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26/12/13

L’assemblée Hillel de la faculté de Swarthmore se rebelle contre les directives « Israël » de sa direction

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Abraham Greenhouse /  The Electronic Intifada / 23 décembre 2013

 

Hillel International, la plus grande organisation juive sur campus au monde, agit comme un groupe de tutelle sur plus de 550 chapitres à travers le monde, mais principalement à l’intérieur des États-Unis. Les directives Israël d’Hillel interdisent aux chapitres d’accueillir des personnes ou des organisations qui s’opposent au statut d’Israël en tant qu’« État juif et démocratique » (c’est-à-dire à son droit de discriminer les non-juifs). Les directives interdisent encore ceux qui « délégitiment, diabolisent, ou appliquent un deux poids deux mesures à Israël » (un fourre-tout pour pratiquement toutes les formes de critiques). Elles excluent aussi tout orateur soutenant les boycotts, désinvestissements ou sanctions contre Israël (c’est-à-dire se servir d’une pression non violente pour inciter Israël à se conformer au droit international).

Se référant au fait que l’homonyme d’Hillel était un rabbin connu pour son pluralisme résolu, le conseil des étudiants de Swarthmore Hillel déclare dans sa lettre ouverte publiée dans The Beacon que :

« Hillel, s’affichant elle-même comme la « Fondation pour une vie juive sur les campus », est considérée par beaucoup comme l’image de la population universitaire juive américaine. Et à cause de ces politiques, c’est une image qui est souvent perçue comme étant d’un sioniste monolithique, de moins en moins coopératif, et complètement indifférent à un dialogue et une discussion véritablement pluralistes et ouverts. Nous ne croyons pas que ceci soit la véritable image des jeunes juifs américains…

« Par conséquent, nous faisons le choix d’abandonner les directives Israël d’Hillel International. Nous croyons que ces directives, et les actions qui en découlent, sont l’antithèse des valeurs juives que le nom d’ « Hillel » devrait évoquer. Ce que nous cherchons, c’est à récupérer ce nom. »

Réaction d’Hillel International

Swarthmore Hillel a été presque immédiatement réprimandée dans une lettre rédigée en termes tranchants par le président d’Hillel International, Eric Fingerhut. Fingerhut y souligne qu’« aucune organisation sur les campus qui utilise le nom d’Hillel » ne peut refuser de se conformer à la politique de censure du groupe de tutelle. La lettre poursuit en déclarant que « les antisionistes ne sont pas autorisés à s’exprimer en se servant du nom d’Hillel ou sous la couverture d’Hillel, en aucune circonstance. »

Hillel International a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency que Fingerhut rencontrera les représentants de Swarthmore Hillel en janvier, mais elle a refusé d’indiquer si des mesures punitives allaient être prises.

Même si les assemblées Hillel de campus sont des entités autonomes, Swarthmore Hillel est particulièrement bien placée pour dénoncer la politique de son groupe de tutelle. Elle ne reçoit que peu de fonds d’Hillel International, et contrairement à la plupart des chapitres, elle n’a pas de conseil d’administration non étudiant.

L’initiative de Swarthmore  est un grand bond en avant pour le mouvement Open Hillel en général, qui a été lancé à Harvard l’an dernier. Open Hilel a lancé une pétition de soutien à la déclaration de Swarthmore Hillel, laquelle a déjà recueilli plus de mille signatures.

Mélangeant culture et religion avec plaidoyer politique

Quand Fingerhut a été embauché plus tôt dans l’année, il a déclaré lors d’un entretien avec JNS.org que l’engagement du conseil d’Hillel envers ses directives d’Israël était « un point important » qui l’avait persuadé de prendre la fonction.

Dans une récente tribune rédigée avec Jonathan Kessler, Fingerhut s’est vanté de la façon dont Hillel fonctionne aux côtés du groupe lobbyiste AIPAC pour « développer de meilleures et plus efficaces stratégies afin de minimiser l’impact des activités anti-Israël sur les campus. » Kessler est le dirigeant depuis longtemps des programmes de l’AIPAC pour les campus. Son partenariat avec l’AIPAC n’est qu’une caractéristique du rôle d’Hillel dans la coordination du plaidoyer anti-palestinien sur les camus universitaires.

Soixante-dix chapitres Hillel à travers les États-Unis accueillent les « Israël Fellows » employés par l’Agence juive pour Israël, travaillant à renforcer l’ « engagement » des étudiants juifs avec Israël, en grande partie grâce à un plaidoyer anti-palestinien. Les assemblées Hillel travaillent aussi en étroite collaboration avec les coordinateurs de campus du David Project, une organisation à but non lucratif basée à Boston qui forme les étudiants à tisser des réseaux personnels qui puissent être activés pour stimuler des initiatives anti-palestiniennes ou répondre à des critiques d’Israël sur leurs campus.

Implications pour le plaidoyer anti-palestinien

Ces dernières années, les principaux groupes US anti-palestiniens, conduits par le réseau Israel Action (IAN), ont cherché à atténuer l’image par laquelle ils sont identifiés avec leurs tentatives manifestes de censure, comme celles visant à s’opposer aux interventions de Judith Butler et Omar Barghouti au Brooklyn College. Cela s’intègre dans une stratégie plus vaste visant à élaborer une « Grande Tente » qui pourrait pousser des voix considérées comme des voix de gauche à « semer la discorde » entre les défenseurs des droits palestiniens et les sympathisants progressistes potentiels.

Avec la déclaration Swarthmore, et la perception croissante qu’Hillel et les institutions associées ne sont pas en phase avec leurs communautés et qu’elles imposent un faux consensus par l’intimidation, cette stratégie est confrontée à une crise sérieuse.

Andy Bachman, rabbin connu pour son travail avec IAN pour exercer une pression agressive sur la Coopérative alimentaire de Park Slope pour qu’elle continue à vendre des produits israéliens, dont les appareils pour boissons de SodaStream fabriqués dans les colonies, n’a pas tardé à bondir au secours de Swarthmore Hillel dans les pages du Forward.

Alors que la tribune plus artificielle de Bachman peut s’intégrer dans une stratégie de communication délibérée, développée par les principaux acteurs institutionnels, il est encore trop tôt pour prévoir comment cela évoluera.

Si d’autres Hillel trouvent l’inspiration dans la décision audacieuse de Swarthmore, ou si les idéaux derrière le mouvement Open Hillel s’étendent à d’autres institutions juives communautaires, alors la direction des groupes anti-palestiniens comme Hillel International auront à faire face peut-être à une crise plus vaste que ce qu’ils pensent.

Truth out : http://truth-out.org/news/item/20802-hillel-international-faces-crisis-as-swarthmore-chapter-rebels-against-its-israel-guidelines

The Electronic Intifada :  http://electronicintifada.net/blogs/abraham-greenhouse/hillel-international-faces-crisis-swarthmore-chapter-rebels-against-its?utm_source=EI+readers&utm_campaign=b5fc186a46-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_e802a7602d-b5fc186a46-299168441

Traduction : JPP pour BDS FRANCE