Campagne US pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, le 13 janvier 2014
Les récentes décisions de prestigieuses organisations universitaires états-uniennes en faveur du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) sont à l’origine d’un long débat public jusqu’alors négligé sur les limites de la liberté universitaire en Occident, les conséquences délétères de l’occupation sur les Palestiniens, notamment les étudiants et les universités, et les violations des droits humains par Israël contre les Palestiniens des deux côtés de la Ligne verte, sans parler des travailleurs immigrés africains, des Arabes juifs, des dissidents politiques, et d’autres.
Parmi les décisions récentes, la « résolution en faveur du boycott universitaire d’Israël » (1) de l’Association des études américaines (ASA) en décembre 2013, à laquelle se sont joints la « déclaration de soutien au boycott des institutions israéliennes » du Conseil de l’Association des études américaines et indigènes (NAISA), le « vote en soutien du boycott universitaire et culturel d’Israël » de l’Association pour une sociologie humaniste (AHS) en octobre 2013, et la « résolution pour le soutien du boycott des institutions universitaires israéliennes » de l’Association des études asiatiques et américaines (AAAS) en avril 2013. Alors même que le débat fait rage à propos de ces actions, sous le radar d’une couverture médiatique et de la violente réaction qui a fait suite à la résolution de l’ASA, plusieurs campagnes actives ont été lancées pour mettre en application précisément ce type de résolutions pour un boycott universitaire.
Deux campagnes – une pour le boycott de la Conférence sur l’histoire orale à l’université hébraïque, et l’autre pour celui de la Conférence sur les études sur le cinéma, les médias et la communication à l’université de Tel Aviv – ont nécessité un surplus de soutien de la part d’universitaires internationaux de toutes disciplines pour atteindre leur plein potentiel afin de remettre en cause la politique israélienne.
Le gouvernement d’Israël et des responsables en relations publiques israéliens ont confirmé que le boycott universitaire avait eu un impact sur la conversation politique mondiale à propos de la Palestine. Selon le Jerusalem Post, la parlementaire israélienne à la Knesset, Ayelet Shaked, a récemment qualifié la campagne pour le boycott universitaire et culturel de « plus grande menace à laquelle le pays était confronté » (2). La tentative d’Israël visant à prévenir ces développements a été révélée quand il a été su que le cabinet du Premier ministre israélien finançait des « unités secrètes » qui payaient des étudiants pour se lancer dans la diplomatie publique et la promotion pour une « belle image » d’Israël et ce, sur les médias sociaux, et que, selon des articles antérieurs, des groupes de défense d’Israël avaient pris pour cibles des organisations d’étudiants pro-palestiniens dans une tentative de réduire au silence les critiques en milieu universitaire de la politique israélienne (3).
Une telle réaction a largement contribué à fomenter une réaction violente contre l’ASA, dont les membres ont été priés d’ « exhorter les présidents, donateurs et directions d’université à dénoncer l’ASA et à rompre les liens avec cette organisation » (4). Et pourtant, la force de la position en faveur du boycott a prévalu. Même si plusieurs universités ont retiré leur adhésion à l’ASA, l’organisation signale un excédent global de nouvelles adhésions individuelles ainsi que plusieurs nouveaux membres institutionnels (5).
Les campagnes pour le boycott universitaire rappellent aux universitaires que l’occupation israélienne, et notamment les structures juridiques discriminatoires et le soutien international qui les permet, viole et souvent éviscère la liberté universitaire des Palestiniens. Haim Bresheeth et Sherna Berger Gluck soutiennent avec vigueur le mode principal de désengagement du boycott, notant que depuis l’implantation d’Israël en 1948, avec son occupation et sa colonisation illégales de la terre palestinienne, « pas une seule fois, les syndicats ou les conseils universitaires israéliens ont appelé à la réouverture des universités palestiniennes, pas plus qu’à la restitution de la liberté universitaire en Palestine » (6). De même qu’en informant sur l’accès inégal des Palestiniens à l’enseignement et à la liberté universitaire, des témoignages venant d’étudiants et d’universités palestiniens démontrent la complicité directe des universités israéliennes dans les violations des droits de l’homme et du droit international.
Nous encourageons les universitaires de toutes disciplines à rechercher de nouvelles opportunités pour approuver et participer activement au boycott des institutions universitaires israéliennes, par exemple en refusant de participer à des conférences reçues par ces institutions. En fait, vous avez la possibilité dès maintenant de rejoindre les deux campagnes internationalement approuvées et qui sont en cours. Nous sollicitons en particulier un soutien supplémentaire des chercheurs en sciences humaines, et plus spécialement en histoire orale et en études cinématographiques, médiatiques et de communication.
Merci de vous joindre à la campagne de boycott de la Conférence « internationale » sur l’histoire orale organisée par la division histoire orale de l’Institut Avraham Harman du judaïsme contemporain, à l’université hébraïque de Jérusalem. Même si les deux universitaires internationaux qui avaient prévu de remettre leurs allocutions d’ouverture à la Conférence les ont annulées, la campagne garde l’objectif d’atteindre, et même de dépasser, les 500 signatures, afin de dissuader les autres spécialistes en histoire orale d’y participer. (Voir : http://www.aurdip.org/Campagne-pour-le-boycott-de-la.html)
Merci de vous joindre à la campagne pour le boycott du « Colloque international d’études sur le cinéma et la télévision, à Tel Aviv, le 10 juin 2014 : Traces cinématographiques de la vie future », conférence parrainée par l’université de Tel Aviv. (Voir : http://www.aurdip.fr/Boycott-de-la-Conference-d-etudes.html)
Notes :
1. Lire la déclaration du Conseil national de l’ASA et le contexte de la résolution de l’ASA : http://www.theasa.net/from_the_editors/item/council_statement_on_the_academic_boycott_of_israel_resolution/ ; en français : http://www.protection-palestine.org/spip.php?article12765
2. Shaked est présidente du parti Bayit Yehudi (Le Foyer juif). Voir aussi la couverture par The Electronic Intifada de ce récit sur : http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/boycott-greatest-threat-facing-israel-leaders-say
3. http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/israels-pretty-face-how-national-union-israeli-students-does-governments; http://www.haaretz.com/news/national/.premium-1.541142; http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/letter-reveals-standwithus-bullying-socal-chinese-center-over-palestine
5. John Stephens, directeur exécutif de l’association, a déclaré au Times Higher Education « que trois universités avaient depuis rejoint, en tant que membres institutionnels, la résolution de boycott qui a été approuvée le 17 décembre. Au niveau des membres en tant qu’individus, seules quatre personnes ont adressé des lettres de démission, alors que 63 nouveaux membres ont rejoint l’ASA. » http://www.timeshighereducation.co.uk/news/inside-higher-ed-israel-boycott-row-intensifies/2010213.article
6. http://www.counterpunch.org/2013/09/20/on-the-fallacy-of-engaging-with-the-israeli-academy/
Mondoweiss : http://mondoweiss.net/2014/01/campaigns-conferences-universities.html
traduction : JPP pour l’AURDIP