Menu
28/03/25

La Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI) reçoit le soutien de Boiler Room

Nous demandons à tous les autres événements musicaux de Superstruct de prendre leurs distances avec les investissements complices de la société mère KKR et de respecter les lignes directrices du BDS.

Date d'origine : 26/03/2025
Auteur : La Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d'Israël (PACBI)
Source : Site du BNC

La Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI) reçoit le soutien de la plateforme de musique et de danse Boiler Room. Boiler Room a annoncé son soutien aux lignes directrices du BDS pour le boycott culturel international d’Israël, ainsi que sa prise de distance avec les investissements israéliens complices de la société de capital-investissement KKR, qui possède la société mère de Boiler Room, Superstruct Entertainment.

Le PACBI, membre fondateur du Comité National Palestinien BDS (BNC), la plus grande coalition palestinienne qui dirige le mouvement BDS mondial, appelle tous les autres événements musicaux appartenant à Superstruct à prendre leurs distances avec les investissements de KKR dans le secteur technologique israélien complice1.

Tous les festivals et entreprises appartenant à Superstruct Entertainment sont clairement impliqués dans la complicité de la société mère KKR avec le génocide israélien et le régime sous-jacent d’apartheid et de colonisation de peuplement, même s’ils n’y sont pour rien. Quoi qu’il en soit, ils ont donc une obligation éthique indéniable et profonde de prendre d’urgence une position claire contre cette complicité.

Les boycotts et protestations populaires au Boiler Room, au Flow Festival, au Mighty Hoopla et au Lost Village, parmi d’autres événements appartenant à Superstruct, reflètent le soutien généralisé des musicien·nes, des DJs et du public en faveur de la responsabilisation. Nous apprécions profondément cette solidarité et cette organisation significatives.

L’année dernière, plus d’une centaine d’artistes ont boycotté le Festival de Musique SXSW à Austin, au Texas, en raison de son partenariat avec l’armée américaine et les fabricants d’armes américains, responsables du génocide étasuno-israélien à Gaza. SXSW a renoncé à ces partenariats, une grande victoire pour le mouvement BDS !

Peu après, des centaines d’artistes ont boycotté et protesté contre le parrainage par la banque Barclays des festivals de musique britanniques de Live Nation, en raison du rôle de Barclays dans le financement des fabricants d’armes qui fournissent le génocide israélien. Live Nation a mis fin à son partenariat avec Barclays : une autre victoire impressionnante pour les artistes et les organisateur·rices, démontrant ainsi l’action collective des musicien·nes.

Le fondateur du club le plus en vue de Tel Aviv, The Block, a admis auprès d’un chercheur allemand en 2022 que « la campagne de boycott #DJsForPalestine [a entraîné] une tendance à la baisse : le BDS est devenu plus fort… Soudain, les DJs qui avaient l’habitude de jouer avec nous n’ont plus voulu jouer. » Il a ajouté : « Depuis l’émergence du BDS sur le devant de la scène… Plus personne n’écrit sur nous. »

Le Block a fermé définitivement ses portes peu après, clôturant 14 ans d’activité. Avant sa fermeture, son fondateur avait parlé de l’« importance » du club pour la « réputation d’Israël dans le monde », qui contribuait tellement à blanchir le régime israélien d’oppression coloniale contre les Palestinien·nes que « la branche Hasbara [propagande] du Ministère des Affaires Étrangères l’avait choisi pour représenter l’État d’Israël » dans les documents officiels. Un juge de Tel-Aviv a approuvé, liant la réputation internationale de la ville de l’apartheid à la proéminence et à la poursuite de The Block.

Depuis 2019, le BDS a également appelé au boycott des clubs allemands anti-palestiniens, notamment ://about blank et Conne Island. Selon les médias allemands, le BDS a causé des « dommages massifs » à ://about blank, et il est « incertain » que le club berlinois raciste « survive » jusqu’en 2030. De même, le BDS « nuit gravement » au club raciste de Leipzig, Conne Island, et lui « cause des difficultés financières ».

D’autres campagnes visant les institutions allemandes complices Berghain et HÖR Berlin (et au-delà de la musique, la Berlinale et la Foire du livre de Francfort) prennent également de l’ampleur, les artistes refusant de plus en plus de blanchir le génocide par l’art. Les artistes consciencieux·ses reconnaissent le pouvoir des campagnes stratégiques : des centaines d’institutions de danse, de théâtre, de littérature, d’arts visuels et de cinéma ont récemment soutenu l’appel du PACBI en faveur du boycott culturel d’Israël.

KKR est pourtant l’une des plus grandes sociétés de capital-investissement au monde. Elle devrait être obligée de se désinvestir entièrement du secteur technologique israélien, qui, comme l’ensemble de l’économie israélienne, est en train de sombrer. Le BDS a déjà incité certaines des plus grandes entreprises du monde, dont McDonald’s, Intel, Disney et d’autres, à réduire ou à tenter de dissimuler leur complicité dans le génocide israélien de Gaza.

Mais la question qui se pose aux artistes, aux organisateur·rices et aux sympathisant·es est la suivante : comment pouvons-nous nous assurer que nos efforts collectifs sont les plus efficaces, les plus cohérents sur le plan moral et, surtout, qu’ils nous rapprochent des objectifs stratégiques de notre mouvement, à savoir mettre fin à la complicité internationale dans le génocide, y compris la complicité de Superstruct Entertainment ?

Comment pouvons-nous équilibrer nos principes éthiques d’une part et l’efficacité stratégique d’autre part, sans jamais perdre de vue l’un ou l’autre ? Comment s’assurer de ne jamais tomber dans le piège de la pureté politique ou de l’incohérence éthique ? Ces questions sont une caractéristique constante de nos évaluations et de nos approches de toutes les campagnes de boycott culturel, et sont particulièrement complexes dans le cas présent.

Un facteur que le PACBI a incorporé dans nos demandes ci-dessous est la mesure dans laquelle les événements appartenant à Superstruct ne peuvent jamais vraiment mettre fin à leur propre complicité involontaire dans les investissements israéliens de KKR, tant que le statut actuel de la propriété demeure. Si KKR profite est finalement bénéficiaire, tout engagement dans ces événements ne constitue-t-il pas une certaine culpabilité, même si elle est lointaine ?

La structure corporative du capital mondial signifie que cette question est presque inévitable dans de nombreux contextes, au-delà de KKR et de Superstruct. Pourtant, nous ne rejetterions pas, par exemple, le soutien vocal d’un artiste signé par un grand label qui est lui-même indirectement impliqué dans le génocide israélien. L’un des principes fondamentaux du BDS est de faire la distinction entre complicité volontaire et involontaire. La position la plus éthique qu’un artiste ou une organisation, qui n’a que peu ou pas d’influence sur ses liens indirects de complicité, puisse adopter est de compenser cette complicité involontaire en respectant les lignes directrices du BDS et en s’exprimant en faveur de la libération du peuple palestinien et de ses droits stipulés par les Nations Unies.

En gardant à l’esprit tout ce qui précède, et en s’appuyant sur notre expérience de plus de deux décennies, le PACBI propose quatre demandes clés que les festivals appartenant à Superstruct devraient satisfaire, au minimum – comme l’a fait Boiler Room – pour éviter les boycotts ciblés et/ou les campagnes de pression sur la base de la complicité d’entreprise.

Ces demandes stratégiques sont réalistes, moralement cohérentes et ancrées dans le droit international. Nous demandons instamment à tous les festivals appartenant à Superstruct de les satisfaire, et nous demandons instamment aussi aux partisan·es des droits des Palestiniens de faire pression sur les festivals pour qu’ils le fassent !

  1. « Pourquoi KKR, le nouveau propriétaire de Flow, pose-t-il problème ? » https://flowstrike.info/faq ↩︎