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21/10/24

Les Palestinien·nes appellent au boycott du symposium normalisant la « guérison » qui nuit à la lutte pour la liberté, la justice et l’égalité réelles.

Le symposium organisé par ReSource au Burren College of Art en Irlande franchit le piquet de grève palestinien, exacerbe le traumatisme collectif palestinien et viole les directives anti-normalisation palestiniennes.

La Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI) – membre fondateur du Comité National Palestinien BDS (BNC), la plus grande entité de la société palestinienne qui dirige le mouvement mondial BDS – a envoyé cette lettre à ReSource le 24 septembre. Depuis cette date, le nombre de Palestinien·nes tué·es par Israël à Gaza est passé à plus de 42 000 et le nombre de blessé·es à au moins 99 000. Considérant que ReSource insiste toujours pour franchir le piquet de grève palestinien, nous appelons nos sympathisant·es en Irlande et les étudiants du Burren College of Art à boycotter le symposium organisé par ReSource, Towards Cultures of Healing & Seeing with New Eyes : Making Trauma Visible (Vers des cultures de guérison et un regard neuf : rendre les traumatismes visibles), qui se tiendra du 23 au 26 octobre.

À : ReSource au Burren College of Art

Nous vous écrivons de la part de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI) pour vous demander d’annuler le symposium organisé par votre institution, Towards Cultures of Healing & Seeing with New Eyes : Making Trauma Visible, qui se tiendra du 23 au 26 octobre. Comme prévu, et particulièrement à la lumière du génocide israélien en cours contre 2,3 millions de Palestinien·nes dans la bande de Gaza occupée et assiégée, ce symposium franchit le piquet de grève palestinien, nuit à des décennies de lutte palestinienne pour une liberté, une justice et une égalité réelles, et exacerbe le traumatisme collectif palestinien.

L’invitation et les informations générales que vous avez fournies sur cet événement soulèvent de nombreuses questions qui sont en violation des lignes directrices de normalisation adoptées par consensus par le Comité National Palestinien BDS (BNC), la plus large coalition de la société civile palestinienne qui dirige le mouvement BDS mondial. En voici la définition :

La normalisation est la participation à tout projet, initiative ou activité, local ou international, qui rassemble (sur la même « plateforme ») des Palestinien·nes (et/ou des Arabes) et des Israélien·nes (individus ou institutions) et qui ne remplit pas les deux conditions suivantes :

  1. La partie israélienne reconnaît publiquement les droits inaliénables du peuple palestinien affirmés par l’ONU, qui sont énoncés dans l’appel BDS de 2005.
  2. L’activité conjointe constitue une forme de co-résistance contre le régime israélien d’occupation, de colonisation et d’apartheid.

Votre symposium, tel qu’il se présente, est formulé d’une manière qui crée une fausse prémisse de symétrie/parité entre les oppresseur·ses et les opprimé·es, et suppose que les colonisateur·rices et les colonisé·es sont tou·tes deux également responsables du « conflit ». Nous pensons que cette formulation peut être considérée comme une tentative éthiquement malhonnête de préserver le statu quo illégal, plutôt que de contribuer à le remettre en question.

En juillet dernier, la Cour Internationale de Justice a statué que l’occupation par Israël de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, était illégale et que ce pays pratiquait l’apartheid à l’encontre des Palestinien·nes. Il y a un consensus virtuel dans la communauté internationale des droits humains, dont font parties des expert·es des Nations Unies et Amnesty International, à dire qu’Israël est coupable d’apartheid.

Le peuple irlandais, qui a une longue histoire de résistance au colonialisme et à l’oppression, est peut-être le plus compréhensif et le plus favorable à la lutte de libération palestinienne en Europe. Les Irlandais·es comprennent que la domination coloniale n’est pas un « conflit » mais un ordre oppressif auquel il faut résister et qu’il faut démanteler, sans l’aseptiser ni l’occulter.

Le génocide israélien diffusé en direct a tué plus de 41 000 Palestinien·nes et en a blessé plus de 95 000, en a déplacé plus de deux millions et a provoqué la famine chez des centaines de milliers d’entre eux. Dans ce contexte, nous pensons que l’accent mis par le symposium sur les traumatismes, la guérison et la construction de la paix, sans même mentionner la justice, et encore moins la cause profonde du problème, à savoir l’occupation israélienne vieille de 76 ans, le colonialisme de peuplement et le régime d’apartheid, est une tentative à peine voilée de blanchir le génocide israélien et l’apartheid sous-jacent.

Les Palestinien·nes ont été encouragé·es par les immenses mobilisations en Irlande qui ont vu des centaines de milliers de personnes descendre dans la rue, mois après mois, pour exiger du gouvernement irlandais qu’il agisse. Nous avons vu le gouvernement irlandais répondre partiellement à cette pression, notamment en étant le premier gouvernement de l’UE à appeler à un cessez-le-feu, à interdire à Israël de participer à des appels d’offres pour des contrats militaires et à se désengager des banques israéliennes. Plus récemment, nous avons vu la Gaelic Athletic Association (GAA) annuler un sommet de haut niveau organisé par Red Hat, facilitateur de génocide, qui devait se tenir à Croke Park. Nous savons que le public irlandais est solidaire de la Palestine – nous vous demandons de faire de même.

Si vous n’êtes pas en mesure de vous solidariser avec la lutte palestinienne pour l’émancipation et la justice, faites au moins en sorte de ne pas nuire à notre combat. Annulez ce symposium traumatisant et contraire à l’éthique.

Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI)

Traduit de l’article de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI).