Communiqué de la Campagne BDS France
Paris, le 17 décembre
La campagne BDS France -Boycott, Désinvestissement, Sanctions- a appris avec indignation les propos diffamatoires et mensongers tenus par le député Meyer Habib le 16 décembre dernier au cours de la session de questions au gouvernement. Cette rhétorique propagandiste permet à Manuel Valls de témoigner son « attachement partagé à l’Etat d’Israël » et de condamner fermement toutes les campagnes de boycott à l’égard d’Israël, décrites comme le paravent d’un « antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme ». Cet amalgame est donc proféré et confirmé au plus haut sommet de l’État.
Ne pouvant croire que M. Habib soit mal informé, nous ne pouvons que prendre acte de ses propos « La Campagne de boycott d’Israël dite BDS a pris des proportions alarmantes: une seule obsession : stigmatiser, exclure…(…) » et affirmer avec force qu’ils constituent un mensonge patent destiné à délégitimer la lutte contre la politique coloniale de l’État d’Israël, pour le respect du droit international et la reconnaissance des droits des palestiniens, en usant très exactement de l’amalgame que son auteur prétend condamner.
Quand à l’amalgame concernant la tuerie à l’Hypercacher, elle est particulièrement choquante et honteuse, quand on sait que la Campagne BDS est une campagne qui lutte aussi contre toute les formes de racisme et de haine, qu’il s’agisse de l’antisémitisme ou l’islamophobie, dont fait d’ailleurs preuve Meyer Habib quand il évoque sans la moindre contestation dans les rangs de l’hémicycle « une gangrène islamique en Europe ».
Nous mettons au défi quiconque de trouver une seule référence de notre campagne qui se situerait sur le terrain du racisme. Tout notre combat se construit précisément dans le cadre de la lutte contre tous les racismes. Il est aisé de le vérifier sur le site de la campagne BDS France, au paragraphe 3 de notre charte qui établit clairement :
« Notre action est éthique, citoyenne et politique.
Elle s’inscrit dans notre combat permanent contre toute forme de racisme.
Elle ne vise pas des personnes ou des groupes en raison de leur origine ou de leur religion juive, ni leurs entreprises ou leurs produits.
Nous faisons une différence évidente entre un produit israélien que nous boycottons, et un produit casher produit par une entreprise non israélienne que nous ne boycottons pas. Ce boycott ne vise pas la société israélienne ni les individus qui la composent, en tant que tels, il vise la politique coloniale d’occupation israélienne et ses partisans. »
Cette campagne internationale BDS, lancée par plus de 171 organisations de la société civile palestinienne s’inscrit dans la même logique que celle qui avait été menée contre l’Apartheid d’Afrique du Sud. Elle vise à faire pression sur le gouvernement israélien jusqu’à ce qu’Israël s’engage clairement à respecter le droit international, et mette fin à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid israélien.
Elle n’a rien «d’illégal », et ni les nombreuses instrumentalisations de la justice pour faire taire la liberté d’expression, ni les intimidations contre des militant-e-s anti-apartheid avec le soutien du gouvernement français ne pourront stopper la fulgurante progression de la Campagne BDS, outil citoyen et non violent pour la fin de l’apartheid israélien et pour la justice et la paix au Proche-Orient.
Malgré ces attaques qui voudraient nous faire taire et visent à criminaliser la solidarité avec le peuple palestinien, et ce au déni de la liberté d’expression, nous restons plus que jamais déterminé-e-s à poursuivre et amplifier notre combat contre l’apartheid israélien.
Quant à l’image de « l’unique démocratie de la région » qu’essaye de nous vanter Meyer Habib, elle est ternie par la situation d’apartheid que vivent les citoyens de seconde zone que sont les Palestiniens, et par les massacres répétés contre la population civile de Gaza, dont le dernier fait état de plus de 2200 Palestiniens assassinés, dont 550 enfants selon les Nations Unis.
Apparemment adepte de la théorie raciste du choc des civilisations qui oppose « nos valeurs » (sic) à la barbarie, Meyer Habib n’hésite pas à utiliser au sein même de l’assemblée nationale les propos des plus racistes et fanatiques colons israéliens utilisant les termes «Judée Samarie » pour faire référence aux territoires palestiniens occupés de Cisjordanie.
Même chose lorsqu’il se flatte qu’Israël soit un pays gay-friendly (ouvert aux gays), alors que ce même pays pratique le «Pinkwashing », c’est à dire qu’il instrumentalise la question queers à des fins nationalistes, tout en pratiquant une politique de répression et de chantage infâme en direction des LGBT palestiniens.
Alors que dans des pays comme la Grande-Bretagne, ce débat peut-être mené jusque dans l’enceinte du Parlement, que de plus en plus d’entreprises à travers le monde se désinvestissent d’Israël, les propos de Manuel Valls en réponse au fanatique Meyer Habib témoignent d’une volonté jusqu’au plus haut niveau de l’État de défendre coûte que coûte la politique israélienne, au prix de manipulations et atteinte à la libre opinion et expression.
Toutes ces manœuvres et tentatives de criminaliser le mouvement citoyen BDS ne pourront pas arrêter la détermination de millions de personnes, en France et à travers le monde à continuer à lutter sans relâche au côté du peuple palestinien pour la reconnaissance de ses droits légitimes, et pour le respect du droit international que nous devons exiger de tous. Elles n’empêcheront pas la Campagne BDS de continuer à progresser.
La Campagne BDS France
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