Le comité BDS France 34 est intervenu le jeudi 7 juillet 2016 pour dénoncer le soutien de l’ambassade, du Consulat d’Israël (de Marseille) et la présence physique de la consule d’Israël à la représentation donnée à 20h par la Cie. L-E-V dont l’un des créateurs a longtemps collaboré avec la très pro-gouvernementale Batsheva Dance Cie. boycottée dans la plupart des pays européens et dans le monde.
Sans doute ce festival rassemble t-il des compagnies et des artistes de qualité mais il reste et restera entaché par la présence régulière de compagnies israéliennes directement soutenues par l’État israélien. Israël est en effet le seul État qui mentionne officiellement son soutien politique à ses compagnies et artistes et qui envoie son-sa Consul-e assister aux représentations et réceptions officielles. Personne n’oublie ici les propos de G. Frêche, qui se félicitant de la présence des Cie. israéliennes accompagnées de leur Consul, déclarait : « c’est normal, Montpellier est le poste avancé de Tsahal ». Un seul chorégraphe avait quitté la salle.
Le même G. Frèche auquel M. Montanari, directeur inamovible du Festival qui lui doit tout et à qui il rend hommage dans la présentation de ce 36ème festival Montpellier Danse : « (…) nouveau maire (en 1981) d’une ville qu’il secoue vigoureusement pour en faire une métropole qui rayonne au présent (…). La Ville et la région rayonnent en effet, ! elles ont le pompon rouge du chômage.
UN FESTIVAL MARQUÉ PAR LA DOXA POLITIQUE ET IDÉOLOGIQUE COLONIALE SOCIALISTE
Depuis des dizaines d’années les socialistes règnent sur la Région et ce festival est politiquement, idéologiquement et sur le plan éthique à leur image.
A ceux qui parfois nous disent lors de nos interventions : « vous mélangez tout, la création et l’art (le théâtre, le cinéma, la danse etc.) n’ont rien à voir avec la politique », nous conseillons la lecture du programme du festival.
Y figurent les principaux acteurs politiques :
- Audrey Azoulay ministre de la culture et de la communication, qui visiblement n’a rien à dire,
- Philippe Saurel, Président de la Métropole et maire de la Ville de Montpellier principal partenaire du Festival qui, oubliant les 49.3 « démocratiques » de son ami M. Valls, en entonne la même rengaine de la peur : « à l’heure où la montée des extrémismes de toutes sortes semblent menacer la démocratie (…) », « le Festival a vocation à parler avec les artistes du bassin méditerranéen ». A croire que la Palestine n’en fait pas partie car ses artistes n’y sont jamais invités.
- Carole Delga, la nouvelle présidente de la nouvelle région, Occitanie qui rappelle que la Culture a vocation à renforcer « La liberté, l’égalité, la fraternité » rajoutant immédiatement une nouvelle valeur, qu’elle juge déterminante, pour notre avenir : la laïcité.
et les responsables du festival :
- Michel Miaille président du festival : « Les artistes nous parlent de leur place face aux pouvoirs qui les contraignent souvent (…) … (…) et » de discours de vérité, d’un dieu qui autorise tous les déchainements de violence (…) » et nous voila sur l’autoroute de l’ennemi extérieur et du choc des civilisations, de la dénonciation sélective des oppresseurs où ne figurent jamais la colonisation et l’oppression israélienne en Palestine mais exclusivement « les musulmans ».
- Jean-Paul Montanari le directeur de Montpellier Danse et de la cité internationale de la danse. Ici c’est l’imposture et le détournement assumés. M. Montanari a le toupet d’introduire sa présentation par un extrait du célèbre séminaire d’Alain Badiou « Notre mal vient de plus loin, penser les tueries du 13 novembre ». Réduisant trivialement le « plus loin » de Badiou au kilométrage, à des années de la pensée et des prises de positions de Badiou pour la Palestine, de Badiou, il choisit le « très près » avec Israël au point d’accepter le soutien de l’ambassade d’Israël à Paris et de s’asseoir à côté de sa consule toujours présente au Festival Montpellier Danse.
Tout est dit..
Naïvement sans doute on aurait tendance à s’indigner et dénoncer l’incohérence de ces discours qui proclament un certain nombre de valeurs et soutiennent explicitement l’apartheid israélien et ce que l’historien Illan Pappé appelle « le génocide progressif de Gaza ». Mais il n’y a aucune incohérence. En réalité, non seulement la doxa PS et occidentale sur DAESH, sur la démocratie, libération des femmes, la laïcité etc. ne sont pas contradictoires avec le soutien au colonialisme, mais ils sont les piliers constitutifs du corpus qui fonde les thèses du choc des civilisation et donc le néo-colonialisme contemporain.
Intervention du Comité BDS France 34 le 7 juillet 2016 devant l’Opéra- Comédie à Montpellier
LA NORMALISATION, UN PSEUDO « DIALOGUE » AU SERVICE DE L’OPPRESSEUR
Faire danser des enfants palestiniens avec des enfants israéliens est le thème du film pilote : Dancing in Jaffa » choisit par les organisateurs pour incarner la quintessence de ce qu’il faut faire à la fois pour oublier les massacres, la colonisation mais surtout faire oublier ces mêmes massacres et cette même colonisation.
Ce type d’initiative est dénoncée par le PACBI (Comité Palestinien pour le boycott culturel et universitaire) en tant qu’opération de « Normalisation » :
« Dans tous ces contextes, le « dialogue » et l’engagement sont souvent présentés comme des alternatives au boycott. Le dialogue, s’il survient en dehors du cadre de résistance que nous avons souligné, devient un dialogue pour le dialogue, et c’est une forme de normalisation qui entrave la lutte pour mettre fin à l’injustice. Le dialogue, les processus de « guérison » et de « réconciliation » qui ne visent pas à mettre fin à l’oppression, indépendamment des intentions qui les sous-tendent, servent à privilégier la coexistence oppressive au détriment de la co-résistance, car ils présument de la possibilité de coexistence avant l’obtention de la justice. L’exemple de l’Afrique du Sud éclaire parfaitement ce point, où la réconciliation, le dialogue et le pardon sont venus après la fin de l’apartheid, et pas avant, indépendamment des questions légitimes soulevées par la persistance de ce que certains ont appelé « l’apartheid économique ».
LES SPECTATEURS NE SONT PAS DES CONSOMMATEURS AVEUGLES ET SOURDS ! Un couple refuse d’aller au spectacle après les explications d’une militante BDSF34…
DÉCOLONISONS LES ESPRITS
La logique de la « normalisation » vise à faire croire qu’il est possible de vivre et d’avoir des relations « normales » entre colonisateurs et colonisés. « Il faut penser à la normalisation comme à une « colonisation de l’esprit », par laquelle le sujet opprimé en vient à croire que la réalité de l’oppresseur est la seule réalité « normale » à laquelle il peut souscrire, et que l’oppression est un fait accompli dont il doit s’accommoder. Ceux qui sont impliqués dans la normalisation soit ignorent cette oppression, soit l’acceptent comme le statu quo avec lequel il faut vivre. »([1])
La « normalisation » est l’outil privilégié de la propagande israélienne et de ses agents à l’étranger. C’est également une cible privilégiée à combattre selon le PACBI([2]) et le BNC ([3]) Palestinien qui ont déterminé un certain nombre de critères justifiant ou non le boycott.
Ainsi est sujet à boycott « « la participation à tout projet, initiative ou activité, en Palestine ou internationalement, qui vise (implicitement ou explicitement) à réunir des Palestiniens (et/ou des Arabes) et des Israéliens (individus ou institutions) sans que ce projet, initiative ou activité ait comme objectif la résistance à et la dénonciation de l’occupation israélienne et de toutes les formes de discrimination et d’oppression contre le peuple palestinien. » (2) ([1] ).
Car vous l’aurez compris, le boycott ne vise ni les personnes, ni les œuvres mais leur instrumentalisation institutionnelle par l’État israélien et ses représentants. Comme le déclare Omar Barghouti dans une interview en 2015 :
« Notre combat non violent n’a jamais été contre les Juifs ou les Israéliens en tant que Juifs, mais contre un régime injuste qui asservit notre peuple par le biais de l’occupation, de l’apartheid et de la négation des droit des réfugiés tels que définis par l’ONU. Nous sommes fiers du nombre disproportionnellement élevé d’activistes juifs au sein du mouvement BDS, particulièrement aux États-Unis.
« Faire l’amalgame entre les boycotts honorés par le temps et s’appuyant sur les droits de l’homme, contre les violations par Israël du droit international, et le racisme anti-juif est non seulement incorrect, mais c’est également une tentative raciste de mettre tous les Juifs dans le même sac et de les impliquer dans les crimes d’Israël contre les Palestiniens.
« L’accusation de racisme lancée par Israël contre le mouvement BDS, c’est comme si le Ku Klux Klan avait accusé Martin Luther King Jr. et Rosa Parks de racisme ! C’est vraiment de la propagande flagrante ! »
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450 tracts ont été distribués pendant l’action du 7 juillet 2016, contre la présence de la consule à l’Opéra Comédie.
[1] http://www.ism-france.org/analyses/L-exceptionnalisme-d-Israel-Normaliser-l-anormal-article-16485
[1] http://www.ism-france.org/analyses/L-exceptionnalisme-d-Israel-Normaliser-l-anormal-article-16485
[2] PACBI : Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel
[3] BNC : Comité National Palestinien du BDS