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19/02/11

A propos des « documents Palestine », le BNC communique

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Communiqué du BNC, Comité National palestinien du Boycott

Avec le changement révolutionnaire qui traverse le monde arabe et érode le pouvoir d’Israël dans la région, BDS est devenu une stratégie clé du peuple palestinien s’inscrivant dans une lutte globale afin d’une part, de faire en sorte qu’Israël rende des comptes et d’autre part, d’affirmer nos droits inaliénables au regard du droit international.

Palestine occupée, 17 février 2011.

La récente révélation publique de nombreux documents liés au « processus de paix » sponsorisé par les USA – entre Israël et les responsables Palestiniens a fourni une preuve solide, s’il en était besoin, non seulement de l’empressement des « négociateurs » Palestiniens non-représentatifs à sacrifier les droits palestiniens fondamentaux, mais aussi du « rejectionnisme » et du refus d’Israël de négocier ne serait-ce qu’une paix injuste et non durable.

Les documents fuités révèlent également les pressions directes utilisées par les «médiateurs de paix» afin d’obliger les officiels Palestiniens – non élus – à servir le programme expansionniste et colonial d’Israël en renonçant aux droits du peuple palestinien consacrés par les Nations Unies. Il est maintenant évident que les soi-disant négociations n’ont jamais été basées sur les principes du droit international et des droits humains et qu’ils n’ont jamais eu pour objet une paix juste.

Avec des révolutions populaires qui recueillent un succès dans la région, particulièrement en Egypte, contre des régimes despotiques qui furent profondément impliqués dans la protection d’Israël et la complicité avec ses crimes de guerre et de ses crimes contre l’humanité, la puissance d’impunité, d’intimidation et de ‘dissuasion’ d’Israël, ainsi que sa capacité à maintenir l’occupation, la colonisation et l’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ont été considérablement affaiblies. La vitesse foudroyante à laquelle la démocratisation et la liberté sont en train de s’emparer de la Tunisie, de l’Egypte et d’autres Etats arabes dirigés par des régimes autoritaires renforcera sans aucun doute la résistance populaire palestinienne, y compris le mouvement de boycott, comme jamais auparavant.

A la lumière de ces événements radicaux dans la région, le Comité national palestinien pour le Boycott, Désinvestissement et Sanctions appelle les personnes de conscience à travers le monde à considérer ces documents (les «documents Palestine ») comme le dernier clou du cercueil du soi-disant « processus de paix ». Nous exhortons la société civile internationale et les citoyens du monde qui s’impliquent à redoubler d’efforts dans leur soutien à l’alternative la plus cohérente éthiquement et la plus efficace qui soit : une stratégie pleine de dignité, basée sur les droits pour une paix juste, en particulier la campagne internationale pour le Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) menée par la société civile palestinienne à la tête contre Israël jusqu’à ce que ce dernier se conforme au droit international et respecte les droits inaliénables du peuple palestinien.

Les documents publiés récemment contiennent des protocoles, des cartes et des correspondances issus de presque 10 années de négociations politiques incluant les réunions directes entre les délégations palestinienne et israélienne, les pourparlers préparatoires avec les officiels américains et les résumés de nombreuses réunions dans lesquelles les parties officielles ou non-officielles américaine et européenne exercent des pressions sur des homologues palestiniens apparemment dociles. Une série de documents issus des réunions préparatoires de la toute dernière série de sommets pour la paix – qui ont tous échoué – (la conférence d’Annapolis en 2007) illustre, documents à l’appui, d’une part, le rejet d’Israël d’une plateforme commune basée sur le modèle traditionnel de deux Etats pour la paix, c’est-à-dire un Etat palestinien à côté d’Israël ; d’autre part les efforts persistants du Premier Ministre de l’époque, Tzipi Livni, pour arracher aux négociateurs Palestiniens la reconnaissance du concept raciste « d’Etat Juif ». Ces derniers ont refusé de se plier à cette injonction. Les mots de Livni « Je suis avocate…mais je m’oppose au droit – au droit international en particulier. Au droit en général » [1] prononcés au cours d’une session de négociations illustrent le mépris israélien pour le droit international et le peu de cas témoigné pour les droits palestiniens.

Alors que les «documents Palestine » n’ont pas révélé d’informations majeures qui ne fussent déjà connues des observateurs Palestiniens et internationaux avertis, ils ont dépeint une image détaillée d’un processus de négociations caractérisées par le non-respect des standards éthiques et légaux, dénuées de tout sens des responsabilités (notamment du côté palestinien), et plombées par la mauvaise grâce flagrante des acteurs internationaux pour s’attaquer aux obstacles réels à une paix juste, à savoir la pratique continue de l’apartheid, la colonisation et l’occupation par Israël.

En résumé, les «documents Palestine » offrent un aperçu de la réalité de 20 années de fabrication de la « paix » qui ont échoué parce que les Américains et le Quartet, en tant que médiateurs, ont ignoré ce que les Nations Unies ont reconnu au moins depuis 1974, à savoir que l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à l’auto-détermination, à l’indépendance et la souveraineté, ainsi que le retour des réfugiés Palestiniens dans leurs foyers et sur leurs propriétés desquels ils furent déracinés constituent les pré-requis essentiels pour atteindre une paix juste (Résolution 3236 de l’Assemblée Générale des Nations Unies). En d’autres termes, il faut mettre fin au système d’oppression à trois niveaux mis en place par Israël avant que de véritables négociations de paix puissent aboutir. Les pourparlers de paix devraient avoir pour conditions préalables la reconnaissance par toutes les parties du caractère applicable des préceptes appropriés relevant du droit international, des principes des droits humains et des droits inaliénables du peuple autochtone palestinien, et parmi ces droits, le droit suprême à l’auto-détermination. Les négociations pourront alors se concentrer sur les modalités et les chronologies de l’application du droit international, et non sur la question de la reconnaissance ou non de ce droit comme référence.

La campagne BDS contre Israël présente une alternative stratégique sur cette base. Guidée par l’appel du BDS de 2005, la société civile palestinienne, à la tête de la campagne internationale BDS, se concentre sur l’ensemble des droits du peuple palestinien et s’efforce d’y parvenir par le démantèlement du régime discriminatoire et oppressif d’Israël à l’encontre de tout le peuple palestinien. L’appel BDS met plus spécifiquement en lumière les trois droits élémentaires qui constituent les exigences minimales du peuple palestinien à exercer son droit à l’auto-détermination : mettre fin à l’occupation et à la colonisation qui perdurent depuis 1967 ; mettre fin au système institutionnalisé et légalisé de discrimination raciale à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël ; reconnaître et appliquer le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers d’origine et à percevoir des réparations. C’est sur ces seules bases qu’une paix complète et durable pourra être édifiée.

Depuis plus de six décennies, les citoyens Palestiniens d’Israël ont été confrontés à un système de discrimination inscrit au coeur de la loi. Ce système est maintenant encore plus enraciné du fait d’un train de nouvelles lois destinées à saper les droits des Palestiniens dans tous les domaines de la vie [2]. En ce moment crucial, l’exigence que ces 1,3 millions de citoyens Palestiniens d’Israël, qui représentent un cinquième de la population d’Israël, puissent jouir d’une complète égalité, est plus importante que jamais. Toute proposition pour une paix juste doit inscrire cette exigence élémentaire pour l’égalité.

Concernant les réfugiés, à la fin de l’année 2008, ils étaient au moins 7,1 millions de Palestiniens déplacés, représentant 67% de toute la population palestinienne (10,6 millions) à travers le monde. Parmi eux, il y avait au moins 6,6 millions de réfugiés et 427 000 personnes déplacées à l’intérieur [d’Israël] [3]. Le déni du droit au retour de ces réfugiés a été décrit par le professeur John Dugard, ancien rapporteur spécial aux Nations Unies pour les Droits Humains dans les Territoires Palestiniens Occupés, comme étant « peut-être la plus grande injustice commise après la Seconde Guerre Mondiale, et certainement celle qui dure depuis le plus longtemps ». Le droit au retour est au coeur de la question de la Palestine.

Enracinée dans un siècle de lutte palestinienne populaire et non-violente contre le colonialisme de peuplement puis -par la suite- contre la dépossession et l’apartheid, et largement inspirée par la lutte héroïque contre l’apartheid en Afrique du Sud, la campagne BDS pour les droits palestiniens a remporté des succès majeurs depuis son lancement il y a moins de six ans, confirmant ainsi le bien-fondé de son approche basée sur le droit. Deux événements récents attestent de la façon spectaculaire dont croît l’influence de la Campagne. Il y a quelques semaines, 155 universitaires israéliens, dont des lauréats du prix Israël, ont appelé au boycott de l’établissement universitaire d’Ariel en raison de son emplacement sur les terres palestiniennes occupées, et ce, en violation du droit international [4]. A peu près au même moment, les Fédérations Juives d’Amérique du Nord ont annoncé la levée d’un fond de 6 millions de dollars pour contrer BDS et d’autres actions accusées de promouvoir la « dé-légitimation » d’Israël [5]. Ces deux exemples, combinés au fait que de hauts officiels israéliens qualifient BDS de « menace stratégique », montrent que le mouvement BDS, dont la branche israélienne est vive et grandissante, suscite au sein de l’establishment israélien la crainte de devenir le paria du monde comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud à une période. L’action visible et efficace de BDS est en train de remporter de véritables victoires contre l’apartheid israélien ainsi que contre ses institutions complices. BDS crée à son tour un défi au consensus colonial existant au sein de la société israélienne.

En réponse à la publication des «Documents Palestine », le Comité national palestinien BDS réaffirme le caractère central de la reconnaissance et de la mise en application de l’ensemble des droits de tous les Palestiniens et le besoin d’alternatives crédibles, en particulier celle du Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël jusqu’à ce que ce dernier se soumette à ses obligations au regard du droit international et respecte les droits palestiniens. Comme l’a dit l’archevêque Desmond Tutu, « Ramasser des miettes de compassion jetées de la table de celui qui se considère comme mon maître ne m’intéresse pas. Je veux tous les droits qui sont au menu. » [6]

Le BNC


[1] http://transparency.aljazeera.net/document/2003

[2] http://www.old-adalah.org/newsletter/eng/nov10/docs/ndl.doc and http://www.old-adalah.org/eng/

[3]http://www.badil.org/index.php?page=shop.product_details&flypage=garden_flypage.tpl&product_id=119&category_id=2&vmcchk=1&option=com_virtuemart&Itemid=4

[4] http://www.haaretz.com/print-edition/news/israel-prize-laureates-join-academic-boycott-of-settlement-university-1.335954

[5] http://www.jta.org/news/article/2010/10/24/2741418/jfna-and-jcpa-create-6-million-network-to-fight-delegitimization-of-israel

[6] http://www.tutufoundation-usa.org/exhibitions.html