Lettre ouverte à l’attention du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (C.S.A.), et des chaînes de télévision M6 et Téva.
Le 25 mai 2018,
Mesdames, Messieurs,
Mai 2018. 70 ans après la création de l’État d’Israël par l’ONU. Si nous regardons le cours de l’histoire par un prisme différent, nous nous situons 70 ans après la Nakba, autrement dite, la « Catastrophe », pour le peuple palestinien.
14 mai 2018. C’est la date à laquelle le Président Donald Trump, a choisi d’inaugurer le nouvel emplacement de l’ambassade des États-Unis, par l’entremise de sa fille Ivanka Trump. En s’arrogeant le droit de faire de Jérusalem la capitale d’Israël, celui-ci a fait fi du ravivement des tensions que sa décision susciterait.
Le 14 mai 2018, les tirs de l’armée israélienne sur les habitants de la Bande de Gaza ont tué 62 Palestiniens et fait plus de 1 300 blessés, pour la grande majorité des civils.
Deux jours après ces événements dramatiques, nous avons découvert que les chaînes M6 et Téva continuaient à diffuser l’émission « Le Chef en Israël » (produit par Kitchen Factory Prod. et parrainé par l’Office de Tourisme d’Israël), avec pour protagoniste principal Cyril Lignac. En d’autres termes, à l’heure où des dizaines d’êtres humains sont massacrées au nom d’une politique qui ne dissimule qu’à peine son caractère colonial, certaines chaînes de la télévision française jouent la carte du patrimoine et de la culture en masquant la réalité du terrain. La diffusion de cette émission s’accompagne même d’une publicité promouvant la ville de Tel Aviv, ses plages et son soleil…
Mesdames, Messieurs, une fois ce constat fait, des questions s’imposent à nous. Dans un premier temps : le CSA est il au fait de l’actualité, et plus précisément de l’actualité qu’il relaye par les chaînes qu’il supervise ? Dans un second temps : ce même CSA ne trouve-il pas décalé, inopportun, honteux, scandaleux, révoltant… de promouvoir le patrimoine d’un État fondé sur l’invisibilisation et le massacre d’un peuple dont le territoire lui a été en grande partie soustrait et qui continue à payer de son sang les conséquences de l’apartheid en Israël.
Par cette lettre, nous réclamons donc l’arrêt immédiat de la diffusion du programme « Le Chef en Israël », qui contrevient non seulement à la charte éthique que toute chaîne de télévision soumise à l’appréciation du public dans un État dit démocratique se doit de respecter, mais aussi et surtout au respect dû au peuple palestinien, en lutte sur ses propres terres depuis des décennies afin de faire reconnaître et respecter ses droits fondamentaux garantis par le droit international et de nombreuses résolutions des Nations Unies.
Aurélie J., Présidente de L’Hêtre d’Art