspendu « l’adhésion de l’Académie des sciences de Russie et de l’Académie nationale des sciences de Biélorussie ». ALLEA a expliqué sa « mesure extraordinaire » en déclarant que « la capacité de ces académies à agir de manière autonome et indépendante de leurs gouvernements est remise en question – et justifie donc cette décision ciblant uniquement le niveau institutionnel ».
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et le ministre de la Santé du Canada ont demandé « aux organismes de financement de la recherche dont [ils sont] responsables de s’abstenir de conclure des ententes avec des établissements de recherche russes. Cette mesure vise plus particulièrement les trois organismes subventionnaires, soit les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines ».
Le ministre danois de l’Enseignement supérieur et des Sciences a appelé « toutes les universités et les établissements d’enseignement supérieur à suspendre leur coopération avec les institutions de Russie et de Biélorussie », pour faire savoir par « un signal clair que l’agression militaire entraîne l’isolement par rapport à la communauté internationale ». Le ministre a noté que la « demande s’applique particulièrement à la coopération avec les partenaires affiliés aux agences d’État russes et biélorusses ».
Universities Estonia, qui comprend l’Académie estonienne des arts, l’Académie estonienne de musique et de théâtre, l’Université estonienne des sciences de la vie, l’Université de Tallinn, l’Université de technologie de Tallinn et l’Université de Tartu, a décidé de mettre fin à la coopération avec les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche en Russie et Biélorussie.
Le ministère finlandais de l’éducation et de la culture a recommandé « que tous les établissements d’enseignement supérieur de Finlande cessent de coopérer avec les établissements d’enseignement et de sciences russes ».
L’Agence nationale de la recherche française (ANR) a annoncé qu’elle prenait les mesures suivantes : – Suspension du partenariat avec la Russian Science Foundation, –Coopérations multilatérales : l’Agence ne participera pas à des actions impliquant des institutions russes ou biélorusses, – Appel à projets […] en cours : les projets associant des laboratoires russes ou biélorusses ne seront pas financés par l’ANR.
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français a lui aussi suspendu « toutes nouvelles formes de collaborations scientifiques avec la Russie » et annulé « tous les événements scientifiques à venir impliquant la Russie ». L’Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine a depuis exhorté le CNRS à reconsidérer la coopération scientifique avec Israël conformément au même principe du CNRS selon lequel « la science n’a pas de frontières mais les valeurs que toutes les communautés scientifiques portent et partagent ne peuvent tolérer cette guerre. »
L’Irish Universities Association a suspendu les programmes d’échange de professeurs et d’étudiants, les transactions financières et les échanges de matériel de recherche, « consciente du rôle des universités dans la promotion de la démocratie et de la paix ».
En Italie, le ministère des Universités et de la Recherche a suspendu tous les « projets bilatéraux entre l’Italie et la Russie…, ainsi que les évènements, conférences et autres activités ». Le Conseil national de la recherche (CNR) a suspendu les missions en Russie et s’est engagé à ne pas renouveler les accords avec les institutions russes. L’Institut national de physique nucléaire (INFN) a déclaré qu’il ne conclurait pas de nouveaux accords avec la Russie et qu’il suspendrait « toutes les transactions financières et toute collaboration pouvant impliquer des technologies sensibles telles que l’informatique quantique ou la recherche aérospatiale ».
Le ministère norvégien de l’Éducation a suspendu « tout dialogue avec les autorités russes » ainsi que « tous les accords institutionnels entre les établissements d’enseignement norvégiens et russes ». Le ministère a ajouté que « la responsabilité de la grave situation en Europe incombe aux autorités russes et que l’attaque contre l’Ukraine devrait également avoir des conséquences sur la coopération en matière de recherche et d’éducation ».
La Conférence des recteurs et l’Académie des sciences de Pologne ont exhorté toutes les universités et instituts de recherche polonais « à cesser de coopérer avec les organisations gouvernementales en Russie et dans les pays qui soutiennent l’invasion de l’Ukraine ».
Le ministère espagnol des Universités et celui de la Science et de l’Innovation ont suspendu toutes les relations scientifiques, universitaires et institutionnelles avec la Russie et la Biélorussie. Toujours en Espagne, la Conférence des recteurs des universités (CRUE), la Confédération des sociétés scientifiques (COSCE) et la Fédération des associations médicales et scientifiques (FACME) ont également appelé au gel de la coopération scientifique avec les institutions publiques russes.
Le ministère suédois de l’Éducation a appelé à « l’arrêt immédiat des contacts et de la coopération avec les institutions publiques de Russie et de Biélorussie et à ce qu’aucun nouveau contact ou engagement ne soit initié ».
La Conférence suisse des recteurs d’universités, swissuniversities, a recommandé « aux hautes écoles suisses d’examiner leurs coopérations scientifiques avec des hautes écoles en Russie et de les suspendre » lorsque la coopération scientifique risque de servir « à soutenir la politique belliqueuse du gouvernement russe qui, par cette guerre d’agression, viole des principes fondamentaux des droits de l’homme, du droit international et des valeurs européennes fondatrices. »
UK Research and Innovation (UKRI), principale agence de financement de la recherche universitaire du Royaume-Uni, a gelé les paiements de près de 50 subventions, pour un total de dizaines de millions de livres, en lien avec des projets impliquant la Russie. Le ministère britannique des Sciences, de la Recherche et de l’Innovation s’est ensuite engagé à ne « financer aucun nouveau projet de collaboration avec la Russie » et à œuvrer pour « répondre de manière appropriée » à la participation russe aux organisations multilatérales « en tenant la Russie pour responsable de ses actions tout en réduisant et en isolant son influence. »
Franchir les limites
Certains organismes d’enseignement supérieur ont cependant pris des mesures de nature à pénaliser des universitaires, chercheurs et étudiants russes en raison de leur identité et de leurs opinions.
L’association Universities of the Netherlands, la Netherlands Association of Universities of Applied Sciences (Association néerlandaise des universités de sciences appliquées), la Royal Netherlands Academy of Arts and Sciences (Académie royale des arts et des sciences des Pays-Bas), le Dutch Research Council (Conseil néerlandais de la recherche), la Dutch Federation of University Medical Centres (Fédération néerlandaise des centres médicaux universitaires), et la Young Academy ont suspendu « toutes les formes de partenariat dans l’éducation et la recherche avec la Russie et la Biélorussie ». L’autorité néerlandaise de l’enseignement supérieur s’est engagée à soutenir « les chercheurs, le personnel enseignant, les étudiants et les organisations russes et biélorusses qui se sont exprimés ouvertement contre l’invasion de l’Ukraine », créant ainsi une forme de mise à l’épreuve politique et pénalisant ceux qui ne se sont pas exprimés ouvertement.
Le ministère de l’Éducation, des Sciences et des Sports de Lituanie a déclaré que les établissements d’enseignement supérieur du pays « ont suspendu toute coopération avec la Fédération de Russie et la République de Biélorussie dans les domaines de l’éducation, des études et des sciences ». Le ministre a toutefois appelé à des « restrictions strictes » qui empêcheraient « les institutions scientifiques et éducatives russes, leur personnel et leurs étudiants d’accéder aux financements internationaux, aux programmes de mobilité universitaire et à toute forme de coopération dans les domaines de l’éducation et de la science ».
Instituts de recherche européens
Le CERN – l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire – a initialement suspendu le statut d’observateur de la Russie au sein du prestigieux institut de recherche, affirmant qu’il ne s’engagerait pas « dans de nouvelles collaborations avec la Fédération de Russie et ses institutions ». Le Conseil du CERN a par la suite suspendu la participation de ses scientifiques aux comités scientifiques des institutions russes et biélorusses, dont l’Institut unifié de recherche nucléaire de Russie (JINR). Il a également suspendu le statut d’observateur du JINR au Conseil et décidé de ne pas exercer les droits découlant de son statut d’observateur au JINR. Le CERN a déclaré : « Les valeurs fondamentales de l’Organisation se sont toujours appuyées sur une collaboration scientifique menée par-delà les frontières en tant qu’instrument de paix. Dès lors, l’agression d’un pays par un autre pays va à l’encontre des valeurs que défend l’Organisation. »
La European X-Ray Free-Electron Laser Facility (XFEL) a publié une déclaration souscrite par des parties prenantes représentant le Danemark, la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie, la Pologne, la Slovaquie, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni affirmant qu’elle « n’entamerait pas de nouveaux accords avec les institutions russes et suspendrait ceux qui existent déjà. »
Les universités
L’ Australian National University (Université nationale australienne) a suspendu « tous les liens et activités avec les institutions russes, indéfiniment et avec effet immédiat ». L’ANU a également recommandé de renoncer aux nominations honorifiques dans les institutions russes « si cela devient quelque chose que l’institution utilise à des fins publicitaires » et de ne pas entreprendre « de déplacements financés par la Russie ». La Western Sydney University a suspendu « tous les liens et activités avec les universités et institutions russes avec effet immédiat ».
L’Université de technologie de Kaunas (KTU) en Lituanie a mis fin à ses accords de coopération avec les universités russes et biélorusses.
En Suède, l’Université de Stockholm, l’Université de technologie de Luleå et l’Université de Lund ont suspendu leurs collaborations et échanges avec les universités russes.
Aux États-Unis, l’Arizona Board of Regents, qui supervise les trois universités publiques de l’Arizona, a enjoint à ces établissements – Arizona State University, University of Arizona et Northern Arizona University – de vendre au plus vite tout investissement russe qu’elles détiendraient.
L’Université du Colorado a déclaré qu’elle « prenait des mesures pour sortir de ses investissements dans des entreprises russes » et que réduire ses investissements était « la bonne chose à faire » afin de « montrer [son] soutien au peuple ukrainien ». L’université a également déclaré qu’elle « ne menait pas de recherche financée par des entités russes » et « n’envoyait pas de fonds à des entités russes dans le cadre d’un projet de recherche ».
Le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a mis fin à son partenariat avec le Skolkovo Institute of Science and Technology suite aux « actions militaires inacceptables menées contre l’Ukraine par le gouvernement russe », à titre de « rejet des actions du gouvernement russe ».
L’Université de Syracuse a publié une déclaration selon laquelle elle « se débarrasse de ses investissements financiers en Russie » et n’aura par la suite « aucun investissement en Russie ».
La Texas A&M University a décidé de rompre les liens avec la Russie, y compris les programmes d’échange d’étudiants et de professeurs, les programmes d’études à l’étranger et les accords liés à la recherche.
L’Université du Michigan s’est engagée à ne pas faire « d’autres investissements en Russie » et à « agir aussi rapidement que possible pour sortir de ses investissements restants ».
L’université Yale a retiré des millions de dollars d’investissements russes, « éliminant tout engagement financier de l’université à l’égard de ce pays ».
Au Royaume-Uni, l’Imperial College de Londres a fait l’annonce suivante : il « ne s’associera pas à l’État russe » et « a mis fin [à son] partenariat avec une entité russe détenue majoritairement par l’État ».
Le Russell Group, représentant 24 universités britanniques, a déclaré son soutien aux « mesures prises par le gouvernement pour arrêter le financement des programmes de recherche liés à l’État et aux collaborateurs institutionnels russes, sans pénaliser injustement les étudiants et universitaires », affirmant que ses universités avaient « examiné toute collaborations ou autres liens qu’elles ont pu avoir avec la Russie et [prenaient] les mesures appropriées. »
L’université de Warwick a annoncé son intention de « revoir toutes [ses] relations avec les institutions étatiques russes, en vue de mettre fin aux relations et aux contrats », y compris les échanges d’étudiants.
L’Université de Reading s’est engagée à « examiner toutes les activités qui pourraient soutenir le gouvernement russe », ajoutant qu’il fallait veiller à « éviter les actions qui pourraient blesser des membres de notre communauté ou d’autres personnes, uniquement sur la base de leur nationalité ou de leur pays de naissance ».
En Écosse, l’Université d’Édimbourg s’est adressée à ses gestionnaires d’investissement, en leur demandant un « désinvestissement de toutes [ses] participations russes dans les meilleurs délais ».
Réaction au soutien de l’invasion par l’Union des recteurs russes
Plusieurs universités ont pris des mesures pour mettre fin aux liens avec les universités russes à la suite d’une déclaration de l’Union des recteurs russes affirmant le soutien de leurs universités à l’agression contre l’Ukraine.
L’Association des universités européennes (EUA), après avoir d’abord annoncé qu’elle cesserait de collaborer avec les agences gouvernementales russes, a ensuite annoncé qu’elle suspendrait l’adhésion de 14 universités russes dont les recteurs ont signé la déclaration.
Le Conseil interuniversitaire flamand (VLIR) et le Conseil des recteurs (CRef) en Belgique ont également « pris la décision de suspendre formellement les relations académiques avec les universités ayant signé cette déclaration ».
Le Davis Center for Russian and Eurasian Studies de l’université Harvard a suspendu ses relations avec les institutions russes dont les recteurs ont signé la déclaration.
Universities UK, qui comprend 140 universités à travers le Royaume-Uni, a suspendu son protocole d’accord avec l’Union russe des recteurs (RUR).
L’université de Glasgow a suspendu ses partenariats avec des institutions universitaires russes et biélorusses et tous les « partenariats russes et biélorusses dans le cadre d’évènements ou d’activités que l’Université organise ou dirige ».
L’université de Nottingham a mis fin à « tous les liens officiels avec les universités russes, y compris les projets de recherche en cours, les accords bilatéraux, les protocoles d’accord et tous les projets en cours de développement ».
Sociétés académiques
L‘Union mathématique internationale, qui décerne la prestigieuse médaille Fields, a décidé que son congrès international de juillet, prévu en Russie, aurait lieu en ligne, précisant qu’il serait « mené sans aucune contribution financière du gouvernement russe », qu’« aucun fonctionnaire ou représentant du gouvernement russe ne participerait à l’organisation », et que tous les mathématiciens seraient « les bienvenus pour participer aux activités » du congrès.
La Société mathématique européenne (EMS) a recommandé « que la coopération universitaire avec les institutions publiques et les entreprises commerciales en Russie soit gelée et qu’aucune nouvelle coopération ne soit initiée à l’heure actuelle ». En réponse, un groupe d’éminents mathématiciens et membres de l’EMS a appelé la Société à « appliquer les mêmes principes universels qu’elle a mis en œuvre à juste titre à l’égard de la Russie et à suspendre la coopération universitaire avec les membres corporatifs israéliens. »
Des membres du Conseil consultatif du Centre quantique russe ont démissionné, déclarant : « nous ne voulons pas que nos conseils et notre expertise profitent directement ou indirectement à un gouvernement qui fait la guerre. »
Revues académiques
La Commission Lancet-SIGHT sur les sociétés pacifiques par la santé et l’égalité des sexes a publié une déclaration condamnant « l’utilisation aveugle des armes » par la Russie, qui a causé « des effets catastrophiques sur la santé, en particulier sur les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées, et des perturbations sociales et économiques qui dureront longtemps ».
The Lancet, à plus d’une occasion, a succombé à la pression extérieure et retiré des articles similaires sur les effets dévastateurs des attaques et du siège d’Israël sur la population palestinienne, y compris les enfants, dans la bande de Gaza assiégée par Israël.
Le Journal of Molecular Structure, produit par le géant de l’édition Elsevier, a cessé « d’examiner les manuscrits rédigés par des scientifiques travaillant dans des institutions de la Fédération de Russie ». Les éditeurs ont précisé que cette politique « s’applique uniquement aux soumissions faites par un auteur de toute nationalité basé dans une institution de la Fédération de Russie » et non « aux scientifiques russes travaillant dans d’autres pays ».
À l’inverse du boycott d’Israël, l’ancien rédacteur en chef du British Medical Journal (BMJ) était prêt à entretenir un boycott scientifique de la Russie lorsqu’il a écrit le 9 mars 2022 : « Le BMJ était contre un boycott [d’Israël]… mais il existe un point où l’horreur de ce qui est en train de se produire peut l’emporter sur la haute valeur accordée à “l’universalité de la science“. La Russie a-t-elle atteint ce point avec l’horreur de ce qu’elle inflige à l’Ukraine ? Beaucoup le penseraient. »
Entreprises d’enseignement supérieur
Les entreprises fournissant des services d’enseignement supérieur ont également annoncé des changements dans leurs activités en Russie.
Times Higher Ed (THE) s’est exprimé en ces termes : « nous ferons le nécessaire pour que les universités russes soient moins mises en avant dans [notre] système de classement », ces notations constituant un « moyen approprié de montrer que les actes ont des conséquences », vu que l’on pouvait s’attendre à ce que les performances des universités russes subissent « un impact négatif dû aux actions du gouvernement russe ». THE a également souligné qu’il veillerait à ce que « les universités russes n’utilisent pas l’image de marque ou d’autres opportunités promotionnelles offertes par THE jusqu’à nouvel ordre ».
L’éditeur scientifique Elsevier, dont le siège est aux Pays-Bas, a suspendu toutes les ventes de ses « produits et services en Russie et en Biélorussie », à l’exception de « quelques produits de santé pour aider les cliniciens et les étudiants en santé à fournir des services médicaux et des soins aux patients ».
Une déclaration signée par 15 éditeurs universitaires, à savoir ACS Publications, Apple Academic Press, Brill, Cambridge University Press & Assessment, De Gruyter, Elsevier, Emerald Publishing, Future Science Group, IOP Publishing, Karger Publishers, Springer Nature, The Geological Society, The Institution of Engineering and Technology, Thieme Group et Wolters Kluwer, ont annoncé « l’étape sans précédent consistant à suspendre les ventes et la commercialisation de produits et services aux organismes de recherche en Russie et en Biélorussie ». Les éditeurs ont précisé que leurs actions ne visaient « pas les chercheurs russes, mais plutôt les organismes de recherche en Russie et en Biélorussie » et qu’ils « continueraient à publier et à distribuer des manuscrits d’auteurs de ces pays ».
Coursera et edX, fournisseurs de plateformes de «Massive Open Online Courses» (MOOC) basés aux États-Unis, ont suspendu les contenus émanant d’universités et partenaires industriels russes. Udemy a déclaré qu’il ne poursuivrait pas de nouvelles activités en Russie ou en Biélorussie.
Merci de nous faire savoir si vous êtes au courant de mesures académiques supplémentaires : pacbi.coord@bdsmovement.net