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02/05/11

De nouvelles barrières tombent

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Vendredi 24 septembre 2010 – Une femme palestinienne interpelle des soldats israéliens lors d’une manifestation contre le mur d’apartheid dans le village de Bil’in en Cisjordanie près de Ramallah – Photo : AP/ Majdi Mohammed

Selon le militant palestinien Omar Barghouti : « Il nous arrive enfin aujourd’hui ce qui est arrivé en Afrique du Sud. » « La version israélienne de l’apartheid est plus sophistiquée que celle de l’Afrique du Sud. Sa forme a évolué ; en Afrique du Sud, le plan général était d’exploiter les noirs, pas de les mettre dehors » explique Barghouti dans son dernier ouvrage « BDS : La lutte mondiale pour les droits des Palestiniens ».

La prise de conscience de la vraie nature de la politique israélienne envers les Palestiniens a amené le légendaire chanteur de folk juif américain Pete Seeger à s’exprimer en faveur du BDS. Seeger, qui a 92 ans, avait l’habitude de participer au rallye annuel virtuel de l’institut Arava « Ensemble et avec la terre » mais derrière Arava il y a le Fonds National Juif qui est responsable de la destruction des terres palestiniennes pour y construire des forêts qui dissimulent leurs crimes. Seeger se rend maintenant compte qu’Arava est en réalité un acteur discret de la campagne pour « redorer l’image d’Israël ». Il a déclaré : « Maintenant que j’en sais davantage, je soutiens le mouvement BDS autant que je peux. » Seeger donne depuis longtemps les droits d’auteur de la célèbre chanson de 1960 inspirée de la bible « Turn, turn, turn » (tourne, tourne, tourne) au Comité israélien contre la démolition des maisons palestiniennes pour les aider à rebâtir les maisons détruites et à révéler au grand jour la manière dont Israël force les Palestiniens à quitter leur terre pour construire des villes et des villages juifs.

Avant la Semaine de l’Apartheid Israélien (IAW) l’organisation de Ramallah “Stop the Wall Campaign” et le collectif médiatique “It’s Apartheid” ont annoncé en février les noms des gagnants du premier concours de courts-métrages sur l’apartheid israélien. On peut voir les films qui ont remporté les prix “Apartheid Road” (la route de l’apartheid), “Ali Wall” (le mur d’Ali) et “Confronting the Wall » (la contestation contre le mur) sur itisapartheid.info. L’histoire d’Ali Al-Jadar est spécialement touchante ; cet adolescent sans expérience de 16 ans, a construit une échelle et a planté un drapeau palestinien sur le haut du mur près de chez lui. L’armée israélienne est venue l’arrêter en pleine nuit, l’a torturé et l’a condamné à huit ans de prison, mais par chance il a été libéré deux ans plus tard à la faveur d’un échange de prisonniers. Il est l’un des milliers d’humbles héros qui inspirent les militants de IAW du monde entier.

A Beyrouth, le militant anti-apartheid sud africain Salim Vally a fourni un aperçu de la lutte sud africaine de l’intérieur. La militante libanaise Rania Masri a décrit le boycott comme étant un moyen d’action contre le néo-libéralisme local et mondial. L’icône palestinienne des combattants pour la Paix, Leila Khaled, a fait le lien entre les objectifs de IAW et les révoltes anti-gouvernementales actuelles du monde arabe qui sont dominées par des mouvements sociaux pour la justice et l’autodétermination.

Les universités de l’Ontario se sont rassemblées pour rédiger une pétition signée par 140 universitaires qui appellent à cesser d’investir dans les firmes BAE Systems, Northrop Grumman, Hewlett Packard et Lockheed qui fournissent toutes des technologies militaires et/ou de renseignements qui aident Israël à violer le droit international.

Un des événements les plus spectaculaires organisés dans le cadre de l’IAW a été d’ériger un faux mur par les étudiants de la section de l’Arizona des Voix Juives pour la Paix (JVP) de l’université de l’Arizona et le groupe de l’université de l’Arizona qui défend les droits des immigrants : No mas muerte/No more deaths (plus de morts) Ce faux mur d’apartheid au milieu de campus de l’université d’Arizona à Tucson  établissait un parallèle entre le mur construit entre le Mexique et les USA et le mur israélien d’apartheid. « Les gens souffrent et meurent à cause de la politique abominable que mène le gouvernement des USA avec l’argent des contribuables. » a remarqué l’étudiant d’origine mexicano-juive qui coordonne les Voix Juives pour la Paix, Gabriel Matthew Schivone. Les restes de plus de 6 000 Mexicains en quête d’une vie meilleure ont été retrouvés à la frontière entre les USA et le Mexique au cours des 20 dernières années. « Nous ne supporterons pas sans rien faire ni rien dire les épouvantables souffrances infligées à des minorités que ce soit dans nos déserts et nos villes d’Amérique ou dans la Palestine occupée par les Israéliens à 15 000 kilomètres de chez nous. Notre mur symbolise notre volonté collective de mettre fin à l’apartheid mondial et à oeuvrer pour un monde meilleur où chacun sera traité avec justice. »

L’année dernière, le Hampshire College du Massachusetts, la première université a avoir cessé toute collaboration avec l’Afrique du Sud en 1979, a été aussi la première à se désolidariser de l’occupation israélienne après la Semaine d’Action Consciente contre le Racisme organisée en 2008. Comme en Arizona, les étudiants ont construit un faux mur, distribué au hasard des passeports palestiniens et israéliens aux étudiants et quand ils essayaient de passer de l’autre côté ils étaient traités comme ils l’auraient été en Israël. Comme à Toronto ils ont lancé une pétition pour demander l’arrêt des investissements dans les firmes qui soutiennent l’apartheid israélien. Cela a permis à Will Delphia, un étudiant du Hampshire College de faire ses débuts comme producteur de films en réalisant un documentaire de 30 minutes « To Know is Not Enough » (Il n’est pas suffisant de savoir). Les étudiants du mouvement Hampshire pour la Justice en Palestine lui ont fourni le matériel historique sur la Palestine et il a utilisé des extraits des journaux télévisés ou autres médias et des interviews de personnalités concernées. L’administration de l’université n’a jamais admis qu’elle avait cessé toute collaboration avec Israël à cause de l’apartheid, mais comme le dit un étudiant dans le film « l’administration a cessé toute collaboration. Toutefois l’administration ne représente pas l’université. Ce sont les étudiants, le personnel et la communauté qui la représentent. Et nous nous ajoutons la déclaration officielle de principe à l’action proprement dite. »

L’université de Johannesburg a fait un pas de plus en devenant la première université sud africaine à mettre en place un boycott académique d’une université israélienne, l’université de Ben-Gurion. L’université de Johannesburg est arrivée à la conclusion qu’il existe « des preuves significatives que l’université de Ben-Gurion à travers des programmes de recherche et d’autres contributions assiste les forces militaires et armées israéliennes en particulier dans son occupation de Gaza. » L’évêque Desmond Tutu a déclaré : « Les Palestiniens ont choisi, comme nous l’avions fait, le moyen de pression non violent du Boycott, Désinvestissement et Sanctions. Les universités d’Afrique du Sud avec leur longue histoire complexe de soutien et de résistance à l’apartheid sont les mieux placées pour apprécier la valeur de la résistance non violente. »

Europalestine organise des actions de boycott fréquentes et spectaculaires que le lobby israélien européen et le gouvernement français tentent sans relâche d’empêcher en poursuivant ses membres en justice. 200 militants viennent de finir une tournée de 15 villes de France et on peut voit la vidéo de ce documentaire sur leur site. L’organisation a l’intention d’amener des milliers de personnes à Jérusalem Est et en Cisjordanie du 8 au 16 juillet pour la Marche de la Liberté de Gaza et ce sont les Palestiniens qui hébergeront leurs supporters étrangers.

L’événement le plus important inspiré par le BDS de 2011 aura lieu pour l’anniversaire de la tragique attaque du Mavi Marmara par les Israéliens en mai dernier ; 12 navires transportant de l’aide humanitaire et un millier de militants de la paix se dirigera vers Gaza. L’ambassadeur d’Israël en Turquie, Gaby Levy, a demandé au gouvernement turque d’arrêter les militants mais il lui a été répondu que la flottille « était une initiative de la société civile. » L’ambassadeur israélien à l’ONU Meron Reuben a qualifié les militants de « terroristes » qui ont « l’intention de devenir des martyrs. » Un des « terroristes », le colonel étasunien à la retraite Ann Wright, a affirmé : « Les menaces ne nous empêcheront pas absolument pas de prendre la mer. »

Le courage dont les Palestiniens ont fait preuve au cours des 60 dernières années d’occupation brutale se transmet maintenant aux citoyens du monde qui ont une conscience. Il semble que le siège de Gaza sera finalement brisé en juin avec la flottille et la promesse de l’Egypte d’ouvrir sa frontière avec Gaza avant qu’en juillet n’arrivent des milliers de militants supplémentaires à l’aéroport de Ben Gourion déterminés à prendre leurs frères et soeurs palestiniens dans leurs bras.

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* Eric Walberg est un journaliste qui a travaillé en Ouzbékistan et qui écrit actuellement pour l’hebdomadaire Al-Ahram au Caire.

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=10544

Du même auteur :

- BDS 2010 : plus puissant que l’épée – Moyen-Orient en ligne
- Des nouvelles du BDS : deux actions anti-Apartheid sous le nom de la Hague – Dissident Voice
- Boycotter l’apartheid – Al-Ahram/Weekly
- Afghanistan : triangulation ou strangulation ? – Al-Ahram/Weekly
- Crise du Caucase : une diplomatie en ruines – Al-Ahram/Weekly
- Guerre à la carte – Al-Ahram/Weekly

28 avril 2011 – CounterPunch – Pour consulter l’original :
http://dissidentvoice.org/2011/04/b…
Traduction : Dominique Muselet