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14/01/18

Cooperative Al Sanabel, voyage en Palestine, BDS

Rencontre avec Raed, président de la coopérative Al Sanabel, et des voyageurs rentrant de Cisjordanie

A l’invitation de l’AFPS-BDSF 63, une bonne centaine de personnes, dont de nombreux jeunes, sont venues le 12 janvier 2018 (maison des associations, rue de l’Oradou à Clermont-Ferrand), rencontrer Raed, président de la coopérative de jus de raisin Al Sanabel  (Halhul, près de Hébron en Cisjordanie). Certaines d’entre elles avaient pu rencontrer Raed fin 2015 à Clermont, puis suivre un échange chaleureux avec lui par Skype, en janvier 2017 lors d’un repas palestinien.

Cette rencontre s’est faite en présence de 6 voyageurs : deux viticulteurs de la Confédération Paysanne 63, un élu départemental 63 « gauche citoyenne » et 3 membres de l’afps 63 dont 2 syndicalistes (CGT et Solidaires), qui ont visité la coopérative Al Sanabel, la Cisjordanie et Jérusalem du 23 novembre au 2 décembre. Un journaliste du quotidien La Montagne a interviewé Raed et l’AFPS 63.

Après la projection de la vidéo sur la coopérative Al Sanabel : « Les raisins de la résistance » , Raed a répondu aux questions de la salle sur le développement de la coopérative, sur la situation en Palestine et sur l’importance du mouvement BDS.

La coopérative, soutenue par plusieurs groupes AFPS, par des collectivités locales et territoriales, est déjà équipée d’un matériel performant pour la fabrique de jus de raisin longue conservation même s’il reste encore à faire pour finaliser le projet. Elle contribue ainsi à la résistance économique de centaines de familles permettant une autonomie des producteurs face aux blocages de l’occupant. Cultiver, c’est rester sur sa terre, c’est résister à la colonisation israélienne. L’objectif est de fournir plus de services aux 3.000 familles qui cultivent la vigne dans cette région, ainsi qu’aux coopératives de femmes qui viennent presser leur raisin et fabriquer de la confiture (Debs).

Bien que le raisin ne fasse pas partie des produits agricoles palestiniens interdits en Israël par le protocole de Paris, ce raisin est boycotté par les Israéliens, qui par ailleurs écoulent à bas prix la fraction la moins bonne de leurs raisins (ou la plus traitée chimiquement) sur le marché palestinien.

A noter le boycott de différents produits palestiniens en Israël, dont certains sont revendus sous l’étiquette « made in Israël » (chaussures d’Hébron, notamment). Par ailleurs, l’emploi d’ouvriers palestiniens en Israël (où les salaires sont supérieurs) entraine une pénurie de main-d’œuvre en Palestine qui constitue un des freins au développement de l’économie palestinienne.

Suite à des questions, Raed a rappelé l’apartheid sur l’eau palestinienne (un colon consomme 8 fois plus d’eau qu’un Palestinien), et l’impossibilité de se rendre en Palestine sans passer par une frontière israélienne.

BDS peut-il nuire aux travailleurs palestiniens ? La réalité c’est que la pauvreté oblige des Palestiniens à aller travailler en Israël ou dans les colonies (y compris sur leurs propres terres qu’on leur a volées). BDS dont le but est justement d’arriver à la libération de la Palestine contribuera par là même à mettre fin à cet état de fait inacceptable. La liste noire publiée par Israël des organisations du BDS (dont l’AFPS et BDS France) montre l’importance de BDS.

Pourquoi les médias dominants en France sont plus favorables à Israël qu’aux Palestiniens ? Un participant rappelle le poids des lobbys sionistes (sachant que tous les sionistes ne sont pas juifs, et tous les juifs ne sont pas sionistes) qui se traduit par de l’autocensure et de la censure des journalistes dans ces médias. Raed rappelle aussi que la population française est mieux informée qu’avant, du fait de l’action des organisations du mouvement de solidarité, comme l’AFPS, et du poids politique important en France des citoyens d’origine arabe.

La seconde partie de la soirée a vu la projection d’un montage vidéo/photo des voyageurs du 63, suivie de leurs témoignages. Ils ont insisté sur les reculs apparents liés à la « normalisation », au développement de la société consumériste à crédit, de l’individualisme et de la corruption de certains dirigeants, notamment dans certains quartiers des grandes villes contrastant avec la pauvreté des zones rurales et des camps de réfugiés. Il y a toutefois une constellation de poches de résistance à travers le pays, notamment en zones rurales ou par le mouvement syndical indépendant dans les villes. Il s’agit d’un conflit politique colonial, pas d’un conflit entre les peuples.

Contrairement aux idées reçues en France, ils n’ont pas eu le sentiment de danger au contact des Palestiniens, mais seulement en croisant les militaires israéliens surarmés (dont des jeunes femmes souvent agressives). La résilience des Palestiniens est admirable compte-tenu de ce qu’ils subissent de la part des colons, de l’armée, de l’enfermement par le mur d’apartheid, du délire sécuritaire (observé aussi par les voyageurs à l’aéroport de Tel-Aviv). Le cas de Wadi Fukin entouré par les colonies les a marqués comme exemple d’épuration ethnique et d’enfermement. On note que sur 13 millions, il ne reste que 6 millions de Palestiniens en Palestine.

A propos des différents types de colonies et de colons, Raed rappelle que toutes les colonies sont illégales et qu’il ne peut y avoir de « gentils » colons.

La visite de la coopérative Al Sanabel leur a montré le bon niveau technique de son activité, et peut leur servir d’exemple d’organisation collective solidaire au retour en France, où l’on doit ne pas avoir trop de confiance en ceux qui ont trop de pouvoir.

Les camarades syndicalistes ont demandé systématiquement à leurs interlocuteurs palestiniens, notamment syndicaux, leur opinion sur BDS. Ils sont revenus renforcés dans leur conviction de développer dans les syndicats en France un soutien plus actif au boycott des produits israéliens, et s’y emploieront.

Suite à une question, on a annoncé notre prochaine action (dimanche 4 février à 10h au marché des Salins) pour soutenir les prisonniers politiques palestiniens (dont Ahed Tamimi et Salah Hamouri) en appelant au boycott des sociétés multinationales (G4S, HP ou ses dérivées) qui soutiennent le système sécuritaire et carcéral israélien.

Un pot convivial a été partagé en fin de soirée et les échanges se sont poursuivis jusqu’assez tard dans la nuit ! Le samedi matin, Raed, les voyageurs et quelques militants ont visité les fermes des viticulteurs du voyage, poursuivant les échanges et apports mutuels.

L’AFPS 63 remercie la municipalité de Clermont-Ferrand (2016-17), et le Conseil Départemental 63 (2017), pour l’attribution de subventions significatives pour Al Sanabel.