Saphirnews : Avant d’entrer dans le vif du sujet, un mot d’actualité : quel regard portez-vous sur le climat régnant en France après-Charlie ? Avec quel impact sur votre travail ?
C’est dans ce contexte que sont célébrés les 10 ans de la campagne BDS. Quel bilan en dressez-vous en France ?
Ainsi l’Union européenne, dont la France, a promulgué des mesures (les « Lignes directrices ») visant à proscrire tout financement de sociétés opérant dans les colonies israéliennes. Ces mesures, si limitées soient-elles, sont un point d’appui pour interpeller les responsables des grandes surfaces pour qu’ils fassent retirer les produits des colonies des étalages.
Dans un autre domaine, le boycott culturel, qui vise à empêcher Israël à se servir des artistes pour se blanchir de ses crimes, a un impact aussi, parce qu’il établit la vérité sur l’image qu’Israël souhaite se donner en se faisant passer pour un pays ouvert à toutes les cultures.
De quelles avancées, ou même victoires, pouvez-vous vous prévaloir ?
La société Veolia a annoncé qu’elle allait se retirer d’Israël. BDS France contribue à ces reculs. Nous avions contribué à la faillite en 2011 de l’entreprise Agrexco, entreprise israélienne d’exportation de fruits et légumes dont la plupart proviennent des colonies de Cisjordanie et du Golan.
Aux Etats-Unis, en Californie, plusieurs cargos de marchandises israéliennes ont été bloqués dans des ports et ont du rebrousser chemin. Dans divers pays, de nombreux et importants syndicats ont adhéré à BDS, de nombreux contrats avec des sociétés israéliennes ont été rompus.
La campagne semble bien mieux comprise et développée dans le monde anglo-saxon. Ici, à quoi imputez-vous les difficultés à faire avancer la lutte que vous portez ?
A mesure que vous vous faisiez connaître, les procès contre les actions de boycott se sont multipliés. Quels messages continuez-vous à soutenir ?
Notre message face aux risques de poursuites juridiques est que le boycott, dès lors qu’il concerne un sujet d’intérêt général, ce qui est le cas de BDS, relève de la liberté d’expression. D’ailleurs, les appels aux boycott de pays autres qu’Israël (la Russie, la Chine, le Mexique, etc.) n’ont jamais été interdits. Nous estimons même que face à impunité d’Israël, qui bafoue constamment le droit international pour tenter de mettre fin à l’existence nationale du peuple palestinien, boycotter est un devoir. Ne pas le faire serait une complicité de non assistance à un peuple en danger.
Quels sont les défis qui vous sont indispensables à relever pour appuyer votre cause ?
Article original : http://www.saphirnews.com/Le-non-boycott-d-Israel-une-complicite-de-non-assistance-a-un-peuple-en-danger_a20488.html