Daniel Barenboïm dirige une répétition de l’Orchestre du Divan occidental-oriental à Salzbourg. Baremboïm tente finement de blanchir l’image d’Israël en acceptant quelques droits palestiniens mais en même temps il rejette le plus important d’entre eux (Photo: AFP – Getty – K. Josch)
Néanmoins, la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) a salué la décision et exhorté les pays arabes à rendre publique leur position officielle sur le soutien au peuple palestinien et à mettre un terme à toute formes de normalisation avec l’Etat d’occupation et d’apartheid.
L’annonce que le Qatar accueillerait le chef d’orchestre israélien Daniel Barenboïm au Festival de Doha pour la Musique et le Dialogue, en coordination avec l’Orchestre du Divan occidental-oriental, n’avait surpris personne.
L’orchestre s’enorgueillit d’avoir des musiciens tant israéliens qu’arabes et son objectif affiché est de construire des ponts de normalisation entre eux. Mais il ne reconnaît pas les droits palestiniens ni ne récuse le colonialisme de peuplement et l’apartheid.
C’est la quatrième fois que le Qatar invitait Barenboïm bien qu’il soit un sioniste. Même s’il rejette l’occupation de 1967, il rejette également le retour des réfugiés dans les maisons dont ils ont été chassés pendant la Nakba [en 1948].
Intelligemment, Barenboim tente de blanchir l’image d’Israël en acceptant quelques-uns des droits palestiniens, en même temps qu’il refuse le plus important d’entre eux.
Comment un pays arabe qui proclame son soutien aux Palestiniens peut-il accueillir comme un frère un artiste israélien sioniste, alors que le monde arabe se trouve au milieu de révolutions populaires que certains pays arabes prétendent soutenir, bien qu’avec une sélectivité particulière ?
En 2010, PACBI avait critiqué les autorités qatari pour avoir accueilli l’Orchestre Divan lors du premier anniversaire de l’attaque contre Gaza. Mais cela ne s’arrête pas avec le Qatar ou la collaboration artistique.
Depuis l’accord d’Oslo en 1993, la normalisation arabo-israélienne est passée au grand jour et a proliféré dans les pays arabes et à l’Autorité palestinienne pour devenir presque un phénomène normal.
Dans le domaine académique et au milieu de la « ruée vers l’or de l’enseignement » des universités étatsuniennes pour établir des campus dans le Golfe, en Égypte et en Jordanie, la question de la normalisation ne fait même pas débat.
Sous la pression des mouvements sionistes aux États-Unis, des sections des universités US au Moyen-Orient se sont engagées à ne pas exclure les universitaires et les étudiants israéliens.
Pour exemple, le Centre d’études internationales et stratégiques de l’Université de Georgetown, créé dans la Ville de l’Enseignement du Qatar [près de Doha, ndt] accueille régulièrement des universitaires de l’Université de Tel Aviv.
Dans le domaine sportif, le film de promotion de la Coupe du Monde 2022 – qui aura lieu à Doha – a provoqué une indignation générale dans les pays arabes : une partie en hébreu exprime l’espoir qu’Israël et un pays arabe arrivent en finale et jouent l’un contre l’autre avec des supporters des deux équipes, côte à côte, « pour qu’elles apprennent à se connaître« .
Les Emirats arabes unis (EAU) sont en tête des pays arabes qui prônent la normalisation dans le domaine sportif. Ils accueillent régulièrement des athlètes israéliens lors de compétitions internationales organisées sur son territoire, hissant sans vergogne le drapeau israélien.
Fin 2011, le Comité national palestinien BDS a publié une déclaration condamnant l’invitation de la fédération de natation des EAU à son homologue israélienne pour qu’elle participe à une compétition internationale à Dubai. L’invitation a été adressée « dans le but de développer la collaboration avec les pays voisins au Moyen-Orient.«
Cela n’a rien d’extraordinaire que Dubai accueille des nageurs israéliens, compte tenu du fait qu’elle héberge déjà une succursale du diamantaire israélien Leviev.
Mais nous ne devons pas oublier le travail énorme des activistes anti-normalisation dans les pays arabes et leurs réalisations au Liban, en Égypte, au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Jordanie et autres.
La championne algérienne de judo Maryam Moussa a boycotté un match avec une lutteuse israélienne lors des championnats du monde, à Rome, sacrifiant ainsi ses chances de participation aux Jeux Olympiques de Londres en 2012.
Des universitaires de l’Université américaine du Caire ont empêché la participation d’Israéliens à une conférence à l’université.
Des activistes BDS au Koweït luttent contre l’infiltration de produits israéliens sur le marché, soutenus par le bureau officiel de boycott. Ces derniers mois, au Maroc, des militants ont réussi à faire annuler des événements universitaires et culturels qui visaient à promouvoir la normalisation avec Israël.
Le mouvement BDS au Liban a obtenu l’annulation des spectacles de Gad Elmaleh et de Lara Fabian, à cause de leur soutien à Israël. En Palestine, des militants de toutes les factions sont parvenus à stopper des événements de normalisation parrainés par les autorités palestiniennes.
L’Arabie Saoudite a également exclu la compagnie française Alstom du projet de TGV Haramain pour son implication dans des projets israéliens de judaïsation de Jérusalem.
Entretemps, le Mufti d’Al-Azhar (l’ex-mufti du tribunal du Caire) a effectué une visite honteuse de normalisation à Jérusalem. Son excuse était de « visiter les prisonniers« . Il est peut-être bon de rappeler au Mufti que la solidarité avec les prisonniers consiste à les aider à briser leurs chaines, et non à aider leurs geôliers par une normalisation qui les couvre.
La version en anglais de cet article est une traduction de l’article en arabe.
Repris de The International Solidarity movement :
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM