La campagne BDS France a mis en garde les sociétés de production et de distribution sur d’éventuelles invitations à participer à ce festival de l’apartheid.
Cette lettre ouverte s’adresse aussi à tous les réalisateurs et toutes les réalisatrices français·es.
Madame, Monsieur
Comme l’an passé, le Jerusalem film Festival aura lieu en juillet, du 18 au 28.
En 2023 c’est une quinzaine de cinéastes français·es qui ont été invité·e·s et ont accepté que leurs films soient projetés pendant ce festival. Les alertes que nous leur avons transmises, sur l’inacceptable de ces invitations, ont toutes été ignorées.
En 2024 si cette situation se renouvelait, il y aurait une sorte de déshonneur et de honte ou de prime aux crimes de guerre à accepter que ces cinéastes se rendent à Jérusalem, au regard de la situation à Gaza, imposée par une armée qui perpétue une violence meurtrière sur l’enclave palestinienne, depuis plus de huit mois.
Ces invitations sont pour nous celles du déshonneur, pour Israël un véritable programme de propagande, la Hasbara en hébreu, auquel le gouvernement consacre chaque année plusieurs millions de dollars. Ce système intègre tous les échanges mais également toutes les manifestations culturelles et consiste en réalité pour Israël à tenter de ‘‘blanchir’’ ses crimes de guerre, qui ont fait plus de quarante mille victimes sous les bombes israéliennes.
C’est donc avec la plus forte insistance que nous vous prions de refuser toute communication d’invitation et toute participation, et de vous mobiliser au niveau qui est le vôtre, pour qu’aucun.e cinéaste français.e ne se rende à ce Jerusalem Film Festival. Vous répondriez ainsi à l’appel de la société civile palestinienne qui appelle depuis 2005 au boycott culturel d’Israël, tant que ce pays ne respectera pas le droit international. Cette lutte, inspirée par le combat du peuple sud-africain contre l’apartheid, a pris une dimension internationale et des campagnes de boycott de l’État israélien se développent dans tous les pays.
Nous pensons en vous écrivant à la très grande partie de la jeunesse qui s’est levée contre le massacre en cours à Gaza. Refuser ces invitations du gouvernement Netanyahou, serait un geste fort de votre profession, montrant le vrai visage d’une France respectueuse de l’application du droit international et des droits humains.
Mise à jour 06/07/2024
A la suite du courrier ci-dessus, nous publions également la réponse de la déléguée générale de la SRF puis la réponse de notre camarade militant.
De : Rosalie Brun
Envoyé : mar., juil. 2, 2024 à 12:15
Objet : Re: Festival du film de Jérusalem
Cher Monsieur,
Merci pour votre mail.
Comme je vous l’avais indiqué dans notre précédent échange en mai dernier, la SRF n’est pas favorable au boycott culturel.
Bien à vous,
Réponse de notre militant
Madame,
« La SRF n’est pas favorable au boycott culturel » dites-vous.
Mais le système israélien de la Hasbara est une guerre, certes souterraine, bel et bien là pour présenter une vitrine alléchante, mais rien d’autre.
Dans le même temps les bombes israéliennes écrasent Gaza. Rappelez-vous la ministre de la culture israélienne Mini Regev débarquant à Cannes en 2017 avec une robe bouffante, « colonialiste » a noté le Monde à l’époque, exposant Jérusalem et l’esplanade des mosquées. Rappelez-vous de sa menace d’un patriot act pour les cinéastes israéliens qui solliciteraient l’aide de son ministère. Menace de guerre contre les cinéastes, il faut le croire puisqu’elle vit le départ de Nadav Lapid pour la France, pour réaliser son formidable Synonymes.
Pour aborder sereinement cette question du boycott culturel, je vous transmets d’abord la quatrième de couverture du livre Un boycott légitime écrit par un de vos collègues, le cinéaste israélien Eyal Sivan et une productrice française Armelle Laborie. Je vous en ferai expédier un exemplaire édité par La Fabrique créée par Eric Hazan, qui nous a quittés le 6 juin dernier. Enfin, les cinéastes français.es, de Marylin Canto à Robert Guédiguian, et certainement beaucoup d’autres, sont tous et toutes bercé.es par cette insertion qui, pour eux, règlerait tout : ‘’J’ai des amis côté israélien et côté palestinien’’. Circulez y a rien à voir est alors mon interprétation. Et quoi de mieux pour ces cinéastes que de présenter leurs films à Jérusalem : son passé historique et l’intérêt de ses sites ?
Ce n’est évidemment pas le point de vue des Palestiniens qui appellent au boycott culturel, dont les cinéastes Elia Suleiman ou les deux frères Tarzan et Arab Nasser.
Nous vous demandons avec la plus forte insistance de refuser toute communication d’invitation et toute participation, et de vous mobiliser au niveau qui est le vôtre, pour qu’aucun.e cinéaste français.e ne se rende à ce Jerusalem Film Festival. Vous répondriez ainsi à l’appel de la société civile palestinienne qui appelle depuis 2005 au boycott culturel d’Israël, tant que ce pays ne respectera pas le droit international. Cette lutte, inspirée par le combat du peuple sud-africain contre l’apartheid, a pris une dimension internationale et des campagnes de boycott de l’État israélien se développent dans tous les pays.
Bien à vous