Miss Kittin
MLPJ Entertainment
https://www.facebook.com/misskittin
https://twitter.com/MissKittinMusic
Paris le 24 novembre 2013
Chère Miss Kittin,
Nous avons appris que vous projetiez de donner un spectacle au Block Club à Tel Aviv la semaine prochaine. Vous êtes l’une des DJ les plus connues de la planète, et votre présence est la garantie d’une soirée festive de grande qualité.
Nous tenons néanmoins à vous informer qu’en même temps que vous ferez danser quelques centaines de citoyens israéliens, le gouvernement israélien se frottera les mains du soutien, indirect, que vous lui aurez apporté pour continuer sa politique déplorable aux dépens du peuple palestinien.
En effet, les tentatives israéliennes pour masquer l’oppression des Palestiniens depuis plusieurs décennies s’appuient sur la capacité d’Israël à conserver une image progressiste et démocratique aux yeux de la communauté internationale. A ce propos, les propriétaires du Block Club, où vous envisagez de vous produire, sont très fiers que le Ministre israélien des Affaires étrangères utilise leur nom dans ses vidéos promotionnelles. Ce même ministre qui «voit la culture comme un outil de propagande de premier plan et ne distingue pas entre propagande et culture», et qui utilise tous les spectacles internationaux à de telles fins de propagande. Alors que Tel Aviv est souvent présentée comme une ville «cool» et «éclairée», elle s’est, comme beaucoup d’autres villes israéliennes, étendue sur les ruines de plusieurs villages palestiniens dont les habitants ont été tués ou expulsés pendant la Nakba, l’épuration ethnique qui a eu lieu en 1948.
Israël va même souvent jusqu’à se présenter comme « la seule démocratie du Moyen-Orient», alors que la politique israélienne d’apartheid est partie intégrante même de quelque chose d’aussi léger et joyeux qu’un spectacle musical. Ainsi, les fans palestiniens de votre musique, qui vivent sous la brutale occupation militaire d’Israël en Cisjordanie ou dans les conditions du siège hermétique de la bande de Gaza, ne seront pas autorisés à venir à Tel Aviv assister à votre spectacle. Bien sûr, ceci n’est qu’un petit exemple et les privations causées par l’occupation vont bien au-delà de l’interdiction d’assister à un concert. Tous les aspects de la vie des Palestiniens sont contrôlés par l’armée d’occupation israélienne, depuis la possibilité d’étudier, de travailler ou de voyager, jusqu’aux permis de construction sur leur propre territoire. À Silwan, près de Jérusalem Est, à 45 minutes du lieu prévu de votre concert, des enfants ont récemment été arrêtés et subi de violents interrogatoires policiers, sans l’assistance de leurs parents ou d’un avocat. Les Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza (56% d’entre eux étant des jeunes) supportent un siège qui affecte leur santé, limitant leur accès à l’eau, aux soins et traitements médicaux, et aux matériaux de construction.
De nombreuses personnalités, et parmi elles de nombreux musiciens et artistes, sont venues voir par elles-mêmes le traitement des Palestiniens sous domination israélienne, avec l’intention de se servir de leur art pour changer l’opinion publique israélienne et répandre un message de paix. Ces artistes ont finalement compris que leurs spectacles, malgré leurs bonnes intentions, ont été détournés et utilisés pour donner un feu vert à l’actuelle politique d’oppression d’Israël.
Des représentants de la société civile palestinienne, incluant plus de 170 organisations différentes, de femmes, d’universitaires, de travailleurs, ont lancé un appel en faveur d’une campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) contre la politique israélienne. Ils demandent en particulier aux artistes internationaux de ne pas se produire en Israël jusqu’à ce que cet Etat respecte le Droit international et change de politique.
Face à l’impunité d’Israël, des militants et des citoyens de conscience relaient cet appel au BDS partout dans le monde. Des artistes de tous les pays et de tous styles musicaux ont entendu et répondu positivement à cet appel. Citons par exemple Cassandra Wilson, Natacha Atlas, Annie Lennox, Cat Power, Vanessa Paradis, Lhasa, Roger Waters, Elvis Costello, Carlos Santana, Stevie Wonder, Gil Scott-Heron, MF Doom, Joker, Jello Biafra, Nigel Kennedy, Gilles Vigneault, Salif Keita, Ewok, Faithless, The Pixies, The Klaxons, The Killers, Gorillaz Sound System ou Massive Attack, mais aussi Peter Brook, Susan Sarandon et de nombreux metteurs en scène et comédiens du monde entier.
Chère Miss Kittin, que vous le souhaitiez ou non, vos concerts seront interprétés comme un soutien politique à l’Etat israélien, et pas comme un simple événement culturel. Nous espérons, au contraire, pouvoir vous compter parmi les artistes de conscience qui se sont joints au boycott et se sont engagés à ne pas légitimer les politiques racistes de l’Etat israélien.
Nous restons à votre entière disposition pour vous fournir toute autre information utile sur cette question.
La Campagne BDS France
21 ter rue Voltaire
75011 Paris
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Miss Kittin
MLPJ Entertainment
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Paris, 24 November 2013
Dear Miss Kittin,
We have learned that you are planning to do a show next week at the Block Club in Tel Aviv. We know you’re one of the most famous DJs on the planet, and your presence always ensures that a festive evening will be a top-quality event. But we want to tell you that, while you’ll be making a few hundred Israeli citizens dance, the Israeli government will be rubbing its hands in glee at the indirect support that you will be showing for its deplorable policies towards the Palestinian people.
Israel’s attempts to conceal its decades-long oppression of the Palestinians rely on its ability to maintain a progressive and democratic image in the eyes of the international community. The owners of the Block Club, where you’re planning to perform, are very proud that the Israeli Ministry of Foreign Affairs is using their name in its promotional videos. This is the same ministry that “sees culture as a first-rate propaganda tool and doesn’t differentiate between propaganda and culture”, and which uses all international gigs for the same propaganda purposes. While Tel Aviv is often marketed as a “cool” and “enlightened” city, it has grown, like many other Israeli cities, on the ruins of several Palestinians villages whose inhabitants were killed or driven out during the Nakba, the ethnic cleansing that was carried out in 1948.
Israel even goes as far as promoting itself as « the only democracy in the Middle East », whereas Israel’s apartheid policy is an integral part of even something as gay and light-hearted as a musical gig: therefore your Palestinian fans, living under the brutal Israeli military occupation of the West Bank and the hermetic siege of the Gaza Strip, won’t be allowed to come to Tel Aviv and enjoy your performance. Of course this is only one small example; the hardship suffered by those living under occupation goes way beyond the denial of access to a show. All aspects of Palestinians’ lives are controlled by Israel’s occupying army, from the ability to study, work or travel, to obtaining permits in order to build on their own land. In Silwan near East Jerusalem, just 45 minutes from where you’ll be performing, young children were recently arrested and subjected to violent police interrogations, without the presence of their parents or a lawyer. The Palestinians living in the Gaza Strip, 56% of whom are children, live under a blockade that harms their health, limiting their access to water, medicines and medical treatment.
Many prominent figures, including many musicians and artists, have gone to see for themselves how Palestinians living under Israeli domination are treated, their aim being to use their art in order to change Israeli public opinion and spread a message of peace. But those artists came to realise that, despite their own good intentions, their performances had been hijacked and used as if giving a green light to Israel’s policies of oppression.
Representatives of Palestinian civil society, including more than 170 academic, women’s and workers’ associations, have launched an appeal for a campaign of Boycott, Divestment and Sanctions (BDS) against Israeli policies. They are asking international artists, in particular, not to perform in Israel until that State respects international law and changes its policies.
Faced with Israel’s impunity, activists and citizens of conscience are spreading this BDS appeal all over the world. Artists of all musical styles and from all countries have heard and responded positively to this appeal. Here are some of them: Cassandra Wilson, Natacha Atlas, Annie Lennox, Cat Power, Vanessa Paradis, Lhasa, Roger Waters, Elvis Costello, Carlos Santana, Stevie Wonder, Gil Scott-Heron, MF Doom, Joker, Jello Biafra, Nigel Kennedy, Gilles Vigneault, Salif Keita, Ewok, Faithless, The Pixies, The Klaxons, The Killers, Gorillaz Sound System and Massive Attack – but also Peter Brook, Susan Sarandon and numerous other actors and filmmakers from around the world.
Dear Miss Kittin, whatever you might wish, your show will be interpreted as a sign of political support to the State of Israel, and not simply as a cultural event. We hope you’ll be among the artists of conscience who have joined the boycott and refused to lend legitimacy to the State of Israel’s racist policies.
We’re ready of course to provide any more information that you might need on this issue.
Yours sincerely,
The French BDS Campaign
La Campagne BDS France
21 ter rue Voltaire
75011 Paris