Déclaration de la Campagne pour le Boycott de la conférence sur l’Histoire orale à l’université hébraïque de Jérusalem
3 décembre 2013 – AURDIP
Nous sommes heureux d’annoncer que la « Conférence internationale sur l’Histoire orale » organisée par l’université hébraïque de Jérusalem a été doublement frappée avec le retrait de leurs deux principaux conférenciers internationaux : Alessandro Portelli (Italie) et Mary Marshall Clark (USA). La prétention de l’université à recevoir la « première conférence internationale sur l’Histoire orale » n’était pas fondée à l’époque ; aujourd’hui, elle l’est encore moins.
A notre grand regret, Portelli, malgré l’annulation de son discours d’ouverture, participera tout de même à la conférence et à un atelier.
Néanmoins, à défaut de pouvoir présenter un conférencier invité, l’université hébraïque a perdu la possibilité d’user de son nom pour dissimuler son entière complicité avec les violations du droit international et des droits humains.
Nous saluons le retrait total de Clark de la conférence, laquelle a d’ailleurs reçu des éloges et le soutien d’universitaires préoccupés par l’utilisation cynique d’Israël de personnalités internationales pour camoufler son régime d’occupation et d’apartheid.
Nous réitérons notre appel à Portelli et aux autres praticiens internationaux de l’histoire orale et aux universitaires internationaux de toute discipline, à refuser leur participation à cette conférence comme à toute conférence dans une institution qui est profondément complice des violations flagrantes et persistantes des droits humains et politiques des Palestiniens, comme l’est l’université hébraïque.
La campagne initiale lancée il y a quatre mois par des historiens palestiniens, israéliens, nord-américains et britanniques – parmi d’autres universitaires – a aujourd’hui été approuvée par près de 400 universitaires, comprenant de nombreux spécialistes de l’histoire orale de 27 pays, d’Europe, d’Afrique du Sud, d’Asie et d’Océanie, ainsi que d’Amérique du nord et du Sud (1). Nous remercions tous ces universitaires et professionnels internationaux qui, en ajoutant leur nom à la lettre de l’appel public au boycott, ont pris en considération l’Appel de 2004 de la Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI). Cet appel demande non seulement de boycotter les institutions universitaires et culturelles impliquées dans le système d’occupation, de colonialisme et d’apartheid d’Israël, mais aussi « de s’abstenir de participer à toute forme de coopération, collaboration ou projets communs universitaires et culturels, avec les institutions israéliennes. »
Si toutes les universités israéliennes se rendent pleinement complices de l’occupation, de la colonisation de peuplement, et de l’apartheid, l’université hébraïque de Jérusalem se distingue particulièrement (2).
* La terre sur laquelle certains de ses bâtiments et installations du campus sur le Mont Scopus se sont étendus a été acquise par la confiscation illégale par Israël, en 1968, de 3345 dunums de terres palestiniennes, terre considérée comme territoire occupé en vertu du droit international.
* Elle entretient des liens étroits avec l’industrie militaire israélienne, laquelle est accusée de crimes de guerre contre les civils palestiniens ; elle accorde des privilèges spéciaux aux soldats et au personnel de sécurité israéliens ; et elle collabore avec l’armée israélienne dans la formation de ses officiers et recrues (3).
* Elle pratique la discrimination envers les Palestiniens, notamment ceux qui sont citoyens d’Israël, en ne fournissant pas les services de l’enseignement aux habitants de Jérusalem et de ses environs alors qu’elle les fournit aux groupes juifs ; et elle ne propose aucun cours en langue arabe.
* Elle dénie toute liberté d’expression et de manifestation à ses rares étudiants palestiniens, comme en témoigne l’interdiction d’une commémoration durant l’invasion israélienne de 2008-2009 dans la bande de Gaza, au cours de laquelle 1400 Palestiniens ont été tués ; dans le même temps, elle offre une considération et des avantages particuliers aux soldats-étudiants qui ont participé à cette invasion.
* Le personnel de l’université hébraïque participe à la supervision et à la promotion des comités d’étudiants et de personnel de l’université Ariel, qui s’est montée illégalement sur une terre palestinienne confisquée en Cisjordanie occupée.
* Elle ne reconnaît pas les diplômes décernés par l’université palestinienne Al-Quds à Jérusalem, alors qu’elle reconnaît ceux décernés par l’université Ariel, dans une colonie illégale.
L’appel à boycotter la conférence « internationale » sur l’Histoire orale à l’université hébraïque entre dans la vague montante internationale pour tenir Israël responsable de ses violations des droits humains palestiniens et du droit international. Du Cap à la Catalogne, de Sydney à San Paolo et de Londres à Lahore, le corps enseignant et les étudiants enjoignent leurs institutions d’honorer l’appel palestinien pour une réponse non violente à l’apartheid et au colonialisme israéliens, comme ils l’ont fait contre les institutions d’apartheid en Afrique du Sud. Même aux États-Unis, comme Alex Lubin l’a noté, ce qu’Edward Saïd avait surnommé « le dernier tabou de l’Amérique » a été brisé, des chercheurs de haut niveau et de jeunes étudiants ont vigoureusement débattu d’une résolution visant au boycott universitaire de la conférence de l’American Studies Association, dont l’issue n’est pas toujours dégagée (4).
Nous demandons aux spécialistes de l’histoire orale et aux professionnels et militants concernés à travers le monde d’honorer le boycott et de refuser d’aider à laver la réputation de l’université hébraïque de Jérusalem et à dissimuler son association étroite avec l’occupation et le colonialisme de peuplement israéliens.
Signer la lettre d’appel public au boycott
courriel : hebrewuconferenceboycott@gmail.com
1 – Pour la liste des signataires :
http://www.aurdip.org/Call-to-Boycott-the-Oral-History.html ; en
français sur BDS France : http://www.bdsfrance.org/index.php?...
2 – Pour la documentation détaillée sur l’université hébraïque, voir
la lettre appel ci-dessus
3 – http://www.bdsmovement.net/files/20... ;
http://www.idf.il/1283-13885-en/Dov... ;
http://en.wikipedia.org/wiki/Talpio...
4 – http://www.merip.org/breaking-%E2%8... ; voir aussi David Lloyd :
http://electronicintifada.net/conte...
Plus tôt cette année, l’Association des Études Asiatiques Américaines a voté une résolution pour le boycott universitaire :
http://www.usacbi.org/2013/04/aaas-...
http://www.aurdip.org/HEBREW-UNIVERSITY-CONFERENCE-DEALT.html
3 décembre 2013 – AUDIRP :
http://www.aurdip.org/HEBREW-UNIVERSITY-CONFERENCE-DEALT.html –
traduction : JPP pour BDS FRANCE