Communiqué du BNC du 9 septembre 2010
Palestine occupée, le 9 Septembre 2010
Le Palestinian Boycott, Desinvestment and Sanctions National Committee (BNC), au nom de ses organisations et syndicats membres représentant la majorité de la société civile palestinienne, condamne fermement la décision prise par les autorités françaises de poursuivre les personnes de conscience appelant à un boycott des produits israéliens. Ces formes de répression d’État équivalent à soutenir activement les violations israéliennes du droit international et ont de graves conséquences sur les libertés politiques en France et en Europe.
Le 13 septembre, cinq membres du groupe « Boycott 68″ comparaîtront devant le tribunal sous l’inculpation d’ »incitation à la discrimination, à la haine ou à la violence » après avoir distribué des tracts demandant à des consommateurs de boycotter les produits d’Israël[1]. L’année dernière, Sakina Arnaud avait reçu une amende de 1000€ pour avoir collé un autocollant « Boycott Israël » sur un carton de jus de fruits. Mme Arnaud comparaîtra devant la cour à nouveau le 24 septembre pour faire appel de la décision. La campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël, lancée par la société civile palestinienne en 2005[2], est un moyen non-violent, juste et efficace de faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international et mette fin à sa discrimination institutionnalisée et à la violence envers les Palestiniens. Les gens de conscience partout dans le monde, dont de nombreux Israéliens et juifs progressistes, s’engagent dans des campagnes BDS comme une forme de solidarité avec un peuple opprimé, souffrant de l’occupation israélienne et de l’apartheid. BDS est basé sur le respect sans équivoque du droit international et droits humains universels ; en tant que tel, il est catégoriquement opposé à toute forme de racisme et de discrimination raciale, y compris l’islamophobie et l’antisémitisme. Le BNC est donc profondément troublé par les campagnes de dénigrement menées par l’État contre les militants du BDS.
La plupart des cas judiciaires s’attaquant à des militants de la solidarité sont dus à la pression du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme (BNCVA) avec l’aide d’autres groupes de pression pro-israéliens et font partie d’une campagne plus large d’attaques contre le militantisme de solidarité avec la Palestine. « Au total, nous avons déposé plus de 80 plaintes semblables, partout en France, s’est récemment vanté le Président du BNCVA[3]. Le BNC a déjà critiqué le Premier ministre français d’avoir fait des insinuations infondées et incendiaires sur le mouvement de boycott contre Israël[4]. Selon des militants , la police demande régulièrement les noms et adresses des personnes présentes lors des manifestations BDS. Le BNC est étonné que, dans un pays qui a toujours tant contribué à l’élaboration des principes de la citoyenneté et des droits de l’Homme, les autorités succombent aussi facilement aux exigences du lobby israélien et limitent les libertés politiques de manière aussi flagrante.
Les députés français Jacky Henin et Nicole Kill-Nielsen se sont récemment exprimés contre la répression des militants palestiniens. « Dans ce cas, la justice est utilisée à des fins politiques », a déclaré Henin[5]. Le BNC espère que ces commentaires vont enrichir le débat en France sur la répression de ceux qui se montrent solidaires des Palestiniens.
Les mesures prises par les institutions de l’État français pour protéger Israël contre toute critique et opposition légitimes montrent la force du mouvement BDS, d’une part, mais réduisent aussi d’autre part les possibilités d’une paix juste et durable, présentent une menace sérieuse contre la liberté d’expression, et renforcent l’impunité d’Israël en violant des droits de l’Homme. L’incapacité du gouvernement français à mettre fin à sa complicité envers le maintien et la protection des violations par Israël du droit international et des droits des Palestiniens, et encore moins à tenir Israël pour responsable de ces violations, remet en cause le respect par la France de ses propres obligations en vertu de la Quatrième Convention de Genève et du Comité consultatif de la Cour internationale de Justice contre le Mur d’Israël et les colonies de peuplement. La répression des militants qui tentent de remédier à cet échec est répréhensible.
Le BNC salue chaleureusement tous les militants français BDS devant comparaître en justice et est enthousiasmé par leur intention déclarée d’intensifier leurs campagnes en réaction à cette répression. Nous appelons le gouvernement français à :
- Abandonner toutes les charges contre les militants engagés dans les campagne de solidarité non-violente et moralement louables visant à remettre en cause de graves violations par Israël du droit international et la complicité officielle française ;
- Prendre des mesures pour veiller à ce que la riche histoire française de la liberté politique soit préservée et que la liberté d’association et d’expression ne soient pas tronquées à nouveau d’une si honteuse manière ;
- Mettre fin à la complicité de la France dans le maintien de l’occupation israélienne et de l’apartheid et tenir Israël pour responsable de ses violations persistantes du droit international.
Le BNC invite également les gens de conscience et groupes de solidarité internationale à :
- Envoyer des messages de soutien aux militants devant comparaître devant le tribunal par courriel à campagnebdsfrance@yahoo.fr
- Ecrire à l’ambassade française dans votre pays pour exiger que ces charges soient abandonnées et en condamnant la répression par la France des libertés fondamentales et des droits civils.
Le Secrétariat du BNC