Au mois de janvier, nous avons adressé le courrier ci-dessous à la direction du Palais des Glaces à Paris, au sujet de la programmation d’un spectacle du comédien Yohay Sponder le 20 février.
Madame, Monsieur le Directeur,
Nous avons pris connaissance de votre décision d’inviter le comédien Yohay Sponder au Palais des Glaces le 20 février prochain, dans un show intitulé : « Self loving Jew ».
En raison de la guerre génocidaire menée par Israël sur la bande de Gaza, nous vous serions reconnaissants de reconsidérer l’accueil de ce jeune comédien par ailleurs réserviste de l’armée israélienne et d’annuler son spectacle comme l’a fait récemment la salle BOOM Chicago à Amsterdam.
Vous n’êtes pas sans savoir que selon le ministre de la santé de Gaza le bilan provisoire actuel serait de plus de 47 000 personnes assassinées dont plus de 18 000 enfants, plus de 100 000 blessés, mutilés, disparus sous les ruines, des charniers découverts remplis de corps torturés, une famine délibérément organisée, la torture systématiquement employée à l’égard des prisonnier-ères… Israël détendrait le record mondial du meurtre de journalistes, (200 à ce jour) de travailleurs humanitaires, de fonctionnaires de l’ONU et de professionnels de la santé. Nous vous rappelons par ailleurs que le cessez-le-feu actuel n’est que temporaire et fragile.
Vous ne pouvez ignorer que le 26 janvier 2024, la Cour Internationale de Justice (CIJ), a indiqué dans le cadre de l’Application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza qu’il existe un risque plausible que des actes de génocide aient été commis par les autorités israéliennes à l’encontre de la population palestinienne de la bande de Gaza. La CIJ a précisé à cette occasion « qu’une obligation d’agir pour prévenir la commission de ce crime était impérative et s’imposait à l’égard de tous», comme elle l’a rappelé à nouveau le 28 mars et le 24 mai 2024.
Le 19 juillet 2024, une fois de plus, la CIJ rendait un avis relatif aux Conséquences juridiques des politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé. La Cour indiquait que ces violations du droit international doivent cesser dans les plus brefs délais et qu’il est du devoir de tous de « faire respecter » par l’État d’Israël le droit international humanitaire.
Une enquête complète d’Amnesty International publiée le 5 décembre 2024, un appel de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme le 12 décembre puis des rapports de Human Rights Watch et de Médecins Sans Frontières ont confirmé le crime de génocide contre la population de Gaza : déplacements forcés, destructions de structures hospitalières, coupures permanentes d’eau et d’électricité, entraves à la délivrance d’aides humanitaires, etc …
Donner la parole au cours d’un spectacle comique à un soldat de l’armée israélienne, qui est à proprement parler plus un propagandiste qu’un comédien – il a été invité à des événements de lobbying aux États-Unis par des groupes de pression israéliens et nous offre des blagues hilarantes comme : “Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’arabes dans Star Wars ? Parce que c’est un flm sur le futur” en plein génocide – est injustifiable.
Le Palais des Glaces ne peut en aucun cas être associé de près ou de loin à la tournée de cet ambassadeur de la guerre, représentant d’un gouvernement génocidaire, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ex ministre de la défense Yoav Galant sont soumis à un mandat d’arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale le 21 novembre 2024.
Par ailleurs, un appel au boycott culturel de la société civile palestinienne visant à refuser la normalisation du génocide en cours, à luter contre l’impunité et à faire pression sur Israël, est relayé par des centaines d’artistes dans le monde, dont la France à travers l’appel des Artistes Pour la Palestine, et un nombre croissant d’Israélien·nes.
Nous vous demandons de vous joindre à ce mouvement grandissant et d’annuler la représentation de Yohay Sponder, particulièrement mal venue au regard du contexte actuel. Nous attirons votre attention sur le fait que de jeunes réservistes comme lui tombent sous le coup de mandats d’arrêts et peuvent être arrêtés, comme cela a été le cas en Inde ou au Brésil.
Nous sommes prêt·es à vous rencontrer pour discuter avec vous de cette invitation qui nous paraît inacceptable et indigne d’un lieu culturel tel que le vôtre.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous présentons nos salutations respectueuses.
La Campagne BDS France
