Appel au boycott de Chevron et Siemens

Le Comité national palestinien BDS (BNC), la plus grande coalition palestinienne à la tête du mouvement mondial de boycott, désinvestissement et sanctions, appelle les défenseurs des droits des Palestiniens du monde entier à se joindre aux mouvements de justice climatique pour demander des comptes à la multinationale américaine de combustibles fossiles Chevron et au conglomérat allemand Siemens, qui contribuent à alimenter la destruction de l’environnement et l’apartheid israélien.

Chevron est le principal acteur international qui extrait le gaz revendiqué par Israël en Méditerranée orientale depuis qu’il a acquis Noble Energy en 2020. Avec ses activités d’extraction, Chevron est impliqué dans la politique et la pratique d’Israël visant à priver le peuple palestinien de son droit à la souveraineté sur ses ressources naturelles. Chevron est potentiellement complice du pillage par Israël des réserves de gaz palestiniennes au large des côtes de la bande de Gaza occupée, un crime de guerre au regard du droit international.

Chevron est également complice du siège illégal de Gaza par Israël qui empêche les Palestiniens d’accéder à la mer. Cela inclut le transfert illégal par Israël du gaz fossile extrait vers l’Égypte, par le biais d’un gazoduc sous-marin traversant la ZEE palestinienne de Gaza, et qui doit aux Palestiniens des millions de dollars en frais de transit. De plus, le blocus maritime qu’Israël impose par une violence brutale et meurtrière, a particulièrement touché des milliers de familles palestiniennes qui dépendent de la pêche pour leur subsistance.

Chevron rapporte à Israël des milliards de dollars de revenus, contribuant à renforcer son trésor de guerre et son régime d’apartheid, de colonialisme de peuplement et d’occupation militaire. 

Les réserves de gaz fossile revendiquées par Israël sont faibles par rapport à celles de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Elles sont également situées en Méditerranée orientale, où les litiges relatifs aux frontières maritimes entre Israël, l’État de Palestine sous occupation israélienne, le Liban, Chypre, la Grèce et la Turquie entraînent un risque élevé de conflit armé. Néanmoins, grâce à la complicité de Chevron, le régime d’apartheid israélien s’est empressé de s’établir en tant qu’exportateur d’énergie – minuscule de surcroît – vers l’Europe, espérant que l’intégration au marché européen de l’énergie ne se traduirait pas seulement par des avantages économiques, mais l’aiderait aussi à échapper à l’obligation de rendre des comptes pour son système d’apartheid et son annexion, sa colonisation et son exploitation illégales des terres et des ressources naturelles palestiniennes.

La société civile palestinienne, représentée au sein du BNC, appelle les défenseurs des droits des Palestiniens dans le monde entier à construire et à renforcer des partenariats intersectionnels avec le mouvement pour la justice climatique et les nombreuses communautés et peuples autochtones du monde entier qui dénoncent et résistent à la violence coloniale de l’extractivisme de Chevron, à la destruction de l’environnement et aux graves violations des droits humains.

Le gaz fossile est un ennemi de l’environnement. Selon les scientifiques, le méthane – principal composant du gaz fossile – a un impact sur l’atmosphère qui est 86 fois pire que celui du dioxyde de carbone si on calcule sur une période de 20 ans, c’est-à-dire le temps disponible pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et prévenir d’autres catastrophes climatiques. Au moins 25 % du réchauffement climatique actuel est dû au méthane produit par les activités humaines. Le transport du gaz, par gazoduc ou sous forme liquéfiée, contribue lui-même fortement au changement climatique, car il implique des fuites de gaz, également appelées évents. Contrairement à ce que prétend la propagande du lobby des énergies fossiles, le gaz n’est pas un combustible « de transition » ; c’est le combustible utilisé par les multinationales cupides pour conserver leurs profits et leur influence tout en dévastant les écosystèmes et le climat.

Siemens a remporté l’appel d’offres pour la construction de l‘EuroAsia Interconnector, un câble électrique sous-marin reliant Israël à la Grèce via Chypre, qui connectera le réseau électrique d’Israël, pays de l’apartheid, à celui de l’UE et lui permettra d’exporter vers l’Europe de l’électricité produite à partir de gaz fossiles.

Comme l’explique le Conseil des organisations palestiniennes des droits de l’homme (PHROC), si l’EuroAsia Interconnector est mis en œuvre comme prévu, il contribuera au maintien et à l’expansion de l’entreprise de colonisation illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Le partenaire israélien du projet, l’entreprise publique Israel Electricity Corporation (IEC), produira et transmettra de l’électricité par l’intermédiaire de l’interconnecteur à partir de son réseau électrique national qui comprend – et annexe de facto – les colonies illégales. Étant donné que ces colonies constituent un crime de guerre et ont été condamnées comme étant une violation flagrante du droit international dans des résolutions de l’ONU et de l’UE, l’UE et Siemens violent leurs obligations respectives en matière de droit international humanitaire et de droits de l’homme, en promouvant et en finançant ce projet et en construisant le projet Interconnector.

En outre, Siemens a été complice de l’apartheid israélien et du colonialisme de peuplement, principalement en faisant des affaires avec les autorités israéliennes dans le domaine du transport, du trafic et du contrôle de la population à Jérusalem-Est occupée et dans les colonies israéliennes illégales.

Nous dénonçons la complicité de l’Union européenne dans le soutien et la protection de la responsabilité du régime d’oppression d’Israël à l’encontre les Palestiniens. Profitant du greenwashing de l’UE sur le gaz fossile, prétendument moins polluant que le pétrole ou le charbon, une affirmation qui a été démasquée comme fausse par des experts indépendants, Israël a rejoint Chypre et la Grèce en tant que partie au pipeline EastMed, dans lequel Chevron est impliqué, et à l’EuroAsia Interconnector, que Siemens prévoit de construire. Ces deux projets basés sur le gaz fossile ont été promus et parrainés par l’UE. De sérieux doutes quant à la faisabilité du gazoduc EastMed rendent le projet moins susceptible de constituer une alternative viable au gaz russe. Néanmoins, une partie du gaz extrait pour Israël par Chevron est actuellement pompée vers l’Égypte et exportée vers l’Europe dans le cadre des expéditions égyptiennes de gaz naturel liquéfié (GNL). L’EuroAsia Interconnector pourrait bientôt entrer en phase de construction après avoir reçu une part importante de son financement de l’UE.

À la lumière de ce qui précède, nous appelons à :

– Des boycotts mondiaux des consommateurs et des campagnes de désinvestissement contre Siemens jusqu’à ce que l’entreprise mette fin à son engagement commercial dans l’EuroAsia Interconnector qui permet la colonisation illégale d’Israël et son système d’apartheid – un crime contre l’humanité.

– L’exclusion de Siemens des contrats et investissements publics et privés jusqu’à ce que l’entreprise se retire du projet, mettant fin à sa complicité avec les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité d’Israël.

– Le désinvestissement de Chevron et des autres entreprises de combustibles fossiles qui alimentent l’urgence climatique et l’apartheid israélien. 

– Soutenir des campagnes pour la justice environnementale qui ciblent les géants de l’énergie fossile tels que Chevron, qui sont parmi les plus responsables de l’urgence climatique dans laquelle nous vivons tous.

– Soutenir la campagne internationale contre le pipeline Eastmed, un projet dangereux pour le climat, l’environnement et la paix juste dans la région.

Ensemble, faisons payer le prix fort à Chevron et Siemens pour leur contribution à l’alimentation du changement climatique et de l’apartheid israélien !