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06/09/24

En canalisant notre chagrin et notre colère, levons-nous pour la libération !

Un an du #GazaGenocide israélien.

Un an après le début du génocide israélo-étasunien retransmis en direct contre 2,3 millions de Palestinien·nes dans la bande de Gaza occupée et assiégée, le peuple palestinien, fragmenté par le colonialisme, reste uni dans sa résistance au génocide et au régime sous-jacent de colonialisme de peuplement et d’apartheid, vieux de 76 ans. Nous appelons le mouvement mondial de solidarité et toute personne de conscience dans le monde entier à intensifier la pression BDS et à isoler l’apartheid israélien et ses institutions complices comme jamais auparavant, dans tous les domaines et sur toutes les plateformes. Voici des conseils sur ce qu’il faut privilégier dans les efforts de solidarité internationale :

1) Contextualisez le génocide dans la Nakba continue de 76 ans

N’oublions pas de replacer ce génocide dans le contexte du régime israélien d’apartheid colonial, qui, depuis la Nakba de 1947-49, s’efforce progressivement d’exterminer le peuple autochtone de Palestine par une Nakba continue de massacres, de nettoyage ethnique, de siège, de destruction, d’incarcération de masse et de vol de terres. Ce régime, qui est à l’origine de la violence et de l’oppression, doit être démantelé.

Comme dans d’autres contextes coloniaux, l’objectif constant d’Israël et du mouvement sioniste a toujours été « un maximum de terres, un minimum d’indigènes », ce qui nécessite l’élimination de la population autochtone. Même le soi-disant chef de l’opposition israélienne « modérée » a déclaré en 2016 : « Mon principe dit un maximum de Juif·ves sur un maximum de terres avec un maximum de sécurité et un minimum de Palestinien·nes ». Le génocide d’Israël à Gaza et ses attaques atroces en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, doivent être vus sous cet angle.

2) Soulignez que la fin de la complicité est une obligation morale (et juridique)

Les gouvernements, ainsi que de nombreuses entreprises et institutions de l’Occident colonial, en particulier les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Union Européenne, ont permis le génocide d’Israël, protégeant ce dernier de la responsabilité internationale et des sanctions ciblées. Redoubler d’efforts pour mettre fin à cette complicité dans les crimes, en particulier dans le crime des crimes, n’est pas un acte de charité. Il s’agit d’une obligation morale et juridique fondamentale.

Cette année, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a statué, le 26 janvier, qu’il était plausible qu’Israël perpètre un génocide à Gaza et, le 19 juillet, que son occupation était illégale et qu’il pratiquait l’apartheid à l’encontre des Palestinien·nes. En fait, la CIJ a clairement indiqué que le BDS « n’est pas seulement un impératif moral et un droit constitutionnel et humain, mais aussi une obligation juridique internationale », comme l’a déclaré Craig Mokhiber, ancien haut fonctionnaire des Nations Unies chargé des droits humains.

3) Reconnaissez la montée du pouvoir populaire et mettez en œuvre un radicalisme stratégique

Le fait que l’axe génocidaire israélo-étasunien ait poursuivi ce génocide pendant un an malgré la condamnation et la pression mondiales ne doit pas occulter ce que nous avons collectivement accompli au cours de cette période de lutte exceptionnelle et de la vague soutenue et sans précédent de mobilisations stratégiques de solidarité :

  1. Le changement radical dans la construction du pouvoir populaire, dans la mise en œuvre de notre radicalisme stratégique, est en train d’isoler le régime génocidaire d’Israël et les entreprises et institutions internationales complices comme jamais auparavant. Les analystes israélien·nes dominant·es prédisent déjà que le régime israélien de colonisation de peuplement et d’apartheid « pourrait ne pas fêter son centenaire » !
  2. Ce pouvoir populaire a permis d’anticiper un carnage et une dévastation encore plus graves de la part d’Israël, notamment en contrecarrant la mise en œuvre effective de son plan d’épuration ethnique massive des Palestinien·nes. 
  3. Le pouvoir populaire et le discours visant à exiger la justice ainsi que des mesures et des actions politiques concrètes, y compris des sanctions, pour mettre fin au génocide, ont conduit les gouvernements (en particulier dans le Sud Global), les conseils locaux et un nombre croissant de fonds souverains à mettre fin à leur complicité avec Israël et même à imposer des sanctions à ce pays d’une manière sans précédent.

Il s’agit de loin du chapitre le plus grave et le plus sanglant de l’histoire de la lutte du peuple autochtone palestinien pour sa libération. Pourtant, la pression de la solidarité à travers le monde pendant des mois n’a pas seulement donné de l’espoir aux Palestinien·nes, mais a également forcé les entreprises et les institutions à commencer à limiter, cacher ou, dans certains cas, nier leur complicité. Il s’agit là d’un indicateur important de l’approche du point de basculement. Seule une mobilisation accrue nous permettra de l’atteindre.

4) Construisez l’espoir pour contrer le désespoir et la « lassitude du génocide »

Malgré les efforts stratégiques persistants que nous avons déployés tout au long de l’année pour intensifier la solidarité, mettre fin au génocide et s’attaquer à ses causes profondes, notamment en perturbant pacifiquement le cours normal des choses, nous n’avons pas réussi à mettre un terme au génocide israélo-étasunien. Ainsi, quel espoir avons-nous ?

Certain·es se plaignent de la « lassitude du génocide ». N’oublions pas que les Palestinien·nes, en particulier à Gaza, n’ont pas le luxe de la « lassitude du génocide », alors qu’Israël continue de massacrer, d’affamer, de déplacer de force et d’exterminer le peuple palestinien. Les Palestinien·nes n’ont jamais perdu espoir dans la résistance opposée depuis des décennies au régime d’oppression impitoyable d’Israël. Cet espoir est ancré dans l’insistance du peuple palestinien à continuer d’exister dans sa patrie, dans sa résistance aux structures de l’oppression coloniale et dans la croissance inspirante du mouvement mondial de solidarité et de son impact.

Par ailleurs, comme le dit l’écrivain Nadeem Aslam, « le désespoir se mérite. Personnellement, je n’ai pas fait tout ce que je pouvais pour changer les choses. Je n’ai pas encore gagné le droit de désespérer ». Nous vous demandons de ne jamais perdre espoir, de ne jamais cesser de construire la pression BDS pour mettre fin à la complicité de votre gouvernement, de votre ville, de votre institution, de votre entreprise ou même de votre syndicat, avec les horreurs indicibles d’Israël. Nous vous demandons de persister, à moins que vous n’ayez épuisé tous les moyens possibles pour mettre fin à la complicité.

5) Liez le génocide israélien à l’ère mondiale de la « loi du plus fort » : plus jamais ça, c’est maintenant !

Le monde n’a jamais été témoin d’un génocide retransmis en direct, un génocide autorisé et justifié sans vergogne par les États-Unis et d’autres puissances coloniales occidentales. Non seulement nous sommes confronté·es à une extermination aux mains de l’axe israélo-étasunien, mais s’il n’est pas stoppé, cet axe pourrait également détruire sans relâche les principes du droit international, poussant l’humanité vers une ère de « la force fait le droit » sans précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale, et reléguant les institutions de l’ONU dans les poubelles de l’histoire.

En octobre, quelques jours après le début du génocide israélien, le président colombien Gustavo Petro a mis en garde contre « la montée sans précédent du fascisme et, par conséquent, la mort de la démocratie et de la liberté. (…) Gaza n’est que la première expérience visant à nous considérer comme des êtres jetables ».

En d’autres termes, « plus jamais ça, c’est maintenant », comme l’ont dit nos partenaires juif·ves. Cela signifie que la priorité la plus urgente de l’humanité est de mettre fin au génocide israélien, tout en reconnaissant que la justice pour les Palestinien·nes croise et est entrelacée avec les luttes pour la justice raciale, climatique, économique, de genre et sociale.

6) Souvenez-vous : notre pouvoir fait lever l’aube

« L’aube se lèvera-t-elle un jour après toutes ces ténèbres ? » est une question que les Palestinien·nes se posent sans cesse face au génocide israélien. Plutôt que d’attendre une réponse, nous exerçons notre pouvoir et créons notre propre destin, avec le soutien de dizaines de millions de personnes à travers le monde qui se tiennent dans une solidarité significative avec notre lutte pour la libération.

Partie intégrante du mouvement de libération palestinien et forme la plus efficace de solidarité internationale avec la lutte pour l’émancipation, la justice, l’égalité et la dignité, pour le retour des réfugié·es et pour des réparations, le mouvement BDS, avec son réseau mondial massif, a été pendant près de deux décennies un catalyseur indispensable pour rapprocher plus que jamais l’aube de cette lutte. Nous canalisons notre chagrin et notre colère pour renforcer le pouvoir des peuples dans le monde entier afin de mettre fin à la complicité des États, des entreprises et des institutions avec le régime d’oppression d’Israël, accélérant ainsi la montée de notre aube.

7) Faites accroitre l’impact de la solidarité et de la contestation de la complicité

Il s’agit bien sûr d’un génocide israélo-étasunien, mais il s’appuie sur des décennies de complicité internationale, directe et indirecte, qui lui ont permis de bénéficier de ce que le secrétaire général de l’ONU lui-même qualifie d’« impunité totale », l’autorisant ainsi à lancer le premier génocide de l’histoire retransmis en direct dans le monde. Chaque État qui a armé, financé ou justifié les atrocités commises par Israël, chaque entreprise, institution, média, fonds d’investissement qui a continué à faire des affaires avec Israël ou avec ses institutions complices est complice. Ils partagent tous la responsabilité du génocide et doivent rendre des comptes.

En fonction de votre contexte, nous suggérons de commencer les activités de commémoration, les protestations et les perturbations pacifiques de toutes les activités habituelles le 1er octobre, en prenant de l’élan pour intensifier la pression au fur et à mesure que le génocide israélien à Gaza atteint un an d’horreur continue. 

Pour renforcer la force de notre mouvement, voici quelques-unes des actions qui ont été les plus efficaces et les plus stratégiques pour canaliser notre colère et notre chagrin illimités dans des actions qui peuvent soutenir de manière significative la lutte de libération palestinienne :

  1. Arrêtez-les ! Perturber pacifiquement les facilitateurs de génocide, en installant des campements d’étudiant·es qui font pression sur les universités pour qu’elles désinvestissent et mettent fin à leur complicité, en occupant des bâtiments gouvernementaux, en interrompant des institutions complices comme la FIFA et les médias qui favorisent le génocide (WSJ, NYT, BBC, etc.), en bloquant les entreprises d’armement par l’intermédiaire de syndicats et de militant·es locaux, en organisant des débrayages dans les écoles, etc.
  2. Obligez les entreprises à mettre fin à leur complicité ! En appliquant la pression contextuelle des boycotts populaires, des campagnes stratégiques de désinvestissement, des larges coalitions intersectionnelles, y compris avec les grands syndicats, des litiges stratégiques et/ou de l’activisme actionnarial efficace, les militant·es et leurs allié·es peuvent obliger les géantes entreprises complices, comme Intel, Chevron, Amazon, Google, HP, Caterpillar, HD Hyundai, Carrefour, McDonald’s, FANUC, Siemens, PUMA, AXA, et d’autres, à réduire leur complicité ou à y mettre un terme. Cela a été fait … à plusieurs reprises !
  3. Bloquez le bateau ! Que vous soyez un groupe d’activistes, de syndicalistes ou de politicien·nes consciencieux·ses, agissez pour stopper les navires et les cargaisons militaires à destination d’Israël par le biais de manifestations, de piquets de grève, de pressions sur les gouvernements, d’actions en justice, de mesures « bureaucratiques » ou de campagnes médiatiques. La Malaisie a interdit à tous les navires israéliens et à destination d’Israël d’accoster dans ses ports ; la Colombie a interdit les exportations de charbon vers Israël ; l’État espagnol et la Namibie ont révoqué les droits d’accostage des navires complices ; des dockers en Inde, en Belgique, en Italie, en Catalogne et ailleurs se sont organisés pour bloquer les bateaux complices ; et des équipes d’avocat·es ont intenté des actions en justice. Des militant·es à Chypre, en Grèce, en Italie et au Maroc ont appelé à bloquer les navires transportant des armes vers Israël.
  4. Pas de technologie pour le génocide ou l’apartheid ! Travailleur·ses de la technologie : organisez au sein du secteur de la technologie le pouvoir de mettre fin à la complicité d’entreprises telles qu’Amazon, Google et Microsoft, qui permettent directement le génocide d’Israël et l’automatisation de son apartheid. Les militant·es organisent des boycotts de HP par les consommateur·rices et font pression sur leurs lieux de travail et leurs écoles pour inciter à l’abandon des contrats avec les cibles du BDS ; les militant·es des conseils municipaux, des syndicats et des institutions organisent des campagnes de désinvestissement des entreprises technologiques complices, notamment Intel, Palantir et Cisco ; les actionnaires activistes demandent une enquête sur les risques sécuritaires et fiduciaires associés à l’investissement dans une zone de « conflit armé ».
  5. Espaces sans apartheid ! Déclarez les églises, les entreprises, les centres communautaires et culturels, les syndicats, les clubs sportifs, etc. des espaces exemptes d’apartheid (AFZ), en utilisant le dernier guide d’organisation AFZ et la boîte à outils, et en s’inspirant des centaines d’AFZ et de communautés exemptes d’apartheid dans le monde entier, de l’Italie à l’Afrique du Sud, du Mexique aux États-Unis et au Japon. Parmi les exemples, citons la ville de Belém (Brésil) qui s’est déclarée exempte d’apartheid israélien, et les villes de Liège (Belgique) et de Barcelone (Espagne) qui ont suspendu tous leurs liens institutionnels avec Israël en raison de ses violations des droits des Palestinien·nes.
  6. Mettez fin à la complicité culturelle ! Mobilisez les engagements collectifs, les boycotts et les actions des artistes, des musicien·nes, des cinéastes et des écrivain·es, ainsi que des organisations artistiques et des syndicats, afin d’isoler le secteur culturel complice de l’apartheid israélien. Allez au-delà des slogans, construisez un véritable pouvoir culturel et défiez la censure, l’effacement raciste et la déshumanisation qui permettent le génocide en direct d’Israël, comme l’ont récemment déclaré des cinéastes palestinien·nes.
  7. Faites pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent fin à leur complicité et imposent des sanctions ! Organisez de larges coalitions intersectionnelles et/ou créez un groupe de plaidoyer/lobby pour faire pression sur les parlementaires, les diplomates et les responsables gouvernementaux afin de faire respecter le droit international et de mettre fin à toutes les relations de complicité avec Israël, qu’elles soient commerciales, militaires, scientifiques, financières, culturelles ou autres, qui peuvent constituer une complicité dans les crimes de guerre (y compris les colonies illégales), les crimes contre l’humanité (y compris l’apartheid), et le génocide. Cela implique de contrer la législation et les politiques anti-palestiniennes (y compris les lois répressives anti-BDS), de déposer des motions qui mettent fin aux relations illégales et de complicité, et d’envisager des litiges stratégiques contre les représentant·es du gouvernement. Continuez à suivre les orientations politiques et les demandes de la société civile palestinienne ici.

Mais n’oubliez pas qu’en l’absence d’une force populaire crédible, soutenue et croissante, nos plus grands efforts de plaidoyer éthique et juridique ne peuvent pas conduire à un changement politique réel !

8) Rendez votre ville, votre institution ou votre syndicat plus éthique !

Organisez des campagnes stratégiques et intersectionnelles pour faire pression sur les fonds d’investissement/de pension et les institutions (conseils municipaux, universités, églises, hôpitaux, institutions culturelles, syndicats, etc.) afin qu’ils adoptent des politiques d’achat éthiques (EPP) et des politiques d’investissement éthiques (EIP), le cas échéant, qui excluent les entreprises impliquées dans de graves violations des droits humains où qu’elles se trouvent. Ces lignes directrices peuvent ensuite être appliquées pour exclure les entreprises impliquées dans le génocide, l’apartheid, l’occupation militaire et les colonies d’Israël. Parmi les nombreux exemples inspirants, citons les conseils municipaux de Hayward et de Richmond en Californie (États-Unis), le conseil municipal de Derry et le conseil du district de Strabane (Irlande du Nord), le conseil municipal de Bologne et le conseil régional d’Émilie-Romagne (Italie), ainsi que la ville de Sydney (Australie). Les villes d’Oslo (Norvège) et de Gand (Belgique) ont annoncé la fin du commerce des biens et services produits dans les zones illégalement occupées.