Monsieur Clerc,
La campagne BDS-France vous a remis en main propre une lettre ouverte après un concert donné au théâtre du Châtelet à Paris. Cette lettre avait pour objet de vous demander de ne pas donner de récital en Israël.
Vous avez répondu sur les pages du Nouvel Obs : « Je ne peux que prêcher la tolérance mutuelle et souhaiter qu’Israéliens et Palestiniens arrivent un jour à vivre ensemble. » Pourtant, en tant qu’ambassadeur de bonne volonté du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, vous ne pouvez pas ignorer que les réfugiés palestiniens sont, après 65 ans, les plus anciens réfugiés du monde. Vous ne pouvez pas être aveugle au fait que l’obstacle au retour des réfugiés palestiniens chez eux tient au refus d’Israël de se conformer aux résolutions de l’ONU.
Vous ne pouvez pas non plus ignorer qu’Israël occupe, colonise activement jour après jour et chasse la population palestinienne de la Cisjordanie, ni qu’il maintient Gaza en prison. Le « vivre ensemble » que vous appelez de vos vœux est irréalisable tant que la justice et le respect du droit international sont bafoués en toute impunité.
Cher Julien Clerc, irez-vous chanter en Israël sachant que le peuple palestinien ne pourra venir vous applaudir car il est relégué derrière un mur de séparation que la Cour Internationale de Justice a condamné par ces mots : « L’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé – y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est – et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international ». Pouvez-vous cautionner par votre présence et votre chant la politique d’oppression quotidienne exercée en toute impunité sur la population palestinienne ?
Pouvez-vous, vous l’ambassadeur de bonne volonté, faire comme si vous ne saviez pas ?
Vous avez aussi écrit : « Ce n’est certainement pas un artiste français qui peut régler ce problème. » Certes oui, pas un artiste, mais de nombreux artistes ! Ces quatre dernières années, de nombreuses figures du monde artistique : Cassandra Wilson, Natacha Atlas, Cat Power, Jello Biafra, Lhasa, Gilles Vigneault, Roger Waters, Elvis Costello, Carlos Santana, Annie Lennox, Vanessa Paradis, Gil Scott-Heron, Les Pixies ou Massive Attack, et aussi Peter Brook Susan Sarrandon, ont dit non à l’apartheid israélien en refusant de se produire dans le pays de l’apartheid israélien.
Ils sont rejoints par de nombreuses personnalités du monde universitaire. Il y a trois semaines, le célèbre physicien Stephen Hawking a décidé pour la première fois de ne pas se rendre en Israël à l’invitation du président d’Israël Shimon Peres.
Monsieur Clerc, la décision vous appartient. Vous pouvez vous produire en Israël, ce qui sera exploité sur place comme un soutien à la politique israélienne de nettoyage ethnique. Vous êtes également libre de gagner en estime en ne vous y rendant pas. L’histoire juge déjà la politique d’Israël, qui comme on dit, « ne fait pas photo ». Par votre présence ou non, elle vous jugera aussi. Nous vous invitons, comme nous l’aurions fait à l’époque de l’apartheid sud africain, à faire le bon choix.
Collectif solidarité Palestine 31 : [AP31, AFPS, ATTAC, CCFD-Terre Solidaire, CCIPPP, Le Cri, Génération Palestine, GUPS, Maison de Quartier de Bagatelle, Mouvement de la Paix (Comité 31), MRAP, Parténia, Stop Apartheid Toulouse, FSU, la CGT 31, Solidaires, EELV, FdG 31 (Les Alternatifs, CA/GA, FASE, GU, PCF, PCOF, PG), MJCF, Motivé-e-s, NPA, Partit Occitan].
Collectif Palestine libre, Coup pour coup 31.