Je me félicite de la tenue, hier mardi 25 mars, de la conférence d’Ivar Ekeland, ex-Président de l’Université Paris-Dauphine et président de l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP), sur le thème « Les relations universitaires franco-israéliennes : enjeux et perspectives », à l’initiative de l’association Génération Palestine Lyon et du MEG. Je regrette que cette conférence ait du se tenir en plein air sur les quais du Rhône et non pas à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, comme cela était demandé par ses initiateurs.
La campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) vis-à-vis de la politique coloniale de l’Etat d’Israël, mouvement pacifiste de solidarité citoyenne à la cause palestinienne, a pleinement le droit de s’exprimer dans les espaces publics et universitaires en France.
Pour ma part, je soutiens globalement cette campagne BDS. Par contre, je ne suis pas favorable, à titre personnel, à un boycott systématique des relations culturelles et universitaires avec l’Etat d’Israël, mais plutôt au cas par cas. Pourquoi ? Car je pense que la légitime et nécessaire campagne de boycott des produits israéliens et des relations économiques avec l’Etat d’Israël doit aussi se soucier du développement des liens avec les secteurs anticoloniaux et pacifistes de la société israélienne et être attentive aux contradictions critiques au sein de cette société, telles qu’elles peuvent tout particulièrement se manifester à l’université (notamment dans les sciences humaines et sociales) et dans la création artistique. En tout cas, ce type de différences dans la cadre de la campagne BDS doit pouvoir s’exprimer au sein de réunions publiques comme celle qui a eu lieu hier.
Je souhaite que, dans le futur, l’IEP de Lyon puisse garantir la liberté d’expression aux forces de solidarité pacifique avec la cause palestinienne. Je comprends que des raisons de sécurité des étudiants et des personnels, face aux menaces éventuelles d’intrusion de groupes violents hostiles à la cause palestinienne, soient prises en compte par la direction de l’IEP. Mais ces raisons de sécurité ne doivent pas primer sur la liberté d’expression. Dans l’avenir, la direction de l’IEP doit ainsi accepter une concertation avec les associations et syndicats étudiants afin que de telles réunions puissent se tenir dans ses locaux dans des conditions de sécurité.
Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon, le 26 mars 2014
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Les organisateurs (Génération Palestine et le Meg) ont maintenu cette conférence qui s’est tenue dans le cadre de l’ »Israeli apatheid week » ce mardi 25 mars sur les quais du Rhône, au niveau du pont de l’Université !
Ivar Ekeland est un mathématicien français d’origine Norvégienne. Il est président honoraire du conseil scientifique de l’ENS et de Paris-Dauphine ; Il a reçu le Prix D’Alembert et le prix Jean Rostand. Il est membre de l’ Academy Norvégienne des Sciences et des Lettres.
Il est aussi le Président de l’AURDIP (Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine).