L’antisémitisme
Aujourd’hui, l’antisémitisme n’a pas disparu, mais il reste essentiellement lié à l’extrême droite qui nie ou minimise l’ampleur du génocide. Quant à ceux qui voient l’antisémitisme partout, ils sont étrangement discrets pour condamner le racisme anti-arabe en Israël, ou même en France (on se souvient du président du CRIF osant dire que Le Pen au deuxième tour était un bon avertissement pour les musulmans).
Depuis des décennies, le peuple palestinien paie pour des crimes qu’il n’a pas commis: l’antisémitisme et le génocide nazi. De même, notre initiative de boycott des institutions israéliennes est assimilée à tort au boycott que les Nazis exerçaient en Allemagne contre les produits juifs dans les années 1930. Alors que le boycott des Nazis était utilisé par un gouvernement totalitaire contre une minorité opprimée, le nôtre est, à l’opposé, celui d’individus qui luttent contre des institutions étatiques, dans l’esprit du mouvement citoyen anti Apartheid dans les années 1980.
Quelques définitions
Nous n’hésiterons pas à réitérer inlassablement nos arguments pour faire cesser ce chantage honteux à l’antisémitisme, car toute manifestation d’antisémitisme serait non seulement immorale, mais elle ternirait également la cause palestinienne. Répétons, puisque cela semble encore nécessaire, que la distinction entre ces termes est indispensable.:
– « Juif » est un membre de populations qui ont une communauté de destin liée à la religion juive (« Israélite » est le nom donné par Napoléon à la religion juive). L’antisémitisme est le racisme particulier qui s’attaque aux individus supposés de « race sémite ». En pratique, c’est le racisme qui s’attaque aux Juifs, en raison de leur appartenance à la religion juive.
– « Sioniste » est l’adepte d’une idéologie, le sionisme, qui affirme que les Juifs ont des droits imprescriptibles sur «la terre de leurs ancêtres», en Israël. Le projet sioniste consiste donc à faire venir les Juifs du monde entier en Palestine, désignée comme une «terre sans peuple pour un peuple sans terre», niant par là-même l’existence du peuple Palestinien. L’antisionisme est la posture intellectuelle qui s’oppose à cette idéologie et à ses conséquences pratiques, pas aux individus.
– « Israélien » est un citoyen de l’Etat d’Israël. Tous les Israéliens ne sont pas juifs, ni sionistes, puisque 20% d’entre eux sont des Palestiniens, musulmans ou chrétiens.
La guerre au Proche-Orient n’est ni raciale, ni religieuse, ni communautaire. La religion des individus et même, dans une certaine mesure, leur idéologie nous importe peu et mérite d’être protégée au titre de la liberté de conscience. Ce qui nous motive est la défense de la justice, du droit international et, en particulier, des droits des Palestiniens. Ceux ci ne sont pas opprimés par « les Juifs » mais par un Etat, l’Etat d’Israël, qui s’autoproclame « L’Etat des Juifs » au nom d’une idéologie (le sionisme) et qui discrimine les non-juifs. Notre combat quotidien se dirige à l’encontre des méfaits de l’Etat d’Israël (la colonisation, l’occupation, les discriminations…) pas à l’encontre des Juifs. D’ailleurs, de nombreux juifs participent à la campagne de BDS contre l’Etat d’Israël. D’un point de vue théorique, nous luttons contre toutes les idéologies qui justifient les crimes commis par l’Etat d’Israël, qu’elles soient colonialistes, impérialistes ou racistes. En particulier, nous tentons de démystifier le sionisme qui est la base idéologique de l’Etat d’Israël.
Israël, une colonie comme une autre ?
En Palestine comme en Amérique du Nord, les colons ont justifié leur entreprise en prétendant peupler une « terre sans peuple ».
Comme dans toute entreprise coloniale, la population autochtone est qualifiée de rétrograde, pour montrer qu’elle bénéficie grandement de la colonisation. Sa religion, en particulier, est toujours dépréciée, au profit d’une religion civilisatrice occidentale. La puissance coloniale use de fréquentes métaphores animales pour qualifier les autochtones et justifier les traitements inhumains qu’elle leur inflige, en particulier les punitions collectives. La population autochtone est également qualifiée de violente, pour mieux justifier la violence qu’on lui fait subir, au nom de la guerre contre le terrorisme, depuis l’Algérie française jusqu’aux Palestiniens.
La puissance coloniale s’efforce de financer et d’armer des factions internes pour diviser les colonisés. Les Palestiniens ont longtemps resisté à ces divisions internes, mais elles commencent à voir le jour et on ne compte plus les preuves de l’implication israélienne dans ce processus. Enfin, en Palestine comme en Afrique du Sud ou en Amérique du Nord, la puissance coloniale met souvent en place des « réserves » ou des Bantoustans sur des territoires minuscules aux frontières arbitraires et mouvantes, entre lesquelles il est difficile de circuler et sur lesquelles les autochtones ont des droits limités.
En Palestine comme en Algérie ou en Afrique du Sud, la lutte contre la colonisation est un devoir moral qui finira par porter ses fruits.