Par PACBI
03.06.2014 – Le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a récemment réussi à dissuader d’éminents universitaires de participer à des conférences israéliennes et cette avancée marque nettement une tendance à dépouiller les institutions israéliennes de leur respectabilité académique, et à convaincre davantage d’universitaires de s’abstenir de collaborer avec le régime israélien d’occupation et d’apartheid. Deux conférences prévues pour juin 2014 ont maintenant perdu leurs principaux conférenciers annoncés : du 7 au 9 juin, la conférence sur l’histoire orale à l’Université hébraïque de Jérusalem, et du 8 au 11 juin, le colloque sur les études cinématographiques et en télévision à l’Université de Tel-Aviv (UTA).
Arrestation d’un jeune Palestinien, Al-Quds occupée, 29 mai 2014
Dans les deux cas, les chercheurs internationaux ont annoncé qu’ils n’accepteraient pas l’invitation à faire des conférences, tandis que le conférencier de la séance plénière a retiré sa participation prévue. Dans les deux cas, les organisateurs ont été contraints de se replier sur des conférenciers israéliens locaux, et la majorité des contributions aux deux forums viennent désormais d’institutions locales. Le caractère international supposé des conférences est de toute évidence maintenant une mascarade. Les universitaires israéliens, à défaut de soutenir les droits civiques de leurs collègues palestiniens, sont de plus en plus entre eux.
En neuf ans depuis 2005, quand 170 organisations de la société civile palestinienne ont demandé à la communauté internationale de boycotter, de désinvestir et de sanctionner le régime continu d’apartheid et l’occupation israélienne illégale et brutale, l’appel a été repris par des centaines d’organisations à travers le monde. Récemment, la communauté universitaire US, qui semblait imprenable, a montré un engagement croissant envers les droits civils palestiniens et une opposition à l’occupation, comme l’ont fait des universitaires en Irlande, en Australie, en France, en Espagne et ailleurs.
De plus en plus, la focalisation se déplace sur la collaboration académique avec les universités israéliennes qui débouche sur la participation à des conférences en Israël ainsi qu’à des projets communs de recherche. L’enseignement supérieur israélien n’a jamais agi en soutien de la fin de l’occupation ou pour les droits civils, encore moins pour la liberté académique des Palestiniens, malgré une longue fermeture des institutions universitaires par les forces d’occupation, qui a duré dans certains cas plus de quatre années, ainsi que contre le harcèlement quotidien des professeurs et des étudiants en Israël et dans le territoire palestinien occupé (TPO).
S’exprimant au nom de nombreux spécialistes de l’histoire orale qui ont signé un appel à boycotter la conférence de Jérusalem, le professeur Rosemary Sayegh, attaché de recherche au Carnegie Middle East Center à Beyrouth, au Liban, a commenté sur ce développement, remerciant les universitaires qui se sont retirés : « La réponse à notre campagne de boycott de la conférence internationale sur l’histoire orale de l’Université hébraïque est encourageante. Elle montre sans équivoque que les chercheurs du monde entier prennent de plus en plus conscience de la façade de respectabilité que les universités israéliennes donnent à un régime colonialiste, et comment elles l’aident. Le rôle particulier de colonisation de l’Université hébraïque a été largement exposé. Le grand nombre de signataires obtenu justifie également les pétitions comme méthode de campagne. Grâce aux deux pétitions, nous avons pu informer un large segment d’universitaires internationaux des façons dont l’Université hébraïque et l’Université de Tel Aviv soutiennent l’Etat. »
Le cinéaste et pédagogue John Greyson a ajouté sa voix à celles qui soutiennent le boycott académique et culturel : « L’appel au boycott ne vise pas des universitaires ou des cinéastes ou des films en soi – c’est l’inverse – il demande au contraire aux conférences et festivals internationaux de refuser les financements en provenance de l’Etat israélien et ses institutions complices lorsqu’ils présentent un chercheur ou un film ou un cinéaste israélien – de même que l’appel demande aux universitaires et aux artistes de ne pas participer aux festivals ni d’accepter les invitations à des événements professionnels qui reçoivent ce type de financement (en Israël ou ailleurs) et de ne pas se rendre en Israël à d’autres fins que d’opposition. Ainsi, l’objectif n’est pas la culture israélienne – la cible, c’est l’appareil étatique impliqué dans l’occupation et autres violations des droits de l’homme. »
Le professeur Michel Chanan, de l’Université de Roehampton, à Londres, a ajouté : « Récemment, le gouvernement israélien a également modifié les règles du soutien public à la production de film, rendant impossible aux productions d’obtenir un financement si elles ne soutiennent pas officiellement le gouvernement et Israël en tant que « Etat juif ». Ainsi aucune voix critique n’aura droit à une tribune. Cette mesure, ajoutée à de nombreuses initiatives juridiques anti-démocratiques et politico-économiques au cours des deux dernières années, font d’Israël non seulement un agresseur militaire, mais une société profondément antidémocratique. »
L’action pour le boycott des deux conférences a été menée par des membres de BRICUP (British Committee for Universities in Palestine) et USACBI (US Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israël), et soutenue par les deux organisations. Ces organisateurs remercient les éminents chercheurs internationaux pour leur position de principe, et demandent à la communauté universitaire internationale de suivre leur exemple.
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Source : PACBI
Traduction : MR pour BDS France