Afin de protester contre le traitement réservé par l’Etat hébreu aux Palestiniens, ce professeur de mathématiques à l’université de Cambridge a adressé la semaine dernière une lettre au président israélien, Shimon Pérès, pour justifier sa décision de se retirer de la conférence qu’il organise en juin, indique le quotidien. Le Britannique avait auparavant accepté l’invitation de M. Pérès à assister à sa cinquième conférence annuelle, intitulée « Faire face à demain 2013 ». Il y était attendu aux côtés de personnalités telles que l’ancien président américain Bill Clinton, de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair ou encore de la chanteuse Barbara Streisand. Coïncidant cette année avec les 90 ans du président israélien, l’affront n’en est que plus vivement ressenti.
Dans une déclaration publiée avec son accord, le Comité britannique pour les universités palestiniennes (CBUP), qui soutient ce boycott et s’oppose à l’occupation des territoires palestiniens, explicite « sa décision prise en toute indépendance de respecter le boycott, sur la base de sa connaissance de la Palestine et des conseils unanimes de ses contacts académiques là-bas », rapporte le Guardian. Au sein de l’université britannique de Cambridge, où M. Hawking travaille depuis 1962, on la justifie en revanche par des « problèmes de santé ». Atteint de sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot), Stephen Hawking se serait vu déconseiller par ses médecins de prendre l’avion.
UNE DÉCISION POLÉMIQUE
Depuis l’annonce de sa participation à cette conférence, il y a quatre semaines, Stephen Hawking croulait sous les messages venus de Grande-Bretagne et d’ailleurs pour l’enjoindre à rejoindre la campagne BDS. Désormais, ce sont les accusations d’antisémitisme qui s’accumulent dans les boîtes e-mail du physicien. On ne lui prête pourtant aucun propos de cette nature en public. Depuis sa visite en 2006 dans des universités israéliennes et palestiniennes, le scientifique aurait durci sa position à l’égard d’Israël. En 2009, le physicien a dénoncé l’opération Plomb durci menée pendant trois semaines par Israël dans la bande de Gaza, qualifiant de « disproportionnée » la réponse apportée par l’Etat hébreu aux tirs de roquettes palestiniens. « La situation ressemble à celle qui prévalait en Afrique du sud avant 1990 et ne peut continuer », avait-il déclaré sur la chaîne Al-Jazira.
Dans le monde académique, la décision de Stephen Hawking est diversement accueillie. La campagne de boycott anti-israélienne, recueillant un certain écho sur les plans culturels ou économiques, fait davantage polémique dans les milieux intellectuels et académiques. L’intellectuel juif américain et fervent défenseur de la cause palestinienne, Noam Chomsky, favorable au boycott et au désinvestissement envers les sociétés faisant affaire dans les territoires occupés, a ainsi qualifié le boycott général d’Israël de « cadeau fait aux jusqu’au-boutistes israéliens et à leurs soutiens américains ».
En Israël, la décision du célèbre physicien choque. En 2011, le Parlement israélien avait d’ailleurs promulgué une loi faisant de l’appel au boycott par un individu ou une organisation un délit civil qui peut entraîner le paiement de dommages et intérêts. « L’utilisation du boycott académique contre Israël est inapproprié et scandaleux, en particulier pour ceux à qui l’esprit de liberté est la base de la mission humaine et académique, a ainsi déploré Israël Maimon, le président de la conférence annuelle de Shimon Pérès. Israël est une démocratie au sein de laquelle chacun peut trouver à s’exprimer, quelles que soient ses opinions. Une décision de boycott est incompatible avec un discours ouvertemement démocratique. »
http://www.guardian.co.uk/world/2013/may/08/stephen-hawking-israel-academic-boycott
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